Il y a 34 ans Un gamin de 19 ans illuminait le basket suisse

ATS

12.4.2020

On vous parle d'un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, pour reprendre une chanson célèbre. Celui du temps béni des finales de la Coupe de Suisse à la patinoire des Vernets.

Champel Genève avait signé le doublé en remportant également la Coupe de Suisse en 1987.
Champel Genève avait signé le doublé en remportant également la Coupe de Suisse en 1987.
Keystone

La première, en 1981, avait vu Nyon s'imposer 96-95 devant Vevey grâce à un duo étranger formé de Fran Costello, alors le barbu le plus célèbre du basket suisse, et de Kim Goetz. Mais personne ne peut oublier celle du 12 avril 1986, le jour où un collégien de 19 ans devait réussir le tir à 3 points le plus important d'une carrière qui allait devenir l'une des plus belles du basket suisse.

Devant plus de 4500 spectateurs, Olivier Deforel armait au «buzzer» ce tir primé qui envoyait Champel en prolongation face à un Pully que l'on disait invincible à l'époque avec deux étrangers remarquables – Vince Reynolds et David Brown – et surtout avec le joueur au passeport suisse – Dan Stockalper – le plus décisif sans doute de l'histoire du basket helvétique. Portés par le public et par la magie de ce tir à 3 points que personne n'avait vu venir, les Genevois s'imposaient finalement 97-91.

Même si 34 ans ont passé, Olivier Deforel n'oubliera jamais ce samedi 12 avril 1986 et cette finale de la Coupe de Suisse d'une autre époque. L'époque où les clubs suisses possédaient grâce à leurs mécènes d'une très belle enveloppe, beaucoup plus conséquente que celles d'aujourd'hui, pour recruter les joueurs étrangers. «Il y avait eu Billy Ray Bates à Fribourg et Reggie Gaines à Nyon, se souvient-il. Mais surtout Ed Murphy avec nous !»

Une véritable icône à Champel

A l'automne 1985, le président de Champel Pierre Touillaud avait réussi le plus beau transfert de son histoire. Il avait recruté Ed Murphy, qui était devenu une véritable icône à Limoges après avoir mené le club à la victoire tant dans le Championnat de France qu'en Coupe Korac.

«Nous avions perdu nos cinq premiers matches de championnat. Nous jouions le sixième à Monthey, se souvient Olivier Deforel. Et lorsque nous arrivons dans vestiaire, Ed Murphy était là. Prêt à jouer pour nous. C'était presque irréel. A l'époque, on n'avait de la peine à suivre la NBA à la télévision. On regardait plutôt le championnat de France. Et on savait tous dans l'équipe combien Ed Murphy pouvait être très fort !» Il était considéré comme l'un des meilleurs joueurs américains qui évoluaient alors en Europe.

Son intelligence de jeu, la manière qu'il avait de s'approcher toujours du panier sans avoir l'air d'y toucher et, bien sûr, son adresse devaient métamorphoser la formation genevoise qui devait cueillir le titre la saison suivante. Mais pour cet exercice 1985/1986, Champel était parti de trop loin pour nourrir l'espoir de remporter le championnat. Il restait la Coupe.

International à 75 reprises, Olivier Deforel a joué jusqu'à 34 ans. Après Champel, il a évolué à Vevey, à Versoix, à... Pully et à Nyon. Mais pour l'amateur de basket, il restera à jamais comme le héros de la plus belle finale de l'histoire. «Je me rends souvent aux Vernets pour encourager Genève-Servette, dit-il. Il n'est pas rare que des gens viennent alors me parler de ce panier à 3 points.»

Un panier qui lui aura permis de toucher la prime de 500 francs promise par son président en cas de victoire. «L'argent n'était pas vraiment un sujet, glisse-t-il. J'avais un contrat qui m'assurait d'être payé 10 francs par entraînement. Cela suffisait à mon bonheur.»

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