Les contraintes sanitaires, l'absence de neige et les violations des droits de l'Homme ont fait couler beaucoup d'encre avant même le début des JO. Les athlètes sont confrontés un autre défi, le vent, et la chance pourrait bien être le principal facteur X à Pékin.
Le biathlète haut-valaisan Benjamin Weger dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas en Chine: «Une course de biathlon dans un tel endroit, ce n'est pas possible». Les skieurs alpins, les sauteurs à ski ou encore les acrobates du Big Air engagés dans ce début de quinzaine tiennent souvent le même discours.
La descente messieurs a ainsi été reportée de dimanche à lundi et la régularité d'autres épreuves pourrait être remise en cause par les caprices du vent, dont la présence à cette période aux abords de Pékin n'a pourtant rien d'étonnant.
Déjà à l'occasion des entraînements de descente, on ne parlait pratiquement que de cela, chacun craignant que le vent ait une influence décisive lors de l'épreuve-reine du sport no 1 des Jeux d'hiver. Le tracé de cette descente est bien digne des JO, mais les conditions météorologiques ne le sont (pour l'heure) pas.
Les biathlètes craignent une loterie similaire, même si la hiérarchie a été respectée jusqu'ici. Sur le stand de tir, une rafale au mauvais moment peut briser un rêve, mais sans comporter le moindre risque. Ce n'est en revanche pas le cas sur les différents tremplins, où les sportifs et sportives sont bien plus vulnérables.
Danger
«C'est un peu un jeu de hasard», a constaté le skieur freestyle Kim Gubser avant son entrée en lice en Big Air. «Normalement, tu peux lire les conditions de vent sur les drapeaux. Mais ici, le moindre changement a de grandes conséquences sur la vitesse à laquelle tu arrives sur le saut», a-t-il souligné.
Les conditions devraient être meilleures pour les épreuves de slopestyle, grâce à l'apport de «windstoppers». Le tremplin de saut à ski futuriste de Zhangjiakou est également avantageusement niché, entre deux rochers. Pourtant, le fait que l'on puisse sauter dans ces conditions tient du miracle.
Le salut vient des filets coupe-vent qui protègent les tremplins des deux côtés. Mais les sauteurs à ski ne sont – comme toujours – pas non plus totalement à l'abri du vent, très tournant. Killian Peier (37e et non qualifié pour la finale) en a ainsi fait l'amère expérience dimanche lors du concours au tremplin normal.
Le temps presse
Les skieurs alpins n'ont pour l'heure pas véritablement été lésés. Mais le report de la descente messieurs donne déjà des sueurs froides aux organisateurs: les hommes doivent encore disputer le super-G et la descente du combiné d'ici jeudi, avant de laisser la place aux dames sur la piste réservée aux épreuves de vitesse.
Avec la pression croissante du temps, le risque de voir une course se dérouler dans des conditions irrégulières augmente ainsi chaque jour. Il faudra donc savoir maîtriser les éléments, comme le sauteur japonais Ryoyo Kobayasahi l'a si bien fait dimanche, et bénéficier d'un soupçon de chance aussi...