Orphelin d'Usain Bolt, l'athlétisme se cherche encore une nouvelle superstar. Les JO de Tokyo voient débouler une nouvelle génération exceptionnelle à même de placer sur orbite la succession du mythique Jamaïcain.
Seuls 18 des 43 athlètes sacrés en 2016 à Rio défendront leur couronne, dès vendredi. A côté de vedettes très expérimentées comme Allyson Felix (35 ans), en quête d'une historique 10e médaille olympique sur le tour de piste ou en relais, les nouveaux noms se bousculent au portillon. Cinq records du monde sont déjà tombés cette année, dont ceux du 400 m haies par l'Américaine Sydney McLaughlin (51''90), 21 ans seulement, et par le Norvégien Karsten Warholm (46''70).
Nouvelle donne
Ces deux courses figureront parmi les points forts des dix jours des compétitions d'athlétisme au Stade olympique de la capitale nippone, dont les 68'000 places resteront quasiment inoccupées en raison du huis clos. De quoi redistribuer les cartes dans certaines disciplines comme les sauts ou les sprints, où maints athlètes puisent volontiers leur énergie dans les vivats de la foule. L'extraverti octuple champion olympique Usain Bolt aurait-il été aussi dominateur sans public?
Les deux finales de 100 m, le premier week-end, promettent un feu d'artifice même sans «La Foudre» jamaïcaine. Trayvon Bromell, de retour de l'enfer après trois années blanches suite à une rupture du tendon d'Achille en 2016, a surmonté ses blessures et vaincu ses idées noires. Il est en piste pour un «come-back» à l'américaine.
Les sprinters jamaïcains déçoivent en ce moment mais pas les Jamaïcaines. Shelly-Ann Fraser-Pryce, alias Pocket Rocket ou SAFP, vise un troisième titre olympique sur 100 m. Aucune femme jusqu'à présent n'a gagné trois fois les JO dans la même discipline en athlétisme. Ses récents 10''63 la propulsent favorite, avec sa compatriote et double championne olympique Elaine Thompson-Herah.
Bombes aux pieds
Le sprint féminin est d'une densité exceptionnelle, porté lui aussi par la nouvelle gamme de chaussures à pointes qui chamboule l'athlétisme et fait tomber les records depuis 2019. Si le demi-fond et le fond sont les plus concernés par les nouveautés et termes de lames de carbone ou de mousse, le sprint aussi se chausse de nouvelles «bombes».
Parmi les phénomènes émergents figure l'Américain Erriyon Knighton (17 ans). Il vient de battre successivement les records du monde cadets et juniors d'Usain Bolt sur 200 m, avec une meilleure marque à 19''84. Egalement sur le demi-tour de piste, son compatriote Noah Lyles a aussi le potentiel pour captiver les foules.
Mais que dire de Sifan Hassan? La Néerlandaise tentera le doublé 5000 m-10'000 m, et peut-être même un triplé avec encore le 1500 m, un défi inouï qui peut l'élever au Panthéson. Idem pour l'Américain JuVaughn Harrison s'il réussit son pari insensé de remporter le saut en hauteur et la longueur, lui qui est dans le top 3 mondial dans les deux concours.
Phénomènes
Johannes Vetter, surnommé un peu maladroitement l'«Usain Bolt du javelot» outre-Rhin, entrera dans l'histoire en cas de record du monde. Mais le plus «boltien» des athlètes de concours est sans doute le Suédois Armand Duplantis, recordman du monde à la perche (6m18), charismatique et quasi invincible, qui ira chercher un premier sacre planétaire à 21 ans.
Premier homme sous 2h sur marathon (dans une course non homologuée, mais il reste le meilleur), Eliud Kipchoge emmènera l'armada kényane. Mais ce sont les athlètes des Etats-Unis, avec encore la nouvelle sensation du 800 m Athing Mu (19 ans) ou le «presque» recordman du monde du 110 m haies Grant Holloway (23 ans), qui devraient marquer ces Jeux de leur empreinte et peut-être faire émerger la (ou les) nouvelle «star des stars».