Figure du monde hippique, l'ex-propriétaire de chevaux José Bruneau de La Salle, 78 ans, a été condamné mardi à 30 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir «imposé des atteintes sexuelles à un mineur de moins de 15 ans», fils d'un célèbre jockey.
Dénonçant «une confiance trahie» entre un enfant et un adulte, la procureure avait requis à son encontre 4 ans de prison dont 3 ans avec sursis - la partie ferme pouvant être accomplie sous bracelet électronique à domicile -, une obligation de soins et l'inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais). En plus de la peine de 30 mois avec sursis, le tribunal a effectivement ordonné son inscription au Fijais.
Les faits, que nie farouchement le prévenu, mis en examen en juin 2019, se seraient déroulés entre 2006 et 2009 alors que le plaignant, Grégory Pieux, âgé aujourd'hui de 28 ans, avait entre 9 et 13 ans.
«Je me conforte avec ma conscience. Je suis capitaine de mon âme. Je sais ce que j'ai fait et ce que je n'ai pas fait», s'est défendu l'ancien membre de l'organisme France Galop qui organise et réglemente les courses hippiques en France, longtemps proche de l'ancien ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua.
Fils de la légende Christophe Pieux
Selon Grégory, fils de Christophe Pieux, une légende des courses d'obstacles, jockey aux 2’000 victoires, sacré 15 fois Cravache d'or, les agressions sexuelles à son encontre auraient commencé peu après la mort brutale de sa mère en décembre 2005. Proche de la famille Pieux au point d'avoir à leur domicile dans l'Oise «une chambre d'ami», surnommée «la chambre de José», José Bruneau de La Salle aurait profité de la situation pour agresser sexuellement le jeune garçon.
Ainsi, a rappelé le président de la 15e chambre correctionnelle, le prévenu aurait «de manière répétée» touché le sexe ou masturbé le jeune garçon quand il était seul avec lui dans «la chambre de José». Des agressions sexuelles se seraient également déroulées en voiture quand l’adulte emmenait le pré-adolescent sur des champs de courses.
Le jeune homme, présent à l'audience, avait porté plainte contre son agresseur en juillet 2018. «J'étais tétanisé, je faisais semblant de dormir (...) J'ai longtemps gardé cette honte pour moi», a expliqué Grégory à la barre.
Une autre procédure en cours
En strict costume sombre, l'ancien propriétaire de chevaux de course nie tout et a soutenu, prenant parfois de haut le tribunal, que Grégory Pieux serait en fait «manipulé» par un autre plaignant, Jérémy Garamond, «fou, mythomane et frustré», selon lui.
Âgé aujourd'hui de 48 ans, M. Garamond accuse également M. Bruneau de La Salle d'agressions sexuelles quand il était âgé de 14 ans en 1990. Il est au coeur d'une autre procédure, toujours en cours, engagée devant la justice civile. «José Bruneau de La Salle, admiré dans le milieu hippique, a abusé de sa posture d'autorité», a dénoncé l'avocate du plaignant, Me Rachel-Flore Pardo.
Alors même que «les faits sont corroborés», selon le parquet, l'avocat de M. Bruneau de La Salle, Me Daniel-Eric Siksous a plaidé quant à lui la relaxe affirmant que son client était la victime de l'"acharnement" de personnes «cherchant à lui nuire».