Avant de tirer sa révérence au terme de cette saison et de ses quatrièmes Jeux, Dario Cologna est revenu sur ses quatre titres olympiques qui ont marqué l'histoire. Il a construit différemment chacun de ses exploits.
«Chaque titre a sa propre histoire, tous me tiennent à coeur d'une façon égale. Même si c'est sans doute à Sotchi que j'étais au sommet de ma forme», a observé mercredi le Grison, double médaillé d'or en Russie 2014 (skiathlon et 15 km), quatre ans après son sacre à Vancouver (15 km) et quatre ans avant sa dernière couronne olympique en Corée du Sud (15 km encore).
Scénarios divers
A Vancouver en 2010, Cologna évoluait l'esprit libre, en tant qu'étoile montante du ski de fond mondial. A Sotchi, malgré une blessure avant les JO qui l'a contraint à une course contre-la-montre pour arriver en forme, il était au firmament de son potentiel physique. Et à Pyeongchang en 2018, il sortait d'une traversée du désert et a su déjouer les pronostics grâce à sa classe naturelle pour réaliser sa dernière prouesse.
Le champion du Val Müstair est le seul fondeur au monde à avoir conquis quatre médailles d'or olympiques individuelles, avec le Norvégien Björn Dählie, qui en compte même six.
Aux Championnats du monde en revanche, le palmarès de Cologna est relativement modeste pour un athlète de son standing (un titre, deux médailles d'argent). Quatre fois vainqueur du gros globe de cristal de la Coupe du monde et quadruple vainqueur du Tour de Ski, il a remporté tout ce dont un fondeur peut rêver.
Quand on lui demande d'évoquer ses souvenirs, le Grison relève avoir été inspiré par Simon Ammann à Vancouver. Un jour après avoir pu contempler au Village olympique une des deux médailles d'or remportées par le sauteur saint-gallois au Canada, il décrochait l'or à l'occasion de sa première course aux JO (sur le 15 km en skating).
En 2014, le skiathlon de Sotchi lui a permis de gagner son unique titre olympique dans une épreuve avec départ en ligne, le skiathlon, quatre dixièmes devant le Suédois Marcus Hellner. Les départs en ligne (mass starts) nécessitent d'être très fort au finish, a priori pas la qualité première de Cologna, bien davantage que pour les courses individuelles aux départs échelonnés.
Revenu de loin
«Emotionnellement, ce succès en skiathlon reste peut-être le moment le plus fort pour moi aux JO», observe l'intéressé. Trois mois plus tôt, il s'était déchiré les ligaments du pied droit lors d'un footing. Sa présence au départ à Sotchi relevait à elle seule déjà d'un petit exploit.
Libéré par ce succès assez inattendu, il doublait la mise cinq jours plus tard sur le 15 km en classique, avec près d'une demi-minute d'avance. «La course parfaite», devait-il dire.
En 2018, à Pyeongchang, il sortait de quatre années assez ternes dans les compétitions majeures pour triompher une troisième fois sur le 15 km. Cette fois, il ne pouvait retenir ses larmes abondantes à l'arrivée. Les suiveurs n'avaient jamais vu Cologna aussi expansif et touché au terme d'une course.
Aujourd'hui, il reste le seul à avoir gagné trois titres olympiques consécutifs dans la même discipline (le 15 km). Un triplé qui impressionne en Scandinavie. «Sur les réseaux sociaux, je reçois de là-bas des messages me disant que si je gagne une quatrième fois le 15 km ici en Chine, ils vont se tatouer mon nom», s'amuse-t-il. Les probabilités sont très faibles, mais l'anecdote est significative.