Le champion d'Europe Sonny Colbrelli (Bahrain) a gagné dimanche Paris-Roubaix à sa première participation, dans une édition exceptionnellement boueuse. L'Italien a battu au sprint ses deux derniers compagnons, Florian Vermeersch (2e) et Mathieu van der Poel (3e), avant de s'effrondrer, hurlant sa joie, sur la pelouse.
Irrésistible depuis le printemps - il a notamment gagné une étape du dernier Tour de Romandie à St-Imier -, Sonny Colbrelli a enlevé son premier «monument» à l'âge de 31 ans. Bien que comptant une trentaine de victoires à son palmarès, il n'était encore jamais monté sur le podium d'une grande classique.
«La course de mes rêves»
Colbrelli est le deuxième coureur à gagner la «reine des classiques» à sa première participation. Hormis Josef Fischer qui avait ouvert le palmarès en 1896, le Français Jean Forestier est le seul autre néophyte, en 1955, à s'être imposé dès ses débuts. «C'est la course de mes rêves avec le Tour des Flandres», a exulté l'Italien.
«J'ai suivi van der Poel dans le final, j'ai fait un super sprint. Je me suis focalisé sur van der Poel mais le gars de Lotto-Soudal (Vermeersch) a failli me surprendre. J'ai réussi à passer à 25 mètres de l'arrivée», a raconté le Lombard qui a signé la 12e victoire italienne à Roubaix mais la première au XXIe siècle (Andrea Tafi, dernier vainqueur italien en 1999).
Van der Poel a tout tenté
Derrière le trio, Gianni Moscon, qui avait entrevu le succès jusqu'à une crevaison à 30 kilomètres de l'arrivée puis une chute, a pris la quatrième place à 44'' de son compatriote. Wout van Aert, l'un des grands favoris, s'est classé 7e dans un groupe réglé par son compatriote Yves Lampert (5e).
Sur les pavés détrempés et recouverts de boue, Mathieu van der Poel a produit forte impression dans une course qui a tourné au désavantage de son grand rival Wout van Aert. Généreux et prodigue de ses efforts, le champion du monde de cyclocross s'est retrouvé esseulé dans le groupe de poursuite derrière Moscon, parti seul à l'attaque à 53 kilomètres de l'arrivée. Il n'a pu ensuite provoquer la décision dans le trio de néophytes qui s'est disputé la victoire.
Bissegger longtemps dans le coup
Côté suisse, Stefan Bissegger a longtemps joué les premiers rôles dimanche. Echappé de la première heure en compagnie notamment du malheureux Gianni Moscon, le rouleur d'EF Education First a perdu le contact avec les rescapés du groupe tête à quelque 60 km de l'arrivée.
Le Thurgovien a ensuite très vite été repris par le groupe emmené par Mathieu van der Poel, impressionnant de maîtrise sur des pavés extrêmement glissants. Il n'a pu suivre bien longtemps le rythme imposé par le champion du monde de cyclocross, qui a peut-être payé dans le sprint les immenses efforts fournis depuis le départ.
Küng joue de malchance
Stefan Küng faisait également partie de la première échappée, formée à plus de 210 km de l'arrivée. Le Thurgovien a toutefois joué de malchance tout au long de sa journée, connaissant une première chute en glissant dans un rond-point alors qu'il était en tête.
Ambitieux, le 4e du contre-la-montre des JO n'est pas parvenu à rejoindre les quelque 30 fuyards et a rapidement été rattrapé par le peloton, avant même les premiers secteurs pavés. Il a ensuite connu deux chutes supplémentaires...