Le demi de mêlée du XV de France Antoine Dupont, opéré le 22 septembre d'une fracture de la mâchoire, saura lundi si son chirurgien l'autorise à rejouer, moins d'une semaine avant le quart de finale du Mondial que les Bleus disputeront dimanche face aux Sud-Africains.
Dupont (26 ans, 51 sélections) a rendez-vous dans la journée à Toulouse avec le professeur Frédéric Lauwers, un spécialiste de la chirurgie maxillo-faciale, pour une visite médicale cruciale.
Victime d'un choc violent lors de la large victoire en phase de groupe sur la Namibie (96-0) à Marseille le 21 septembre, le capitaine des Bleus avait été opéré dès le lendemain à l'hôpital Purpan de Toulouse, avant de retrouver dix jours plus tard à peine ses partenaires, pour une phase de reprise en individuel.
Lundi, il reverra le professeur Lauwers qui doit lui signifier s'il l'autorise à reprendre le rugby avec contacts, et donc les entraînements du XV de France.
«Il a bien bossé physiquement: beaucoup de courses, beaucoup de vitesse, ce sont ses points forts», a confié samedi Karim Ghezal, le co-entraîneur des Bleus chargé de la conquête. «Sur tout ce qui est physique, il n'a pas perdu grand-chose en une semaine d'arrêt, au contraire. Physiquement, il est en pleine forme».
«Il ne manque plus que le rendez-vous avec son chirurgien qui décidera» si le demi de mêlée peut rejouer, a-t-il conclu.
Doublures
Concrètement, soit le médecin dit «non», et les Bleus devront faire sans leur joueur star, comme ils ont déjà dû composer depuis le début de la compétition avec le forfait de l'ouvreur Romain Ntamack, victime d'une rupture du ligament croisé du genou mi-août.
Soit le professeur Lauwers dit «oui», et le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié, son staff et Dupont auront à décider si le Toulousain retrouve sa place dès le quart de finale de dimanche face aux champions du monde en titre sud-africains.
Cette visite médicale est donc loin d'être anodine, à six jours d'une rencontre qui s'annonce incandescente au Stade de France.
En l'absence de son maître à jouer, le XV de France a compté sur sa doublure habituelle au poste de no 9, Maxime Lucu (Bordeaux-Bègles, 30 ans, 18 sél.), lors de son dernier match de poule à Lyon face à l'Italie, remporté facilement (60-7).
Dans un style plus sobre que Dupont, Lucu a assuré et géré, distribuant rapidement le ballon et faisant les bons choix, avant d'être remplacé à la 54e minute par le no 3 au poste, le Lyonnais Baptiste Couilloud.
Si Dupont devait ne pas être autorisé à fouler de nouveau les pelouses de rugby, Lucu pourrait continuer l'intérim, en étant associé à la charnière, comme à Lyon, avec son coéquipier à l'UBB Matthieu Jalibert, devenu N.1 à l'ouverture après le forfait de Ntamack.
«Résilience»
Mais au-delà de l'aspect simplement sportif, le retour --ou pas-- de Dupont avec les Bleus relève aussi du débat autour de la santé des joueurs en règle générale.
«La décision de Dupont de revenir, en tant que jeune homme rêvant de mener son équipe à la gloire dans une Coupe du monde organisée à domicile, est écrite à l'avance», écrit sur X (ex-Twitter) le groupe «Progressive Rugby», qui prône une meilleure prise en charge de la santé des rugbymen.
«C'est le romantisme, le désir, le sens du devoir et du sacrifice, l'égo qui poussent les sportifs de haut niveau à jouer à tout prix», relève encore le groupe.
«Le choix de jouer ou pas doit revenir aux médecins et à l'encadrement, ajoute l'organisation. Même si Dupont disait vouloir jouer, ils pourraient choisir de ne pas le sélectionner, estimer que ce n'est pas dans son intérêt, que ce n'est peut-être pas la meilleure chose pour le rugby français».
Le président de la Fédération française de rugby (FFR) Florian Grill avait salué la «résilience» du joueur lors de sa réintegration dans le groupe après son opération, évoquant un message «juste incroyable».
Mais le patron du rugby français insiste lui aussi sur la santé du joueur: «On a charge sportive mais on a aussi charge d'hommes. Et ça, c'est au-dessus de tout».