Le saut d'obstacles suisse vit une période dorée grâce à Steve Guerdat et Martin Fuchs, nos 1 et 2 mondiaux. Leur retenue contraste avec la fierté légitime des organisateurs du CHI de Genève (12-15 décembre), qui tenaient mardi leur conférence de presse d'avant concours.
«C'est une jolie période pour le sport équestre suisse, pour sa médiatisation notamment», souligne d'entrée Steve Guerdat, qui mène le bal dans la hiérarchie. «Mais cela ne change rien pour moi d'être no 1 ou no 15 mondial», poursuit le champion olympique de 2012, qui ne se voit par ailleurs pas comme une locomotive.
«Je n'ai pas l'impression de jouer ce rôle. Mais si on me dit que ce que je fais aide et motive les plus jeunes, c'est le plus beau compliment qu'on puisse m'adresser», souligne le Jurassien de 37 ans. «Steve est une idole pour tous les cavaliers suisses, et pas seulement pour moi», glisse Martin Fuchs, de 10 ans son cadet.
«Il nous tire vers le haut, et il nous a toujours aidés autant qu'il le pouvait lors des épreuves par équipe», enchaîne le champion d'Europe 2019, pour qui le classement importe aussi peu que la notoriété. «En étant plus connu, je consacre un peu plus de temps à la presse. Mais sinon, ça ne change rien: quand je suis en selle, c'est pour gagner. Que je sois no 1 ou no 20 mondial», lâche-t-il.
L'émulation est néanmoins bien réelle entre ces deux amis de longue date. «C'est toujours sain d'avoir de la concurrence», rappelle Steve Guerdat. «C'est d'autant plus agréable avec cette belle amitié qui nous lie. Nous nous entraînons très souvent ensemble, nous nous aidons mutuellement. Les succès de l'un font avancer l'autre, et vice et versa», explique-t-il.
Et pourtant, les deux hommes ne font pas grand cas de leur statut de nos 1 et 2 mondiaux. «Honnêtement, on n'en a jamais parlé ensemble», assure Steve Guerdat. «A une exception: lorsqu'on avait évoqué la qualification pour les JO de Tokyo. Si nous n'avions pas obtenu notre place par équipes, un seul cavalier aurait pu être aligné en individuel. Ca aurait été désagréable», explique le Jurassien.
«Ce n'est pas un mensonge, ce classement importe peu», répète-t-il. «C'est une récompense. Mais je ne contrôle pas ce classement. Ca m'est arrivé de recevoir des messages de félicitations sans savoir qu'il avait été publié. Ce qui importe, c'est de prendre du plaisir avec mes chevaux. La performance réalisée sur chaque concours est plus importante que ce classement.»
Mais «cela nous donne confiance d'être nos 1 et 2 mondiaux. Une confiance mutuelle», concède tout de même Steve Guerdat. «Je m'entraîne avec le père de Martin, Thomas, depuis presque quinze ans. Nous savons donc que notre système, basé sur des choses simples, fonctionne. Cela nous permet de ne pas tergiverser lorsque les choses se déroulent un peu moins bien.» Ce qui est devenu rare.