La justice espagnole a ouvert une enquête au lendemain des nouvelles insultes proférées contre Vinicius, l'attaquant brésilien du Real Madrid. Le championnat d'Espagne est de nouveau confronté au fléau du racisme dans ses stades.
Le parquet de Valence, où la star brésilienne a été insultée dimanche lors d'un match de championnat perdu par le club merengue contre l'équipe locale (1-0), a, de sa propre initiative, ouvert des investigations pour un «délit de haine» présumé, a-t-on appris de sources judiciaires. Cette catégorie pénale inclut les insultes racistes.
Devant la presse, le président de la Fédération espagnole (RFEF), Luis Rubiales, a reconnu que le football espagnol avait «un problème de racisme», qui, a-t-il ajouté, «entache toute une équipe, tous les supporters, tout un pays». La Fédération a également demandé l'adoption de «mesures plus vigoureuses», qui pourraient aller jusqu'à la fermeture de tribunes, voire de stades en cas de récidive, ainsi que la saisine de la Commission d'État contre la violence, la xénophobie et le racisme dans le sport.
Plainte
De leur côté, le Real Madrid et l'AFE, principal syndicat des joueurs en Espagne, ont annoncé avoir déposé plainte auprès du parquet général espagnol - au niveau national - pour qu'une enquête soit ouverte sur ces insultes qui constituent juridiquement, selon le club, un «délit de haine». En Espagne, c'est le «comité des compétitions», l'équivalent de la commission de discipline en France, qui est compétent en matière de discriminations dans le football.
Sur un plan plus politique, le gouvernement espagnol, par la voie de son ministre de la Consommation, Alberto Garzón, a réclamé «une réponse ferme» contre ce phénomène qui «montre que le racisme est très ancré chez certains groupes spécifiques de supporters (...)». Ces propos et ces actes s'ajoutent aux nombreux soutiens reçus depuis dimanche soir par Vinicius, à l'exception notable du puissant et sulfureux patron de la Liga, Javier Tebas.
«Singe»
Dimanche, Vinicius, régulièrement ciblé, s'est plaint d'avoir été qualifié de «singe» par des supporters adverses. «Ce n'était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga», a réagi sur Instagram le joueur brésilien âgé de 22 ans, exclu en fin de rencontre après une échauffourée qui a vu son adversaire échapper à une sanction similaire.
L'Espagne, a-t-il ajouté, est «une belle nation, qui m'a accueilli et que j'aime, mais qui a accepté d'exporter au monde l'image d'un pays raciste. Désolé pour les Espagnols qui ne sont pas d'accord, mais aujourd'hui, au Brésil, l'Espagne est connue comme un pays de racistes».
Ses propos n'ont toutefois pas été du goût de Javier Tebas. «Avant de critiquer et d'insulter la Liga, il serait nécessaire que vous vous informiez correctement», a-t-il cinglé, réfutant toute inaction de son instance.
Celle-ci, qui a mis en avant sa «réactivité» dans un communiqué, a assuré avoir transmis huit plaintes cette saison pour des incidents subis par Vinicius, dont une seule a débouché sur une sanction (pour des incidents à Valladolid mi-décembre). Elle s'est engagée à transmettre à la justice le résultat de son enquête si un nouveau «délit de haine» était avéré.