Laurent Meuwly Laurent Meuwly : "Ajla a fait ce que peu de sportives ont réussi"

Nicolas Larchevêque, de retour d'Athletissima

27.8.2021

Nicolas Larchevêque, de retour d'Athletissima

Femme la plus rapide du pays (en 10"90 sur 100 m), Ajla Del Ponte a explosé cette année sur la scène internationale. En marge d'Athletissima, son entraîneur Laurent Meuwly est revenu sur les performances de sa protégée, qu'il veut voir désormais se battre avec les meilleures sprinteuses de la planète.

Ajla Del Ponte et son entraîneur Laurent Meuwly nourrissent de grandes ambitions.
Ajla Del Ponte et son entraîneur Laurent Meuwly nourrissent de grandes ambitions.
Keystone

Mais jusqu'où ira Ajla Del Ponte ? Après avoir brillé en 2020 en remportant notamment plusieurs courses du 100 m en Ligue de Diamant, la Tessinoise a confirmé cette année et s'est révélée aux yeux du monde entier.

La sprinteuse de 25 ans a en effet franchi à deux reprises la barre symbolique des 11 secondes aux Jeux olympiques, où elle a atteint la finale du 100 m (6e). Il y a deux semaines, elle a encore amélioré son record de Suisse dans la discipline en s'imposant en 10''90 au meeting Résisprint international de La Chaux-de-Fonds. Puis jeudi soir, elle a signé une solide performance à Athletissima en terminant 6e en 10''97 d'une course très relevée.

Une impressionnante constance qui laisse son entraîneur Laurent Meuwly nourrir de grandes ambitions pour l'avenir. «J'ai dit à Ajla qu'on ne visait pas les 10"85 ou les 10"80, mais les 10"60. Il faut se laisser inspirer par ce que font des sprinteuses comme Elaine Thompson-Herah (en 10"54 à Eugene samedi dernier) ou Shelly-Ann Fraser-Pryce (en 10"60 à Lausanne jeudi). Il ne faut pas se fixer de limite», a confié le Fribourgeois en marge du rendez-vous lausannois.



Avant d'étayer ses propos : «A la fin de la saison, on ne va pas travailler pour seulement améliorer son record de Suisse. Elle a montré une grande constance sous les 11 secondes, on vise maintenant plus haut. Ça va prendre du temps, mais il faut vraiment être ambitieux.»

Et visiblement, la principale intéressée, consciente de son potentiel, est sur la même longueur d'onde que son coach. «On va maintenant continuer d'abaisser ces temps et on verra où ça nous amène. Quand tu vois des femmes qui courent aussi vite que les Jamaïcaines, tu veux juste faire pareil. Comme je l'ai dit, il n'y a pas de limite. Un jour, je pourrai peut-être offrir des performances pareilles», a ainsi déclaré Del Ponte à l'issue de ses courses à Lausanne.

Laurent Meuwly : «C'est clair qu'on y prend goût»

Mais pour atteindre un tel niveau, la championne d'Europe du 60m en salle devra naturellement se surpasser et continuer de s'atteler à l'ouvrage. Et des courses comme une finale des JO ne pourront être que bénéfiques pour la suite de sa carrière. «Quand on est avec les meilleures, c'est là qu'on apprend le plus», a-t-elle reconnu jeudi soir.

Et ce n'est pas Laurent Meuwly qui dira le contraire. «Être dans de telles courses montre déjà le travail accompli. Il ne faut pas brûler les étapes non plus, mais c'est clair qu'on y prend goût. On veut se mêler à la lutte et être toujours plus près. Et ça, ça motive tous les jours à l'entraînement pour essayer de combler ce trou avec les toutes meilleures», a estimé l'entraîneur-star du Centre olympique de Papendal aux Pays-Bas.



Ce dernier est convaincu que sa protégée, qui l'a rejoint en 2015, a les capacités pour y arriver. Naviguant encore entre sa vie sportive et ses études, Del Ponte s'est toujours impliquée au maximum dans ce qu'elle a entrepris.

«Ajla a fait ce que peu de sportives de son niveau ont réussi sur une discipline autant concurrentielle que le 100 m. Elle fait aussi des études de très très haut niveau en parallèle. Maintenant, la pression retombe un peu puisqu'elle a fini son Masters (en lettres, en histoire et italien à l'Université de Lausanne) et commence son Doctorat. Elle a ainsi beaucoup plus de flexibilité et de temps», a encore expliqué Meuwly.

Il se réjouit désormais d'être un témoin actif dans le futur de la native de Locarno. «C'est maintenant que sa carrière débute avec ce chrono de 10"90. Elle est désormais dans la cour des grandes. Avec de tels chronos, on fait tous les meeting principaux, avec les grandes finales. Mais on ne veut pas seulement les faire. On veut essayer de se mêler à la lutte pour gagner des médailles.» À n'en pas douter, l'athlétisme suisse en salive déjà.