Stan Wawrinka «Il faut prendre des décisions qui ne sont pas toujours faciles»

ck, ats

24.7.2024 - 09:51

Désormais au crépuscule de sa fabuleuse carrière, Stan Wawrinka (39 ans) participe pour la troisième fois aux JO après 2008 et 2012. Son sacre en double avec Roger Federer en 2008 à Pékin a eu un immense impact sur sa carrière. «Les Jeux, c'est bien plus que le tennis», a-t-il confié à Keystone-ATS en marge du récent tournoi de Gstaad.

A Paris, Stan Wawrinka (39 ans) participe pour la troisième fois aux JO après 2008 et 2012.
A Paris, Stan Wawrinka (39 ans) participe pour la troisième fois aux JO après 2008 et 2012.
ats

Keystone-SDA, ck, ats

Stan Wawrinka, beaucoup de gens se souviennent encore des scènes de liesse de Pékin, lorsque Roger Federer se «chauffait» à vos côtés parce que vous étiez vraiment «on fire». Quels sont vos souvenirs ?

«Les souvenirs olympiques font clairement partie des plus beaux de ma carrière. Les Jeux, c'est bien plus que le tennis, c'est le sport en général. On regarde aussi d'autres sports, on rencontre d'autres sportifs, c'est un vrai plaisir.»

Que représente pour vous cette médaille d'or ?

«Cela reste l'un des plus grands titres de ma carrière. Chaque titre est important à sa manière, mais une médaille olympique, comme je l'ai dit, va au-delà du tennis. Ce ne sont pas seulement les fans de tennis qui regardent, mais tous ceux qui s'intéressent au sport. Donc cette victoire était super importante pour moi.»

Quelle importance a-t-elle eue pour la suite de votre carrière ?

«Chaque expérience et chaque victoire ont une influence à leur manière. Célébrer une telle victoire si tôt dans ma carrière m'a évidemment donné confiance en moi. Partager ces souvenirs avec Roger (Federer) nous a rapprochés pour le reste de nos carrières, y compris pour la Coupe Davis et d'autres choses.»

Cela a permis de tisser un lien spécial entre vous et Federer ?

«Bien sûr. Avec Seve (Severin Lüthi, ancien coach de Federer et capitaine de la Coupe Davis), et évidemment avec Roger. Quand on passe dix jours ensemble, qu'on se bat l'un pour l'autre, cela crée naturellement des liens.»

Et en 2012, vous étiez porte-drapeau de la Suisse...

«C'était un immense honneur, être le porte-drapeau de toute une délégation, avec autant de champions, c'est une expérience incroyable.»

Quel est donc votre souvenir olympique le plus fort ?

«C'est toute la semaine à Pékin. Le temps passé à la Maison Suisse, au village olympique, aux côtés de tous les autres athlètes et surtout aussi des coaches. J'étais encore très jeune. C'était pour moi une chance énorme de passer autant de temps avec ces gens, de discuter avec eux, de jouer aux cartes, de rire ensemble.»

Lorsque Marc Rosset est devenu champion olympique à Barcelone en 1992, vous aviez sept ans.

(Rires) «J'étais encore très jeune!»

En avez-vous néanmoins des souvenirs ?

«Non, pas de cette époque, je n'avais pas encore commencé le tennis. J'ai seulement commencé à l'âge de huit ans. Plus tard, j'ai vu des images, et j'en ai aussi parlé avec Marc. Il m'a raconté beaucoup d'anecdotes à ce sujet. C'est génial pour un pays comme la Suisse d'avoir un champion olympique comme Marc Rosset.»

Commencer le tennis à huit ans, c'est très tard à notre époque. Vous avez grandi dans une ferme, vos parents s'occupaient d'enfants défavorisés. Ce n'est pas un environnement qui semble prédestiné à une carrière sportive professionnelle. Est-ce que cela a été plutôt un avantage ou un inconvénient pour vous ?

«C'est la beauté du tennis, il n'y a pas de chemin idéal. Chacun crée sa propre voie, chacun trouve ce qui lui convient le mieux. Il y a différentes techniques, différents coaches. Au final, il n'y a pas de recette magique, sinon tout le monde ferait comme moi. Je suis très heureux de ma jeunesse et de la façon dont j'ai grandi, de la façon dont j'ai développé mon caractère, de ce que j'ai accompli dans le tennis. C'est beaucoup plus que ce que j'aurais osé imaginer.»

Le fait de savoir garder les pieds sur terre a-t-il également aidé ?

«Oui, mais c'est le cas pour tout le monde. Au tennis, on le voit aussi chez Roger, Rafa (Nadal), Novak (Djokovic) ou maintenant chez Alcaraz ou Sinner. Ce sont d'énormes champions, plus que je ne l'étais ou ne le suis, et ils restent malgré tout incroyablement humbles en dehors du terrain.»

Vous avez manqué les Jeux de 2016 et de 2021, notamment parce que vous aviez une carrière à gérer...

«Dans une carrière aussi longue, on n'a évidemment pas toujours les mêmes priorités. Dans le tennis en particulier, il faut prendre des décisions qui ne sont pas toujours faciles. Coupe Davis, Jeux olympiques, tournois du Grand Chelem, Masters 1000 – on ne peut pas tout jouer si l'on veut atteindre les sommets. C'était compliqué et j'aurais aimé vivre les expériences du Brésil et de Tokyo, mais je ne regrette aucune de mes décisions.»

Si vous n'aviez pas renoncé aux Jeux de Rio, vous n'auriez peut-être pas gagné l'US Open juste après !

«Voilà. Mais avec des si... On ne sait jamais!»

Le fait que les Jeux se déroulent cette année à Paris joue-t-il un rôle dans votre décision d'y prendre part ?

«Bien sûr. Le tennis se joue à Roland Garros, sur terre battue, ce qui facilite aussi les choses du point de vue du calendrier».

Avec quelles ambitions vous présentez-vous à Paris, au cours d'une année jusqu'ici difficile ?

«J'ai simplement envie de donner le maximum. Je veux profiter au maximum de cette expérience olympique, car ce sont probablement mes derniers Jeux. L'ambition est donc de ne pas me fixer de limites et de faire le mieux possible.»

Probablement les derniers Jeux? 2028 n'est donc pas exclu ?

(Rires) «C'est bien trop loin pour y penser.»

Mais la motivation est visiblement toujours là.

«J'espère retrouver un classement (109e actuellement) plus conforme à mes attentes. Mais bien sûr, cette vie sur le circuit de tennis me plaît beaucoup. Il y a cinq ans, je n'aurais jamais pensé être encore là maintenant. Mais la passion est toujours là. Être joueur de tennis professionnel est mon bonheur, mon rêve depuis que je suis jeune. Alors je veux en profiter le plus longtemps possible.»

Jeux Olympiques : les plus grands médaillés de l'histoire

Jeux Olympiques : les plus grands médaillés de l'histoire

Découvrez les légendes des Jeux Olympiques, de Michael Phelps à Usain Bolt ! Plongez dans les moments inoubliables et les exploits de ces athlètes d'exception.

18.07.2024