Cette fois, il faudra un vainqueur. Deontay Wilder, champion du monde WBC en titre, retrouve Tyson Fury, le seul boxeur à lui avoir résisté sur un ring, pour un «rematch» qui s'annonce déjà comme le combat de l'année chez les lourds, samedi à Las Vegas.
Voilà presque deux décennies et le choc remporté en 2002 par Lennox Lewis contre Mike Tyson que la catégorie-reine n'avait pas connu pareils frissons. L'engouement pour ce rendez-vous est tel que les prix des places au marché noir vont jusqu'à 11'000 dollars pièce.
Un nul – le seul concédé par ces deux invaincus – avait départagé l'Américain et l'Anglais en décembre 2018 à Los Angeles. Wilder, longtemps dominé, avait conservé in extremis sa ceinture en envoyant au tapis, à deux reprises, Fury qui a su se relever.
«Le premier affrontement a été incroyable, très controversé. Nous avons laissé les gens dans la confusion quant à savoir qui avait gagné... Là, nous allons tout régler. C'est le jour du jugement dernier. Tout le monde va savoir», a résumé Wilder à la presse.
Contrairement à ce que suggèrent les patronymes des combattants, «sauvagerie» et «fureur» ne seront pas forcément au rendez-vous sur le ring du MGM Grand. Tout simplement parce que ni l'une ni l'autre n'animent ces deux grands pugilistes aux styles différents.
«Prêt pour la guerre»
Deontay Wilder est ce boxeur capable, comme aucun autre, d'attendre le temps nécessaire, voire de subir pendant plusieurs rounds, pour mieux foudroyer son adversaire avec sa terrible droite à la moindre ouverture. Tyson Fury, sous ses airs fantasques, est surtout un grand technicien. Sa boxe est variée, imprévisible. Son art de l'esquive est maîtrisé, sa résistance à toute épreuve.
«Je n'ai jamais été aussi prêt et concentré pour un combat. Vous allez voir le meilleur Tyson Fury qui soit», a assuré cette semaine le Britannique de 31 ans (29 victoires, dont 20 avant la limite, 1 nul). «Je suis en forme, confiant, épargné par les blessures. Je suis prêt pour la guerre, qu'elle dure un round ou douze», a insisté le «Gipsy King», déterminé à boxer «avec agressivité pour en finir avant la limite» et apparu très affûté physiquement.
«S'il va au combat contre moi, ce n'en sera que plus intéressant. Je ressens en lui une nervosité depuis notre premier combat. Quand on va au tapis, on n'oublie jamais celui qui a fait ça et quand on se retrouve à nouveau face à lui, ça ne peut qu'être stressant», a soutenu Wilder. «Il peut être touché et blessé assez souvent. C'est la plus grande chose que j'ai apprise en le combattant. C'est un boxeur unidimensionnel», a répondu Fury tout en reconnaissant son «erreur commise la dernière fois de ne pas lui avoir fait payer quand il a été blessé».
Une ère dorée
L'Américain (42 victoires dont 41 avant la limite, 1 nul) songe lui à exploiter une faiblesse apparue rouge sang lors du dernier combat de son adversaire face à Otto Wallin, lorsque ce dernier lui a infligé une énorme coupure au-dessus de l'oeil droit. Frôlant le KO technique pendant neuf rounds, Fury s'était finalement imposé aux points, avant de se faire poser plus de 40 points de suture.
«J'ai vraiment hâte de recouper cet oeil. Une fois qu'il sera rouvert, que du sang coulera sur son visage, nous verrons s'ils le laissent continuer. Cela dépendra des médecins, parce que je viens pour le tuer», a-t-il prévenu.
Au-delà des mots, ce combat vient boucler une boucle de deux années comme les poids lourds n'en ont plus connues d'aussi passionnantes depuis longtemps. Leur première confrontation était venue clore une année 2018 également marquée par la victoire remportée de haute lutte par le même Wilder aux dépens du Cubain Luis Ortiz, et par la défaite surprise du Britannique Anthony Joshua face à l'Américain Andy Ruiz, qui lui avait ravi les titres WBA, WBO, IBF.
Depuis, Joshua a récupéré ses ceintures face à Ruiz, Wilder a une nouvelle fois foudroyé Ortiz et Fury a encore montré qu'il se passait toujours quelque chose quand il est sur un ring, avec son combat à la «Rocky» face à Wallin. Autant de combats indécis, spectaculaires, enthousiasmants. «Wilder-Fury II» n'a pas encore donné son verdict que tout le monde espère déjà voir, outre une revanche qu'on imagine déjà entendue, un combat entre le vainqueur et Joshua pour la réunification des titres. Preuve que l'actuelle ère dorée des poids lourds est loin d'être finie.