Le directeur sportif de la Fédération, Thomas Peter. évoque dans une interview les chances et les défis du projet d'équipe nationale alignée sur les tours de Romandie et de Suisse. Interview.
Thomas Peter, grâce à un changement de règlement de l'Union cycliste internationale (UCI), Swiss Cycling a pu aligner une équipe nationale lors des deux tours du World Tour disputés en Suisse. Quels sont vos attentes à long terme avec ce projet ?
«Nous nous sommes battus trois ans pour obtenir ce droit avant d'y parvenir. Grâce à un travail politique en coulisses, nous avons obtenu l'autorisation l'automne dernier en arguant que nous n'avions plus en Suisse d'équipe dans le World Tour ou en ProContinental. Nous voyons d'abord ce projet comme un moyen de faire progresser les athlètes. Chaque coureur peut avoir la perspective de se montrer sur le World Tour. Ils sont ainsi dans le radar des autres équipes.»
Vos coureurs vont également essayer d'animer la course comme on l'a vu lors de la première étape avec Simon Pellaud et Patrick Schelling, qui se sont immiscés dans la première grande échappée ?
«Il ne s'agit pas de faire le show ou du cirque. Nous pouvons essayer avec des variantes tactiques de donner un caractère différent à la course et nous créer des chances de briller. Notre philosophie diffère des autres équipes. En tant que formation nationale, nous ne disputons pas chaque semaine des courses du World Tour. Et nous ne sommes pas ici pour préparer le Tour de France.»
Avec presque deux semaines et demie au plus haut niveau, la note sera salée pour la fédération ?
«Les investissements sont importants. Notre idée était d'emmener avec nous des partenaires supplémentaires qui nous soutiennent. Nous en avons trouvé quelques-uns mais pas à la hauteur espérée. Ainsi, nous devons assumer nous-mêmes une grande part des dépenses.»
Concrètement, quels sont les frais engagés dans l'aventure ?
«A côté de l'entraîneur national, nous employons un directeur sportif supplémentaire. Nous avons besoin de mécaniciens et de physios en plus. Concernant les infrastructures au départ et à l'arrivée, nous n'avons pas pu engager tous les moyens voulus. Les coureurs ont tout de même un camping-car à disposition afin de pouvoir se préparer au chaud en cas de mauvais temps. Bien sûr, nous ne pouvons pas comparer nos moyens avec ceux des standards du World Tour. Mais, à notre avis, cela ne devrait pas affecter les performances des coureurs. Tout compris, ces investissements pour les deux tours nationaux, sont de l'ordre d'une somme à six chiffres.»
Et que se passera-t-il après la saison 2019 ?
«Actuellement, nous n'en savons encore rien. Nous avons l'espoir de pouvoir aligner une équipe nationale jusqu'aux Mondiaux 2024 comme mesure de progression pour le sport d'élite. L'autorisation de l'UCI était valable pour une année. En fin de compte, il faut également voir si une structure professionnelle ne va pas s'installer en Suisse.»
S'il devait en résulter la naissance d'une nouvelle équipe suisse ProContinental ou World Tour, cela irait dans votre sens ?
«Evidemment. Mon idéal serait que nous puissions disputer ces tours avec la formule des équipes nationales. Cela aurait une autre dimension pour un large public, qui a de la peine à suivre avec des changements de sponsors à chaque saison.»