Giro 2018 Froome: "Je n'ai jamais fait quelque chose comme ça de toute ma carrière"

26.5.2018

Un coup de folie! le Britannique Chris Froome a conduit un raid solitaire de 80 kilomètres pour gagner la 19e étape du Giro à Bardonecchia.

Chris Froome a signé une victoire retentissante sur les routes du Giro aujourd'hui
Chris Froome a signé une victoire retentissante sur les routes du Giro aujourd'hui
Keystone

Le quadruple vainqueur du Tour s'est emparé du maillot rose après un numéro d'une autre époque dans une étape de haute montagne. A deux jours de l'arrivée à Rome, il a pris les commandes de la course avec 40 secondes d'avance sur le Néerlandais Tom Dumoulin, vainqueur sortant du Giro.

"C'est complètement fou de vivre une étape comme ça", a réagi le Français Thibaut Pinot, qui a repris place sur le podium (3e à 4'17) après les défaillances en série de cette étape-reine franchissant le colle delle Finestre, le point le plus haut de ce Giro à l'altitude de 2178 mètres. A Jafferau, Froome a précédé son suivant, l'Equatorien Richard Carapaz, de trois minutes. Dans sa cavalcade qui a duré près de deux heures et demie, il n'a jamais faibli. Tout juste a-t-il lâché une poignée de secondes dans la très dure ascension finale au-dessus de Bardonecchia (7,2 km à 9,1 %).

Froome a attaqué sur la terre battue du col le plus haut du Giro (Finestre), à 6 kilomètres du sommet. Il a creusé l'écart sur cette route défoncée, entre les névés, et a basculé avec 40 secondes d'avance sur le petit groupe de poursuite. Le Britannique a accru son avance dans la descente et, surtout, dans la montée roulante vers Sestrières (2'40), malgré la poursuite animée par Dumoulin, rien moins que le champion du monde du contre-la-montre, et Pinot. Bluffant!

Le calvaire de Yates

"Je n'ai jamais fait quelque chose comme ça de toute ma carrière", a déclaré Froome dont le raid a rappelé des échappées du calibre de celles qui ont marqué l'histoire du Tour: l'Italien Claudio Chiappucci en 1992 (sur la route de Sestrières) ou, plus récemment, l'Américain Floyd Landis en 2006 (Morzine). Landis avait ensuite été déclassé pour dopage.

Derrière Froome, le groupe de poursuite a eu du mal à s'entendre. Carapaz s'est contenté de suivre, tout comme le Colombien Miguel Angel Lopez, son rival pour le maillot blanc de meilleur jeune. Dumoulin, valeureux jusqu'au bout, n'a trouvé concours à l'approche de Jafferau qu'auprès de Sébastien Reichenbach, le lieutenant valaisan de Pinot. Sixième de l'étape à 6'13 de Froome et protagoniste de la journée, le Valaisan de Groupama FDJ a aidé autant qu'il a pu son leader Thibaut Pinot dans les différentes ascensions. Dommage qu'il n'ait pas su négocier comme il aurait fallu la descente de Sestrières.

"Pour prendre le maillot, je devais faire quelque chose de fou", a commenté Froome, qui est apparu au bord des larmes après l'arrivée. "Je ne pouvais pas attendre la dernière montée". "Le colle delle Finestre était l'endroit idéal pour attaquer. La route en terre m'a rappelé les routes africaines", a ajouté le Britannique (33 ans), qui a grandi au Kenya puis en Afrique du Sud.

La performance hors normes de Froome a éclipsé la défaillance complète de son compatriote Simon Yates, en tête du Giro depuis l'Etna (6e étape). Le porteur du maillot rose a été distancé très tôt, à plus de 86 kilomètres de l'arrivée, dans l'interminable ascension du Finestre (18,5 km). Le calvaire de Yates - plus d'un quart d'heure perdu en 12 kilomètres - s'est prolongé jusqu'à la ligne, franchie avec un retard de l'ordre d'une quarantaine de minutes. Autre perdant du jour, le grimpeur italien Domenico Pozzovivo a reculé de la troisième à la sixième place du classement. Le cyclisme italien, qui a perdu son champion national Fabio Aru (abandon en début d'étape), a vécu une journée noire.

Froome, vainqueur pour la deuxième fois dans le Giro, aborde la 20e et avant-dernière étape en position de force. Même s'il reste trois grandes ascensions dans le val d'Aoste pour rejoindre Cervinia. Le Britannique, qui encourt une possible suspension pour son contrôle antidopage anormal de la dernière Vuelta, n'est plus qu'à 48 heures de triompher pour la première fois dans le Giro.

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