Dans l'espoir de reprendre la saison, suspendue depuis presque un mois à cause du coronavirus, les joueurs NBA sont confrontés à la difficulté de s'entretenir physiquement à domicile.
A défaut de pouvoir s'entraîner collectivement, ils doivent aussi se préparer mentalement.
S'entretenir n'est pas s'entraîner
Pas un jour ou presque ne passe sans que LeBron James chronique son confinement sur les réseaux sociaux. Parmi les vidéos qu'il poste, celles de ses séances de musculation et de «cardio» alimentent sa réputation de travailleur acharné.
A ceux qui pensent que l'arrêt de la compétition lui permet, à 35 ans, d'économiser ses forces, la superstar des Lakers, répond que «le facteur repos est exagéré, surtout lorsqu'on est en pleine montée en puissance». «Quand nous avons arrêté de jouer, mon corps me demandait: qu'est-ce que tu fous ? On est le 13 mars, tu te prépares pour les play-offs ! Pourquoi tu t'arrêtes maintenant ?».
Si James redouble d'effort, c'est qu'il en a aussi les moyens, avec gymnase et terrain de basket à domicile. «Mais ce n'est pas le cas d'une grande partie des joueurs de la Ligue. Nombreux sont ceux qui vivent en appartement, sans installation pour faire du sport», rappelle à l'AFP l'ancien joueur José Calderon, conseiller de Michele Roberts, la directrice du syndicat des joueurs .
Pour l'ancien entraîneur français Jacques Monclar, «on peut travailler la dextérité, le ballon même, dans un appartement. Mais le gros problème, c'est l'impossibilité de shooter. Les joueurs de ce niveau, ce sont des mécaniques de précision et elles risquent d'être rouillées à la reprise».
Confinement oblige, les staffs des équipes envoient des mémos aux joueurs, pour les accompagner dans les exercices physiques à accomplir. «Le cardio sera à peu près maintenu, même s'il n'y pas la «rupture» comme en match», explique Monclar.
Pour le consultant de BeIN Sports, un autre paramètre n'est pas à négliger: l'hygiène de vie. «Dormir aux bonnes heures, manger correctement, ne pas grossir. C'est tout un travail invisible, mais important.»
Une reprise nécessairement progressive
Dans un récent tweet, l'arrière français d'Orlando Evan Fournier s'est montré pessimiste quant à la possibilité de reprendre la saison cet été. Son argument ? «Juillet, c'est dans trois mois. Il nous faudrait au moins un mois de reprise/préparation physique, sinon les blessures ça va être un massacre.»
A ce titre, les acteurs de la NBA se rejoignent tous sur la nécessité d'avoir du temps pour être physiquement prêts le jour J.
LeBron James, candidat au titre avec les Lakers, estime qu'un «camp d'entraînement de dix jours à quinze jours, couplé à une fin de saison régulière raccourcie à cinq ou dix matches suffiraient pour être prêts pour les play-offs».
«Ce qui est clair, c'est qu'on ne peut pas rejouer immédiatement, en raison du risque de blessure. Tout le monde n'aura pas pu se maintenir de la même façon, donc pour que tout le monde soit au même niveau physique, il faudra un temps de réadaptation», abonde José Calderon.
Autre problème à gérer, selon Jacques Monclar: «les considérations collectives, d'attaque et de défense que les entraîneurs travaillaient depuis fin septembre». «Ca, ça part vite, ça s'oublie vite. C'est particulièrement problématique au basket. Tout comme le manque et la perte de rythme.»
«De toute façon, le mal est fait, ne serait-ce que dans l'alchimie entre les joueurs. L'influence de certains cadres agit parfois comme une caisse de résonance dans l'équipe. Or, avec le confinement, tout ce travail fourni depuis plusieurs mois peut être anéanti», ajoute-t-il.
Préservation et préparation mentales
L'isolement préoccupe la NBA qui suit de près les effets de la distanciation sociale sur le moral des joueurs. Ainsi, le responsable des questions de santé mentale au sein du syndicat des joueurs, William Parham, et son équipe disent communiquer quotidiennement au téléphone ou par textos avec les joueurs.
«Mentalement, la situation a de quoi peser, mais c'est aussi un filtre. Le haut niveau c'est ça. Individuellement, la majorité est apte à faire front, mais c'est collectivement que ce sera difficile», insiste Jacques Monclar.
Pour maintenir un maximum de cohésion, les Clippers ont été les premiers à utiliser l'application de visioconférence Zoom, qui permet de s'entraîner «ensemble» en conservant un certain esprit de camaraderie. Les Houston Rockets et les Lakers s'y sont aussi mis.
Un outil apprécié par LeBron James, qui affiche lui une détermination sans faille: «il faut faire tout notre possible pour nous préparer mentalement et physiquement à ce qui peut arriver par la suite».