Habituée à avoir moins de 11 secondes pour briller, la Tessinoise se donne le temps pour retrouver le niveau qui lui avait permis de cueillir une fabuleuse – mais trop mésestimée – 5e place sur 100 m aux JO de Tokyo en 2021.
Le sort s'est acharné sur elle depuis sa remarquable saison 2021, marquée aussi par un sacre européen sur 60 m en salle à Torun et un chrono de 10''90 en plein air sur la rectiligne. «J'ai appris à relativiser», souffle Ajla Del Ponte, qui s'est confiée au téléphone à Keystone-ATS.
Dans l'impossibilité de donner sa pleine mesure en 2022 après avoir subi une blessure à une cuisse lors de la saison en salle, la Tessinoise a été opérée en novembre dernier aux Pays-Bas. Victime d'une triple fracture de fatigue à un tibia, elle doit désormais vivre avec une barre en titane.
Ces deux blessures ne sont toutefois pas forcément liées, souligne-t-elle. «Le chirurgien qui m'a opérée m'a expliqué que l'une des trois fractures était là depuis longtemps déjà, mais que je n'avais ressenti aucun symptôme auparavant. J'avais peut-être même couru en 10''90 avec cette fracture», soupire-t-elle.
Pourtant très attachée à son canton natal et à sa famille, la 14e Européenne la plus rapide de l'histoire a choisi de revenir à Papendal, camp de base du groupe de Laurent Meuwly au sein de la Fédération néerlandaise, pour poursuivre sa rééducation et son entraînement. «J'ai passé quelques semaines au Tessin cet hiver, mais c'était compliqué logistiquement», précise-t-elle.
Alter G et vélo
«Je devais conduire pendant une heure pour pouvoir utiliser l'Alter G pendant à peine un quart d'heure parfois», explique Ajla Del Ponte. L'Alter G, c'est un tapis de course anti-gravité, qui permet donc de réduire le poids du corps de manière précise et qu'elle utilise régulièrement depuis de longs mois maintenant.
«Avec le vélo d'intérieur, c'était mon outil de travail principal ces derniers temps», poursuit l'athlète de l'US Ascona, qui se réjouit d'avoir pu recommencer à courir. «J'ai participé à mon premier échauffement avec le reste du groupe il y a environ deux semaines», lâche-t-elle.
«A la fin de l'échauffement, nous avons dû faire un 500 m. Mes coéquipiers n'étaient pas vraiment enchantés, alors que j'étais heureuse de courir», savoure Ajla Del Ponte, qui gère beaucoup mieux cette pause forcée que celle de début 2022: «Je me prends moins la tête, alors que la blessure était plus grave cette fois-ci.»
«Ça me manque»
«Je me réjouis juste tellement de pouvoir retrouver les stades et mes adversaires. Ca me manque», enchaîne la Tessinoise, qui n'avait pu faire mieux que 11''26 l'été dernier et avait renoncé à disputer le 100 m individuel aux Européens de Munich en raison de sa forme trop précaire.
Pas question toutefois de précipiter un retour aux affaires. «Je n'ai pas de planification précise. Je vis plutôt semaine après semaine, jour après jour même parfois. Je prévois de reprendre l'entraînement avec le groupe à la fin mars», glisse Ajla Del Ponte, qui aura 27 ans le 15 juillet prochain.
«Je pense pouvoir courir en meeting cet été, même si je suis consciente que ma saison commencera plus tard que pour mes rivales», se contente d'affirmer la Tessinoise qui, même si elle n'a jamais mentionné cet événement, espère certainement pouvoir défendre ses chances lors des Mondiaux de Budapest (19-27 août).
«Une belle journée»
Un rendez-vous vendredi chez le chirurgien qui l'avait opérée – une option qui n'était pas envisagée en Suisse – l'a en tout cas confortée dans ce choix. «On a vu sur un scan que seule l'une des trois fractures est encore visible. Mais elle est clairement en train de guérir. On est sur la bonne voie», se réjouit-elle.
«Je peux donc continuer à m'entraîner comme je le faisais, en continuant à écouter les éventuelles réactions de mon corps. La structure de l'os récupère très bien, et les chirurgiens sont satisfaits du placement de la barre», ajoute-t-elle. «Ce vendredi était une belle journée!»