Le Dakar 2020 a été endeuillée dimanche par la mort du motard portugais Paulo Gonçalves (40 ans). Il a été victime d'une chute fatale dans la septième étape. C'est le 25e décès d'un pilote dans l'histoire du rallye.
Gonçalves, deuxième de l'édition 2015, était un pilote expérimenté, reconnu comme une figure de la caravane et qui disputait cette année son treizième Dakar. Il a chuté au km 276 de la spéciale qui reliait Ryad à la ville de Wadi Ad-Dawasir dans le sud-ouest de l'Arabie saoudite.
Les organisateurs ont expliqué que le Portugais était en arrêt cardio-respiratoire à l'arrivée de l'équipe médicale. Après une tentative de réanimation qui a duré près de trente minutes, il a été héliporté vers l'hôpital, où son décès a été constaté.
«C'est tout le Dakar qui est endeuillé, c'est très triste et c'est difficile à vivre», a réagi Luc Alphand, vainqueur du Dakar en auto en 2006. L'ancien skieur, qui suivait l'étape en hélicoptère, a été parmi les premiers sur les lieux. «On s'est posé mais Paulo était déjà inconscient. Le médical est arrivé très vite et on a essayé de faire des massages», a-t-il relaté.
Ondulations
L'Espagnol Fernando Alonso, qui participe à son premier Dakar, a également raconté avoir vu les hélicoptères de l'assistance médicale pendant la course. «On a juste appris à la fin de l'étape que c'était une mauvaise nouvelle. C'est difficile de parler de l'étape car c'est très émouvant, il n'y a pas grand-chose à dire», a déclaré le double champion du monde de formule 1.
Sur des photos prises quelques instants après l'accident, on voit le pilote gisant au milieu d'une grande étendue de sable, sa moto quelques mètres plus loin, pendant que les secours et d'autres pilotes s'affairent autour de lui. D'après eux, l'accident a eu lieu sur un secteur plat où le terrain marquait des ondulations, qui avaient bien été signalées sur le road-book.
C'est le motard australien Toby Price qui roulait derrière Gonçalves qui a trouvé le pilote au sol, a révélé le patron du Dakar David Castera. Le tenant du titre est resté longtemps aux côtés du Portugais, tout comme le Slovaque Stefan Svitko.
«C'est un mec expérimenté Paulo, qu'on connait depuis des années», a réagi Stéphane Peterhansel à son retour au bivouac. «C'est un mec volontaire, costaud. On est forcément triste pour sa famille.»
«On joue avec le feu»
Le Portugais, sacré champion du monde de rallye tout terrain en 2013, avait effectué ses débuts sur le Dakar en 2006, lorsque que la course se déroulait en Afrique. Il avait terminé quatre fois dans le top 10. Après avoir cassé son moteur dans la troisième étape, il occupait la 46e place du classement général à l'issue de la sixième spéciale.
Depuis la création du rallye en 1979, 25 concurrents y ont trouvé la mort, dont 20 motards, un chiffre témoignant de la dangerosité de cette catégorie, où les pilotes atteignent parfois des vitesses vertigineuses. Le dernier décès d'un pilote, le Polonais Michal Hernik, remontait à l'édition 2015 en Argentine.
«Je l'ai toujours senti en moto qu'on joue avec le feu. J'ai arrêté ma carrière sur deux roues très jeune et j'ai vu des copains se tuer devant moi», a témoigné Peterhansel, treize titres du Dakar au compteur, dont six en moto.
«On sait tous que la moto c'est dangereux», a ajouté David Castera. «Vous partez le matin, vous avez la boule au ventre parfois parce qu'on n'a pas de protection, on a rien».
Gonçalves, pilote de l'écurie Hero, avait pu prendre le départ du Dakar de justesse après avoir subi un accident qui lui avait causé une fracture de la rate en décembre dernier. «Pour moi, être au départ est déjà une victoire», avait-il déclaré.
Un hommage devait lui être rendu en soirée sur le bivouac.
Cette septième étape, la plus longue de ce Dakar (546 km de secteur sélectif), a été remportée par Carlos Sainz (Mini), qui a signé sa troisième victoire d'étape. L'Espagnol, double vainqueur de l'épreuve, a ainsi accru son avance sur son principal poursuivant, le Qatarien Nasser Al-Attiyha (Toyota), tenant du titre, désormais repoussé à dix minutes.