Qui des Britanniques ou des Italiens auront l'honneur de contester aux Néo-Zélandais le plus vieux trophée sportif au monde? Auckland accueille à partir de samedi la finale de la Prada Cup qui désignera enfin l'affiche de la 36e Coupe de l'America.
C'est au meilleur des treize manches, sur des voiliers volant à près de 100 km/h en pointe, qu'Ineos Team UK et Luna Rossa Prada Pirelli se disputeront le droit d'affronter du 6 au 21 mars Emirates Team New Zealand.
L'équipage néo-zélandais est depuis 2017 le tenant du titre de cette compétition prestigieuse sur laquelle le temps n'a aucune prise, puisqu'elle souffle cette année ses 170 bougies.
Arrivé en tête du mini-championnat à trois qui avait lancé la Prada Cup en janvier, le défi britannique a été qualifié directement pour cette finale.
Au contraire des Italiens qui ont dû passer par une demi-finale contre les New-Yorkais d'American Magic.
«Nous avions vraiment à coeur d'essayer de prendre cette route directe pour la finale», explique le skipper d'Ineos, Ben Ainslie, convaincu que les jours ainsi gagnés par son équipe pour préparer la finale n'étaient pas du luxe.
Le temps c'est de l'argent
«Pendant toute cette campagne, nous n'avons cessé de courir après le temps», raconte le quadruple champion olympique britannique, en référence aux gros problèmes techniques qui avaient plombé les premières sorties d'Ineos sur les flots bleus néo-zélandais en décembre.
«En récupérer un peu, même si ce n'était qu'une semaine, nous a permis de faire les modifications que nous souhaitions sur le bateau», poursuit-il.
Le temps, c'est de l'argent. Et à en croire les spécialistes de la Coupe de l'America, c'est l'une des denrées les plus précieuses pour qui s'engage sur cette compétition qui brasse des millions.
Et force est de constater que les Italiens ont fait ce qu'il fallait pour ne pas traîner en chemin, balayant American Magic 4 manches à 0 en demi-finale.
Barreur de Luna Rossa, l'Australien Jimmy Spithill est lui aussi ravi du parcours de son équipe et du supplément de compétition qu'auront apporté ces quatre régates.
«Je pense réellement que c'est un avantage d'avoir eu à disputer ces manches, car nous sommes, nous, beaucoup plus forts», annonce celui qui a déjà soulevé deux fois l'aiguière d'argent.
Deux anciens d'Oracle
«Il n'y a pas de meilleure préparation que la pression que toute l'équipe a vécue lors de cette demi-finale où il n'y avait pas de rattrapage possible», note Spithill.
Duel sportif, défi technologique: la Prada Cup est donc aussi une bataille de communication entre des marins qui se connaissent bien.
Ainslie et Spithill étaient tous les deux de l'extraordinaire épopée d'Oracle Team USA lors de la Coupe de l'America 2013.
Le défi américain avait signé alors l'une des plus fabuleuses «remontadas» de l'histoire du sport quand, mené 8-1 par Team New Zealand, il avait fini par l'emporter 9-8.
A l'instar de la majorité des bateaux du Vendée Globe, les voiliers de 75 pieds (23 mètres) imaginés pour cette 36e édition sont dotés de «foils», ces appendices latéraux qui permettent aux bateaux de s'élever afin de réduire la résistance de l'eau.
Dans les faits, ces fusées futuristes menées par un équipage casqué volent en pointe à plus de 50 noeuds (près de 93 km/h) dans un pilotage aérien où toute erreur est fatale.
A ce petit jeu, les Britanniques avaient remporté leurs trois manches face aux Italiens lors des «rounds robin».
Mais c'était il y a un mois, une éternité. Même pour une compétition qui défie le temps.
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