Mujinga Kambundji a vécu la plus belle année de sa carrière, avec notamment ce titre mondial en salle sur 60 m et les deux médailles conquises aux Européens en plein air de Munich. A désormais 30 ans, elle est toutefois loin d'être rassasiée: «Je sens que j'ai le potentiel pour courir plus vite», assure-t-elle.
«Un athlète se doit d'être dur envers lui-même, car il doit toujours chercher à s'améliorer. Je ne sais pas si j'arriverai à dire un jour que j'ai réussi la course parfaite de A à Z. C'est très dur d'y parvenir, surtout sur 100 m. Mais je vais tout entreprendre pour m'en donner les moyens», glisse la Bernoise, qui savoure néanmoins pleinement ce millésime 2022.
«J'ai vécu tellement de belles choses. Bien sûr, les titres conquis sur 200 m en plein air et sur 60 m en salle furent particulièrement beaux. Mais cette 2e place sur 100 m aux Européens est très spéciale. Il y a aussi les records de Suisse sur 100 m (10''89) et sur 200 m (22''05), et les deux finales aux Mondiaux de Eugene» sur 100 et 200 m, se remémore-t-elle le sourire aux lèvres.
La déception vécue aux Européens sur 100 m, où il lui a manqué cinq millièmes de seconde pour se parer d'or, l'a-t-elle poussée à en mettre encore plus sur 200 m? «Au tout début, c'était une déception, car j'étais vraiment proche du titre. Mais avec un peu de recul, je suis contente d'avoir pu gagner une médaille. Ca n'était pas évident avec quatre candidates au podium», rappelle-t-elle.
Focus sur la deuxième partie de course
Mujinga Kambundji, qui s'est confiée à Keystone-ATS la semaine dernière à l'occasion d'une fête organisée par l'un de ses principaux sponsors (Visana), sait que la marge de manoeuvre est littéralement infime sur 100 et sur 200 m. Plus fatiguée que jamais, elle a néanmoins l'esprit déjà tourné vers l'avenir.
«On n'a pas encore analysé tous les détails. Mais je sais déjà dans quels domaines je dois m'améliorer», glisse la sportive suisse de l'année 2019. «Cette saison, ma phase d'accélération était vraiment bonne, alors que j'avais connu beaucoup de peine l'an passé dans ce domaine. Le focus doit être mis sur ma deuxième partie de course, où je n'étais pas toujours régulière en 2022», souligne-t-elle.
A-t-elle déjà des objectifs précis en tête pour 2023, année dont les temps forts seront les Européens en salle d'Istanbul et les Mondiaux en plein air de Budapest? «Je n'aime pas me fixer des objectifs chronométriques. Pour l'heure, je me réjouis déjà de disputer la saison en salle», lâche la championne du monde 2022 et 4e performeuse mondiale de l'histoire du 60 m.
«En plein air, je sens que j'ai le potentiel pour courir plus vite, sur 100 comme sur 200 m. C'est difficile à dire si c'est pour 3-4 centièmes ou pour un dixième, mais je veux tout faire pour y parvenir», lance Mujinga Kambundji, qui doit «trouver l'équilibre entre travailler ses points faibles et conserver ses points forts.»
Lorsque tout se joue au centième – voire au millième de seconde près, «tout doit fonctionner parfaitement au final. Le but est d'avoir la marge d'erreur la plus petite possible», explique encore la Bernoise, qui n'a toutefois pas l'intention de se remettre tout de suite au travail.
Du repos, mais pas que
«C'était vraiment dur sur la fin. Mon corps est fatigué, mais c'était surtout dur pour la tête», souligne la médaillée de bronze du 200 m des Mondiaux 2019, qui a avant tout besoin de vacances. «Il me faut du repos complet, sans sport. Ma tête en a besoin. Si je veux me reposer à 100%, je dois ne pas voir de piste», sourit-elle.
«Je vais profiter de voir ma famille, mes amis, de me balader en montagne, dans la nature. C'est la seule période où je peux voyager pour mon plaisir», explique Mujinga Kambundji, qui ne va pas se contenter de se reposer dans les semaines à venir: ambassadrice de la Croix-Rouge Suisse depuis 2015, elle va en effet participer à un projet de l'institution au Népal. «Ca me réjouit», lâche-t-elle.
La Bernoise, qui se sait privilégiée, veut donner à son prochain. Comme un certain Roger Federer, qui aura marqué la femme la plus rapide de Suisse et pas seulement grâce à ses exploits sportifs. «Je suis heureuse d'avoir pu être témoin de sa carrière. Il est et restera une inspiration pour les sportifs suisses. Il y a tellement de choses inspirantes chez lui», conclut-elle.