Justin Murisier «Je dois garder les pieds sur terre, je ne suis pas Marco»

ats

18.1.2024 - 15:24

Longtemps spécialiste de géant et de combiné, Justin Murisier a évolué. Le Bagnard fait désormais partie des meilleurs éléments de l'équipe de Suisse de vitesse.

Longtemps spécialiste de géant et de combiné, Justin Murisier a évolué.
Longtemps spécialiste de géant et de combiné, Justin Murisier a évolué.
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Keystone-SDA, ats

Sans plusieurs blessures graves aux genoux, nul doute que Justin Murisier serait arrivé là où il en est aujourd'hui avant ses 32 ans. Voilà près de quinze ans que le Valaisan a été présenté comme le prochain grand talent du ski suisse. A 18 ans et selon les entraîneurs et experts de l'époque, Murisier était plus avancé que Daniel Albrecht et Carlo Janka au même âge.

Sauf que le skieur du Val de Bagnes a subi trois coups d'arrêt. En 2011, 2012 puis à nouveau en 2018, Murisier s'est déchiré le ligament croisé du genou droit. A chaque fois durant la préparation. «Ces blessures ont énormément freiné mon développement», évoque-t-il avec une certaine logique avant les courses de Kitzbühel.

Se concentrer sur une discipline

«Quand tu reviens, il est préférable de se concentrer sur une discipline, ta plus forte, poursuit-il. Pour moi, c'était le géant.» Avant l'avènement de Marco Odermatt et de Loïc Meillard, c'était bien Murisier qui était souvent le seul Suisse présent dans les dix premiers en géant. Hors de question donc de se lancer en Super-G et en descente.

Et pourtant il a toujours été clair que Murisier est un polyvalent. Il possède cet indispensable «gène de la vitesse». A 19 ans lors des Mondiaux juniors de Crans-Montana, il avait décroché le bronze en Super-G. Sans une grosse erreur en course, il aurait pu se signaler en descente après avoir réalisé le meilleur temps à l'entraînement.

Ce n'est qu'il y a trois ans que Murisier s'est tourné vers la vitesse. Et à 29 ans, il a bouclé son premier Super-G de Coupe du monde. «Dès mon deuxième Super-G, j'ai terminé 5e», se souvient-il. C'était en mars 2021 à Saalbach, là où auront lieu les Mondiaux en 2025.

L'aide de Feuz et d'Odermatt

Il a fallu un peu plus de temps pour que les choses se mettent en place en descente. Son premier top 10 en descente, il l'a obtenu à Bormio fin 2022 avec une belle 7e place. «En descente, l'expérience est extrêmement importante, note le Valaisan. Tu dois d'abord apprendre à connaître les parcours. Bien sûr, j'avais Beat (Feuz) qui m'a beaucoup aidé. Marco (Odermatt) l'a aussi fait aussi, mais il était encore comme moi en phase d'apprentissage. Je suis toujours en contact avec Beat. Avec sa grande expérience et même s'il est retraité depuis un an, il peut toujours m'aider.»

Pour Murisier et Odermatt, entre-temps devenu (aussi) le meilleur descendeur du monde, reconnaître les parcours ensemble est un passage obligé. Le Valaisan et le Nidwaldien, de presque six ans son cadet, sont liés par une amitié qui dépasse le cadre du sport. «Comme ça tu as deux feedbacks, le tien et celui de l'autre, se réjouit Murisier. Les discussions avec Marco sur le choix des lignes sont passionnantes. Il a toujours des idées sur la manière d'aller plus vite. Mais je dois garder les pieds sur terre, je ne suis pas Marco.»

172 départs, 1 podium

«Je me réjouis de chaque entraînement et de chaque course, note le Bagnard. Tant que je m'amuse et que je suis compétitif, je continuerai à skier.» Murisier est désormais là où il veut être. Ou presque. Car l'homme a de l'ambition et vise des podiums. Il n'en compte qu'un seul en 172 courses de Coupe du monde: une 3e place en décembre 2020 à l'occasion du géant d'Alta Badia.

Tête brûlée, Murisier a eu de la chance à Wengen samedi dernier. Lors de la grande descente, il a chuté à grande vitesse avant le premier intermédiaire. Un crash heureusement sans conséquences. Et dès mardi à Kitzbühel, Murisier a pu disputer les deux entrainements en vue des deux descentes. «Mardi je suis allé plus tranquillement et mercredi j'ai poussé plus fort, conclut-il. Deux entraînements solides pour les deux courses sur la Streif, ça suffit.»