La pilule doit être dure à avaler pour le saut d'obstacles suisse, qui avait les moyens de frapper fort cet été à Tokyo. Mais le report des JO à 2021 ne devrait pas prétériter les chances de Steve Guerdat et ses coéquipiers. Au contraire peut-être.
La fête s'annonçait belle au Japon: le chef d'équipe Andy Kistler, qui quittera son poste en fin de saison estivale, allait pouvoir aligner une véritable «dream team» avec l'actuel no 1 mondial Steve Guerdat, son dauphin Martin Fuchs, le diamant brut Bryan Balsiger (22 ans), le très expérimenté Pius Schwizer ou même Niklaus Rutschi.
La troisième tentative aurait dû être la bonne, après les déceptions vécues lors du Prix des nations des Jeux équestres mondiaux 2018 (4e place finale) et des Européens 2019 (6e rang) malgré d'excellentes entames de concours. Andy Kistler, qui a tant apporté au saut d'obstacles helvétique par son calme et sa gestion des individualités, aurait mérité une belle récompense pour ses adieux.
«D'un point de vue sportif, la situation actuelle est un désastre. Mais cela ne doit pas avoir la moindre signification. Le plus important est que nous puissions traverser la crise du coronavirus du mieux que nous le pouvons», explique Andy Kistler, qui cédera son poste à Michel Sorg à la fin août.
«On peut même dire que c'est un soulagement que le report ait enfin été acté. Je ne peux pas même m'imaginer qu'autant de personnes venues du monde entier puissent converger vers un même lieu dans moins de quatre mois», poursuit-il. «Il n'y aurait eu aucune excitation avant ces JO, il aurait été impossible de les préparer à la perfection. J'espère juste que les Jeux pourront se dérouler l'an prochain dans la joie, et après une préparation optimale.»
Encore plus forts en 2021?
Mais c'est bien Michel Sorg qui aura l'honneur de diriger le quatuor helvétique lors des joutes tokyoïtes. Et le sous-directeur du CHI de Genève pourra même peut-être se dire alors que le report a fait les affaires de la Suisse, dont les cavaliers de tout premier plan vont conserver leurs meilleurs chevaux en 2021: une année d'expérience en plus n'est pas un luxe pour Bryan Balsiger, et Janika Sprunger pourra peut-être à nouveau compter sur un King Edward en forme.
Mais ces suppositions sont bien loin de la réalité actuelle. Les cavaliers sont eux aussi privés de concours, et leurs chevaux se contentent de galoper dans les pâturages. Une préparation intense n'aurait aucun sens, alors que nul ne sait quand la situation va se débloquer. Steve Guerdat et Cie ne peuvent pour l'heure qu'espérer que la Finale du Prix des nations, prévue début octobre à Barcelone, constituera leur premier temps fort sportif de l'année.