Entraîneur en chef des Suissesses, Beat Tschuor a tiré un premier bilan de la saison après les épreuves de Crans-Montana. Il a répondu aux questions de Keystone-ATS.
Beat Tschuor, les trois quarts de la saison sont passés. Quel est votre bilan provisoire?
«Nous avons vraiment trop de blessées. Rien qu'à Cortina, cinq skieuses sont tombées et se sont parfois sérieusement blessées. Et maintenant, deux jeunes qui auraient pu combler leurs absences sont aussi indisponibles: Malorie Blanc s'est déchiré le ligament croisé ici en Coupe d'Europe et Laura Huber a été victime d'une fracture tibia-péroné à l'entraînement à Meiringen. Et naturellement, il manque aussi Wendy Holdener, qui a été blessée en début de saison.»
Aviez-vous déjà vécu un pareil week-end que celui de Cortina?
«Non. Qu'autant de filles, dont des très expérimentées, chutent à cette occasion, je n'avais jamais connu ça. Nous avons été durement touchés. Heureusement, Michelle Gisin est de retour et Joana Hählen semble sur la bonne voie. Stefanie Jenal et Priska Nufer s'en sont sorties sans trop de mal. Mais ce week-end a laissé des traces.»
Le physique est une chose, le mental une autre. Si on regarde les résultats du week-end, toutes les skieuses n'ont pas pu totalement oublier les évènements récents ici à Crans-Montana, non?
«Vendredi, nous avons eu un super résultat avec le doublé de Lara Gut-Behrami et Jasmine Flury, sans oublier la septième place de Priska Nufer. Samedi, Lara est encore monté sur le podium malgré la fatigue. Les autres skieuses ont fait trop d'erreurs, tout comme dimanche d'ailleurs.»
Les courses de Crans sont un miroir de la saison: Gut-Behrami a signé 13 des 18 podiums de l'équipe et 7 des 8 victoires. Sans elle, le bilan serait bien différent?
«Je ne pense pas sans elle. Ce serait partout autrement en enlevant du cadre son meilleur élément. Le bilan des hommes serait par exemple aussi différent sans Odermatt. Nous travaillons avec les athlètes qui sont à disposition.»
Quelle importance a Lara Gut-Behrami dans votre équipe?
«Elle est la leader incontestée et très importante. Que ce soit par ses résultats ou par son rôle à l'intérieur du groupe. Elle apporte beaucoup à la communauté, ce que l'on ne voit pas de l'extérieur. Elle joue très bien le jeu de l'équipe, on ose le dire maintenant.»
Vous êtes son entraîneur depuis six ans. Comment percevez-vous son développement durant cette période?
«Lara a toujours été pour moi un phénomène positif. Et si je regarde la personne, elle a traversé une transformation durant ces années. Les athlètes de pointe sont soumises à une grosse pression. C'est logique qu'elles changent au fil du temps. C'est beau de voir que Lara va dans cette direction. Elle dégage une certaine souveraineté et du flegme, elle gère de manière détendue tout le tumulte qui entoure sa personne. C'est sans doute la recette de son succès.»
Après un hiver difficile, Michelle Gisin a retrouvé la forme. Comment l'expliquez-vous?
«Après son changement de matériel, elle a eu besoin d'un an pour trouver la confiance en celui-ci. C'est une excellente athlète et skieuse. Il est selon moi logique qu'elle se rapproche de l'élite. Sa chute à Cortina l'a malheureusement un peu ramenée en arrière dans les disciplines de vitesse, mais elle est très bien revenue en slalom. Michelle est aussi très importante pour l'équipe avec sa personnalité.»