Le Tour de Suisse rayé du calendrier, place à sa version virtuelle dès mercredi et jusqu'à dimanche. 60 coureurs, trois par équipes, seront en lice chaque jour sur des sections du tracé 2020.
Faute de grive, il faut se contenter de merle. La pandémie du coronavirus a mis à mal le calendrier cycliste. Le Tour de Suisse laisse donc sa place à «The Digital Swiss 5», la première course numérique par étapes avec dix-sept équipes du World Tour et trois invitées dont la sélection de Swiss Cycling.
Ainsi, aucun risque de briser les gestes barrières de sécurité. Les coureurs sont chacun à leur domicile. Ils sont reliés à leur vélo de course par des rouleaux «intelligents». Alors qu'ils voient la route et leur position en course sur l'écran en temps réel et sous forme de vidéo réelle devant eux, le rouleau reproduit la résistance respective sur les pédales en fonction de la topographie de la route.
Les courses dureront environ une heure. Les arrivées sont prévues à Loèche-les-Bains, à Frauenfeld, à Sedrun par le col du Nufenen, à Langnau puis à Disentis/Sedrun par le Lukmanier.
«Une stimulation»
Les coureurs suisses disputeront des étapes avec leur équipe de marque, mais aussi une ou deux avec la sélection de Swiss Cycling. Cette perspective motive-t-elle les coureurs ? Le rouleau à la place de la nature, est-ce vraiment envisageable ? Sébastien Reichenbach n'y trouve pas un grand bonheur: «Mais je reconnais qu'il faut trouver une stimulation dans cette période de semi-confinement. Un peu d'action est bienvenue.»
Le Valaisan de l'équipe Groupama s'est mis à l'entraînement sur logiciel depuis deux saisons. Il estime que la tactique n'aura pas grande importance sur ces courses d'une heure. «Ce sera un peu comme un contre-la-montre. Il faudra savoir gérer sa puissance sur la longueur», relève le grimpeur à l'occasion d'une conférence téléphonique de Swiss Cycling.
Le pistard Robin Froidevaux sera également de la partie. Le coureur du «quatre» par équipes a reçu son matériel récemment et a pu faire connaissance avec le logiciel Rouvy. «Je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre pendant la course. En tout cas, je vous garantis que quand le rouleau reproduit une pente de 15% à escalader, ça fait mal», explique le coureur de Swiss Cycling.
«De quoi se mettre dans le rouge»
Le récent Tour des Flandres virtuel a été remporté par Greg Van Avermaet au terme d'une belle débauche d'énergie. «Il y a de quoi se mettre dans le rouge», convient Silvan Dillier. «C'est un contre-la-montre indoor. C'est à fond dès le départ.» L'Argovien de l'équipe AG2R estime que même si les étapes se disputent en Suisse, il n'y aura pas grand avantage de connaître les routes.
Quand on parle contre-la-montre, il est normal que les regards se tournent vers Stefan Küng. Mais le Thurgovien joue la carte de la sincérité. «Depuis le début du confinement, je ne suis monté qu'une demi-heure sur un home-trainer, c'était pour me familiariser avec le logiciel», explique-t-il.
«Pour moi, le home-trainer c'est un outil utile quand la météo est défavorable ou quand on revient de blessure. Mais en Suisse, on peut rouler dehors presque toute l'année. Je vais donc me lancer dans ces courses sans expérience. J'ai vu qu'il n'y avait pas d'aspiration entre les coureurs. Celui qui pourra produire la plus grande puissance le plus longtemps s'imposera.»
Le Thurgovien de l'équipe française Groupama se fait quelques soucis pour la suite de la saison. Un calendrier ramassé sur quatre mois ne l'enchante guère. «C'est mentalement que cela va être dur. Dans une saison normale, vous pouvez vous accorder des pauses. Mais là, si je me concentre à 100% sur Paris – Roubaix et que deux semaines après, il y a le départ du Tour, c'est beaucoup plus compliqué.»
Les courses de «The Digital Swiss 5» seront retransmises dès mercredi sur le site RTSsport (à partir de 17h00) et le week-end sur RTS 2.