Fanny Smith a «les Jeux de Milan (en 2026) dans un coin de la tête», a-t-elle dit mardi en visioconférence. La Vaudoise en a profité pour évoquer, pour la première fois devant les médias après les JO de Pékin, toutes les émotions traversées après avoir été disqualifiée en finale olympique du skicross, avant de récupérer neuf jours plus tard sa médaille de bronze.
«Je ressens aujourd'hui un immense soulagement, mais il y a aussi de la tristesse car j'ai été privée des émotions qu'aurait procurées la remise de ma médaille sur place à Pékin après la course», a déclaré l'athlète, qui aura 30 ans en mai.
Pour elle, pouvoir prendre part à la finale des JO, un mois après avoir subi une grosse lésion à un genou au Canada, constituait déjà une victoire. «Sur place, à Pékin, il a fallu gérer très précisément les événements, entre la prise des anti-douleurs, l'apprivoisement de la neige, le long échauffement de près d'une heure et demie qu'il m'a fallu avant la course», a retracé la désormais double médaillée de bronze olympique (2018 et 2022) de skicross.
Fanny Smith n'a pas encore sa médaille entre les mains, mais il ne fait guère de doute qu'elle va la récupérer après que la commission d'appel de la FIS a récemment accepté le recours déposé par Swiss-Ski suite à l'incompréhensible disqualification de la Suissesse au terme de sa finale olympique.
«L'élan de solidarité m'a permis de tenir»
En Chine, elle avait franchi la ligne d'arrivée en 3e position, et le résultat n'a pas fait l'ombre d'un doute, pour personne, jusqu'à ce que le jury annonce, sept ou huit minutes plus tard, le déclassement de Fanny Smith. Selon les juges, elle aurait écarté son ski gauche et gêné l'Allemande Daniela Maier.
Ce verdict a suscité la consternation dans le milieu et au-delà, tous pays confondus. «Ce sont tous les messages de soutien que j'ai reçus et le formidable élan de solidarité qui m'ont permis de tenir le coup. Car j'ai vécu un cauchemar, reçu un gros coup de massue», se rappelle l'athlète.
Celle-ci est allée se ressourcer immédiatement après Pékin dans la maison d'un ami en Sardaigne. Elle se dit «encore très affectée par ce qui s'est passé, qu'on ne pourra pas effacer».
En même temps, Fanny Smith est apparue très souriante mardi, bien qu'émue, et combative comme à son habitude. Elle aura près de 33 ans aux prochains JO mais sa niaque n'est pas entamée. «J'aime mon sport, mes sponsors me sont restés fidèles. Et finalement, le point positif de cette médaille gagnée a posteriori est que je pourrai la fêter avec tous les Suisses qui n'ont pas pu être présents en Chine.»
Attendre encore un peu
Fanny Smith ne sera cependant pleinement rassurée que quand elle aura son métal entre les mains. Car la fédération allemande, qui défend son athlète Daniela Maier, en bronze après le déclassement de Fanny Smith puis désormais déchue, a annoncé s'opposer au jugement de la FIS. La procédure n'est pas terminée.
Mais Fanny Smith est remise en selle. «Je suis une compétitrice et je n'oublie pas que je suis 2e du général de la Coupe du monde. Ma saison n'est pas finie», a-t-elle dit. Son genou (et sa tête) ont pu se régénérer ces trois dernières semaines. La championne assure que sa «course-contre-la-montre» pour se remettre en vue de Pékin ne devrait pas entraver sa pleine guérison. «C'est un os qui a été touché, pas les ligaments», a-t-elle expliqué.
Fanny Smith a encore dit que les événements de Pékin auront «un impact» sur la suite de la suite carrière, mais sans préciser lequel. En tous les cas, elle estime que le skicross ne doit «pas prendre une mauvaise direction», en espérant que le verdict des juges – finalement heureusement désavoué – ne soit pas le début d'une nouvelle appréciation du règlement.