Les meilleurs gymnastes suisses retrouvent enfin la scène internationale pour une répétition générale très attendue en vue des JO de Tokyo.
Giulia Steingruber et ses équipiers auront qui plus est le redoutable honneur d'évoluer à domicile, à Bâle, lors des championnats d'Europe.
Ces joutes sont les premières pour les gymnastes helvétiques depuis les Mondiaux de Stuttgart en octobre 2019. La Fédération suisse (FSG) avait, comme bien d'autres de ses consoeurs, décidé de n'envoyer aucune délégation à Mersin en Turquie pour des Européens reprogrammés en décembre dernier.
Les points d'interrogation n'en sont que plus nombreux, la comparaison avec la concurrence ayant été réduite à néant. «L'objectif est avant tout de livrer un bon concours avec des exercices propres», souligne d'ailleurs celle qui demeure à 27 ans l'incontestable leader de l'équipe nationale.
La St-Galloise n'a plus pris part à des championnats d'Europe depuis l'édition 2016. Elle avait alors brillé devant son public, à Berne, s'imposant au saut et au sol pour cueillir ses quatrième et cinquièmes médailles d'or européennes. Deux mois plus tard, elle s'était parée de bronze aux JO de Rio, au saut de cheval.
Une image ternie
Cinq ans et une pandémie plus tard, la gymnastique suisse fait désormais plus parler d'elle pour les abus dont certain(e)s athlètes ont été victimes que pour ses résultats. Giulia Steingruber aura d'autant plus à coeur de briller pour replacer le sport au centre de l'attention médiatique.
«Je me réjouis énormément de disputer ces Européens», lâche la médaillée de bronze des Mondiaux 2017 (toujours en saut). C'est d'ailleurs forcément à son agrès de prédilection que les espoirs de médaille de Giulia Steingruber, dont la motivation est intacte malgré la pandémie, sont les plus grands.
Mais la St-Galloise ne prendra aucun risque technique et misera sur son programme «classique», à savoir un Chusovitina et un Yurchenko avec deux vrilles. Avec un coefficient de difficulté moindre, la qualité de l'exécution sera ainsi primordiale, et la moindre imprécision se paiera cash.
Giulia Steingruber, qui vise un top 12 au concours général, espère évidemment pouvoir faire parler son immense expérience. Elle estime en outre également avoir les moyens de se qualifier pour les finales du sol et de la poutre. «Et tout est toujours possible quand on se retrouve en finale», conclut-elle.
Brägger peut aussi y croire
Malgré la retraite inattendue d'Oliver Hegi, l'équipe de Suisse masculine a elle aussi des atouts à faire valoir à Bâle. La FSG a pour objectif l'obtention d'une médaille, deux ou trois autres participations à une finale aux agrès ainsi qu'un top 12 dans le concours général.
Pablo Brägger (concours général et barre fixe), Christian Baumann (concours général et barres parallèles) et Benjamin Gischard (sol) sont les mieux armés pour atteindre les objectifs de leur Fédération. Sacré champion d'Europe en 2017 à la barre fixe, Pablo Brägger rêve d'un destin similaire.
A 28 ans, l'Argovien a les épaules suffisamment larges pour résister à une pression qui sera forcément grande malgré l'absence de spectateurs. Il lui reste deux opportunités de s'illustrer au plus haut niveau, lui qui tirera sa révérence après le grand rendez-vous olympique de Tokyo.
Pablo Brägger prévoit de présenter un exercice au coefficient de difficulté élevé (6,6) à la barre fixe. «Cet exercice comporte de nombreux éléments de vol, qui sont forcément plus risqués», glisse l'Argovien, pour qui tous les espoirs seront permis s'il parvient à gommer à deux reprises un maximum d'imperfections.