A la fois organisateur des tournois WTA de Lausanne et ATP de Gstaad et propriétaire de Neuchâtel Xamax, Jean-François Collet est doublement impacté par la pandémie du coronavirus. Dans une interview accordée à Keystone-ATS, il évoque tous les aléas auxquels il est désormais confronté.
Jean-François Collet, les tournois de Lausanne et de Gstaad doivent se dérouler au mois de juillet. Quelle est aujourd'hui la situation autour de ces deux tournois?
«Nous avons des contacts permanents avec la WTA et l'ATP. Une décision devrait tomber vers la mi-mai. Il faut donc être patient.»
Avez-vous un plan B?
«Non. Il faut que la WTA et l'ATP donnent leur feu vert si par bonheur la situation sanitaire permettra aux joueurs de voyager à nouveau. Nous devrons, par ailleurs, obtenir l'accord des autorités fédérales.»
Prévu juste avant le Swiss Open, le tournoi de beachvolley de Gstaad a été annulé. Un mauvais signe?
«Nous partageons avec le beachvolley le coût de l'aménagement du stade. Cette annulation nous pénalise. Mais, nous la comprenons et nous la respectons. Les organisateurs ont arrêté très tôt leur décision de concert avec la Fédération internationale.»
Quelles sont les chances que vos deux tournois se déroulent?
«Je ne suis pas très optimiste. Même si la pandémie est en passe d'être contrôlée, je doute que cela peut suffire pour autoriser la tenue d'événements sportifs en juillet.»
Quelles seraient pour vous les conséquences d'une annulation de ces deux tournois?
«Nous avons de la chance dans la mesure où nous n'avons pas encore engagé des frais pour les infrastructures. Mais il est clair que nous avons consenti à certains investissements, dans le marketing, dans le personnel. Annuler ces tournois serait regrettable. Mais nous allons survivre!»
Les éditions 2021 de ces deux tournois pourraient-elles être remises en question?
«Non en aucun cas. Nous pouvons nous appuyer sur des bases solides. Nous serons prêts pour 2021. Je peux vous l'assurer.»
Vous avez deux casquettes depuis plusieurs mois avec le tennis et le football. Quelle est la plus lourde à porter?
«Celle du football. Le football est une machine qui ne s'est pas arrêtée. Je dois toujours assumer des frais et je nourris de réelles inquiétudes quant à la manière avec laquelle nous allons pouvoir boucler cette saison. En tennis, il n'y a qu'une seule interrogation: celle de savoir si l'on joue ou non.»
Quelle est à vos yeux la meilleure option pour la fin de saison de la Super League?
«Je souhaite la terminer avec du public au stade.»
Vous ne cautionnez donc pas l'idée du huis clos?
«La décision de jouer avec du public ou à huis clos ne m'appartient pas. Mais je suis résolument opposé à organiser des matches à huis clos. Cela n'a aucun sens. La question aurait pu se poser pour un ou deux matches. Mais là, on parle de 13 journées à disputer plus un barrage. Le football professionnel est un spectacle. Mais on ne peut pas monter un spectacle sans public.»
Quelles seraient les conséquences de matches à huis clos pour la trésorerie de Neuchâtel Xamax?
«Avec le huis clos, nous préserverons les recettes des droits de télévision. Mais nous n'en aurons aucune pour les spectateurs alors que les salaires et les coûts seront toujours à notre charge. On peut comprendre pourquoi l'idée de jouer à huis clos ne me séduit pas vraiment...»
Quand est-ce qu'une décision tombera-t-elle?
«La balle n'est pas vraiment dans notre camp. Nous devons attendre les décisions que le Conseil Fédéral arrêtera. La question est de savoir si nous jouons à huis clos ou si nous attendons le moment où nous pourrons évoluer avec du public.»
Pouvez-vous imaginer la possibilité d'une saison qui se termine au mois d'août?
«Il y a des contrats de joueurs et de sponsoring qui ne courent que jusqu'au 30 juin. D'autres qui sont reconduits en cas de maintien au 30 juin... Tout est extrêmement complexe. Non, cela ne me dérangera pas de reprendre plus tard le championnat si nous avons l'assurance de jouer avec du public. Mais un scénario est-t-il possible? C'est une autre question.»