Deuxième à Wengen, Beat Feuz entend bien dompter la Streif vendredi et succéder à Didier Cuche au palmarès des descendeurs suisses vainqueurs à Kitzbühel. Mais les Autrichiens et l'Italien Dominik Paris seront de redoutables contradicteurs.
Ce n'est pas samedi mais bien vendredi que les descendeurs entreront en lice, s'élanceront sur cette Streif qui ne pardonne aucune erreur. Météo oblige, le programme a été bouleversé avec la descente vendredi, le slalom samedi et le Super-G dimanche. Sur la mythique piste autrichienne, Beat Feuz se sait attendu. Deuxième en 2016 et l'an dernier, le Bernois tourne autour de cette victoire sur la Streif. En 2017, ne possédait-il pas une seconde d'avance avant de sortir dans la Traverse? "Je ne pense plus à cette chute, explique Feuz. Par contre, je confirme que la ligne tentée il y a deux ans n'est pas recommandée. Enfin, celui qui le souhaite peut toujours essayer, mais il ne verra pas la ligne d'arrivée."
Avec son toucher de neige et sa stabilité sur les skis, Feuz fait évidemment partie des favoris. L’année passée, sans une éclaircie lors du passage de Thomas Dressen, la Streif était pour lui. Cette année, il devra se méfier de son "bourreau" du Lauberhorn, Vincent Kriechmayr, et de la cohorte autrichienne qui voudra logiquement briller à domicile. On pense par exemple au vétéran Hannes Reichelt, très rapide lors du deuxième entraînement et qui s'est imposé en 2014. Et attention à l'Italien Dominik Paris, toujours à l'aise sur le Hahnenkamm avec trois succès, dont deux en descente (2013 et 2017). Sacré en Super-G en 2015, le skieur transalpin gagne toutes les années impaires. Rebelote en 2019?
Ce qui est certain, c'est que la Streif implique un respect du haut en bas. Feuz l'avait appris à ses dépens en 2017. "Il y a deux ans, j'en ai trop voulu, raconte-t-il. A l'époque, j'étais convaincu que je pouvais gagner la course. Ca aurait pu marcher, mais j'avais perdu mon respect pour la piste en fait. J'avais l'impression que la Streif ne me dominait pas, mais que c'était moi qui le faisait." Le dominateur par excellence de la Streif s'appelle Didier Cuche, cinq fois lauréat. Est-ce que le Neuchâtelois a glissé quelques conseils au Bernois par le passé? "Non, il ne m'a pas donné de conseils, raconte Feuz. J'étais déjà assez occupé avec mes propres idées. Il avait tellement d'expérience que je n'aurais pas pu me souvenir de tous les trucs qu'il aurait pu me donner."
Comme à Bormio, Kitzbühel ne laisse aucun répit aux skieurs. Ce n'est pas comme à Wengen où les coureurs ont le temps de jeter un oeil au magnifique panorama comme le rappelle Feuz: "La préparation mentale est différente. A Wengen, tu peux prendre le temps de t'imprégner de l'atmosphère, pas à Kitzbühel. Il n'y a pas de temps mort, c'est à fond dès le départ. A Wengen aussi, mais le risque n'est pas aussi grand."
Samedi lors du slalom, Daniel Yule tentera de rééditer sa performance de l'an dernier. C'est à "Kitz" que le Valaisan avait décroché son premier podium en carrière (3e). Il avait ensuite enchaîné avec une nouvelle 3e place à Schladming. Le skieur du Val Ferret s'est classé 5e à Wengen en faisant preuve d'un état d'esprit conquérant. Il faudra appliquer la même médecine face à Hirscher, Kristoffersen ou encore Clément Noël.
Svindal renonce à la Streif
Aksel Lund Svindal ne participera pas à la descente de Kitzbühel prévue vendredi à cause d'une blessure au genou droit. Le Norvégien de 36 ans n'a pas participé au deuxième entraînement jeudi.
Il s'est rendu à Innsbruck pour passer des examens médicaux après des douleurs au genou droit consécutives au premier entraînement de mardi. "La version 2019 de Kitzbühel est plus forte que la version 2019 de moi-même", écrit-il sur son compte Instagram. "Pas de nouvelle blessure à signaler, mais ma vieille blessure s'est bien réveillée. Comme la descente a été avancée à vendredi je n'y prendrai pas part", poursuit-il, sans préciser s'il sera au départ du super-G prévu dimanche.
Svindal, qui n'a jamais gagné la descente de Kitzbühel malgré 36 victoires en Coupe du monde, préfère être prudent à moins de deux semaines des Mondiaux d'Are, notamment parce qu'il a déjà été opéré deux fois du genou droit (2016 et 2017).