Tour des Flandres Wout Van Aert, un doute à lever

AFP / ATS

2.4.2023 - 05:00

Souvent placé, rarement récompensé : Wout Van Aert a pris du retard dans la chasse aux Monuments du cyclisme. Le Tour des Flandres lui offre dimanche une nouvelle occasion de lever le doute qui commence, insidieusement, à s'installer.

Wout Van Aert a pris du retard dans la chasse aux Monuments du cyclisme.
Wout Van Aert a pris du retard dans la chasse aux Monuments du cyclisme.
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Keystone-SDA, AFP / ATS

Le Belge lui-même l'avoue: les deux courses les plus importantes de l'année pour lui sont sur le pas de la porte avec le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, le dimanche suivant.

Ce sont deux des cinq plus grandes classiques du calendrier, les Monuments, des rendez-vous pour hommes forts sur des pavés assassins et des terres flandriennes qui vouent un culte séculaire au cyclisme, où la bière coule à flot à l'approche des héros.

Victorieux au GP E3 il y a une semaine, magnanime dimanche sur Gand-Wevelgem où il a offert sur un plateau la victoire à son équipier Christophe Laporte, le coureur de la Jumbo-Visma avance en favori sur «le Ronde». Ce n'est pas la première fois.

Une équipe irrésistible

Rouleur tous terrains, taillé pour ce genre de courses avec son physique de décathlonien, l'homme d'Herentals est souvent le premier nom qu'on coche lorsqu'il s'agit de désigner celui qui porte la pancarte, surtout sur ses terres.

D'autant qu'il peut compter sur une équipe irrésistible qui a fait main basse sur les cinq premières classiques pavées de la saison avec notamment un Laporte qui marche sur l'eau, même si Dylan van Baarle, convalescent, sera absent.

Reste qu'à ce jour, en dépit d'une kyrielle de places d'honneur – 2e du Tour des Flandres 2020 et de Paris-Roubaix 2022, 3e de Liège-Bastogne-Liège 2022, onze Top 10 au total –, Wout Van Aert ne compte toujours qu'un seul Monument à son palmarès: Milan-Sanremo en 2020.

Critiques

Beaucoup s'en contenteraient comme l'oeuvre d'une vie. Mais pour un coureur célébré comme le Messie en Belgique depuis ses plus jeunes années, c'est en fin de compte assez peu, alors qu'il n'est aussi «que» vice-champion olympique et vice-champion du monde.

Et à 28 ans, le temps presse. Surtout lorsqu'on considère que son grand rival, le Néerlandais Mathieu van der Poel, compte déjà trois Monuments à son actif (Tour des Flandres 2020 et 2022, Milan-Sanremo 2023), un record pour un coureur en activité qu'il partage avec Tadej Pogacar.

Les deux dynamiteurs seront à nouveau les principaux concurrents de Van Aert dimanche sur les 19 monts à escalader sur un parcours de 273 kilomètres entre Bruges et Audenarde. Dans leur duel installé depuis l'enfance, l'avantage psychologique semble aujourd'hui pencher en faveur de Van der Poel qui reste sur une victoire sans contestation à Sanremo et, aussi, aux Mondiaux de cyclocross.

En Belgique en tous cas, la pression s'intensifie. Et le plat pays ne manque pas d'anciennes légendes comme Eddy Merckx, Tom Boonen ou Johan Museeuw pour critiquer les choix de Van Aert. Y compris son geste en faveur de Christophe Laporte à Welvegem qui pourrait pourtant s'avérer un investissement judicieux puisque le Français, reconnaissant à vie, s'est dit plus déterminé que jamais à «tout donner pour Wout».

«Rien à prouver»

Van Aert connaît les attentes. «Si les gens me voient gagner le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, c'est aussi quelque part un compliment. Je travaille également très dur pour les gagner. Alors les attentes sont justifiées», dit-il.

Mais elles pèsent aussi. Et son geste de défi après sa victoire au GP E3, lorsqu'il a fixé la caméra de la moto en lançant un sonore «je n'ai rien à prouver» a été interprété comme une réponse à ceux qui le placent dans l'obligation de gagner un Monument pavé.

Forfait l'an dernier à cause du Covid, le Flamand, qui a failli être renversé par une bétonneuse mardi à l'entraînement, a des raisons d'être pressé pour mettre fin à ce qui ressemble de plus en plus à une malédiction.

L'ennui c'est qu'il fait parfois tellement peur, notamment au sprint, que personne ne veut rouler avec lui lorsqu'il s'agit de revenir sur un échappé par exemple. Mais larguer Van der Poel et Pogacar, qui s'étaient livrés à un formidable mano a mano l'année dernière, paraît tout aussi compliqué. Pour Wout Van Aert, les Monuments restent une équation à résoudre.