«Je suis presque aveugle» Stefan Küng revient sur sa terrible chute aux Européens

ATS, par Hans Leuenberger

8.11.2023 - 16:14

Sept semaines après sa terrible chute lors du chrono des Européens aux Pays-Bas, Stefan Küng s'est présenté devant les médias à Zurich. Le Thurgovien a tenté d'expliquer ce qu'il s'était passé.

8.11.2023 - 16:14

Lancé à pleine vitesse, le Suisse était violemment tombé dans une barrière lors d'un rétrécissement de la chaussée. Il s'était relevé en sang et avait néanmoins fini la course, avec le casque brisé. Le bilan n'était pas anodin: commotion, fractures de la pommette et à la main. Le spécialiste du contre-la-montre a dû se faire opérer. Les interventions se sont bien déroulées.

Presque aveugle

Quelles explications Küng peut-il donner par rapport à cette chute ? «Quand je roule en plein effort, je suis presque aveugle. Je ne vois que quelques mètres en avant», décrit-il. Couché sur son vélo, à la recherche d'une position aérodynamique la meilleure possible, il peut maintenir la vitesse qu'en gardant la tête baissée et en suivant les instructions dans l'oreillette.

Son staff l'avertit en cas d'obstacles ou de virages serrés, il lui dit quand il peut pousser à fond ou faire preuve de prudence dans certains passages. Dans le cas concret, le guidage n'a pas fonctionné. Le virage se refermait très légèrement à droite, et le responsable dans la voiture suiveuse n'a pas donné d'alarme.

Il est aussi important qu'il ne parle pas tout le temps afin que le coureur puisse pleinement se concentrer. Küng a été trompé par une ligne blanche sur le côté gauche de la route. Il l'a suivie et n'a pas vu qu'elle conduisait vers des barrières ainsi disposées comme un aiguillage pour que les cyclistes continuent sur la droite de la chaussée.

«Tout est allé très vite»

«Nous avons une fois encore revu le guidage», explique Küng, qui arbore encore une cicatrice sur le front. «Tout est allé très vite, car en quelques secondes je parcours 50 m.» Cet accident va demander à ce que la procédure de guidage soit affinée dans l'optique des Jeux olympiques de Paris et des Mondiaux à domicile à Zurich.

Il reste cependant quelques points d'interrogation. Lors des courses aux médailles, Küng n'est pas accompagné par du personnel de son équipe Groupama-FDJ, mais par du staff de Swiss Cycling. Or, la Fédération ne sait pas encore quels fonctionnaires recevront une accréditation pour Paris 2024.

Küng refuse aussi de critiquer le fait qu'on l'ait laissé poursuivre la course après sa cabriole. Selon le règlement de l'UCI, il aurait dû être stoppé, mais cela n'a pas été le cas. Swiss Cycling a avoué son erreur et a expliqué les raisons quelques jours après les faits: «Après une chute, un athlète remonte sur son vélo comme par réflexe. De plus, depuis la voiture, on ne voit le coureur que depuis derrière et il est donc difficile d'estimer la gravité de ses blessures.»

Douleur émotionnelle

Outre les blessures physiques, la chute a laissé Küng avec une douleur émotionnelle. «Je n'ai plus mon alliance. Sur les photos prises à l'arrivée, elle est encore là. Mais à Saint-Gall, quand on m'a retiré le plâtre, elle avait disparu», explique-t-il. Le Thurgovien a téléphoné aux médecins, mais sans succès jusqu'ici.

Il est probable que l'alliance ait été retirée à l'hôpital aux Pays-Bas vu que les doigts étaient très enflés. «Je n'ai aucun souvenir de cette phase», avoue le Suisse.

Depuis une semaine, il a pu remonter sur le vélo. Il roule vers chez lui, mais il ira en Espagne dès le mois de décembre. Les grands objectifs de 2024 à Paris et Zurich sont déjà dans l'esprit, mais il s'agit d'abord de se préparer pour les classiques du printemps.

ATS, par Hans Leuenberger