Et si Lara Gut-Behrami décrochait une sixième médaille mondiale? Revigorée par sa troisième place à Garmisch, la Tessinoise fait de toute façon partie des outsiders à Are à l'occasion du Super-G qui ouvrira les feux des Mondiaux mardi (12h30).
A 27 ans, Lara Gut-Behrami se prépare à vivre ses sixièmes Championnats du monde. Et malgré une saison difficile avec seulement deux podiums en Super-G (2e à St-Moritz et 3e à Garmisch), la Tessinoise est une femme à l'aise lorsque l'enjeu est d'importance.
Hormis deux quatrièmes places à Garmisch en 2011, la skieuse de Comano a toujours ramené du métal de ses escapades mondiales. Deux fois l'argent à Val d'Isère en 2009 (descente et combiné), une fois l'argent du Super-G en 2013 et du bronze en 2015 (descente) et 2017 (Super-G), le palmarès pourrait s'étoffer d'une nouvelle breloque en Scandinavie.
Une question d'instinct
Larguée en géant, parfois en souffrance en descente, Lara Gut-Behrami doit pouvoir compter sur son instinct en Super-G, là où sa science des courbes lui permet souvent de prendre le meilleur sur ses adversaires.
Epiée davantage que les autres filles de l'équipe en raison de son récent mariage avec le footballeur Valon Behrami, la Tessinoise dit avoir pris du recul, avoir mûri avec les années: «C'est clair que je pense être sereine parce que j'ai trouvé ce qu'une femme adulte recherche. Et aussi parce que je sais que je ne dois pas oublier tout ce que j'ai fait par le passé si je n'ai pas toutes les réponses maintenant. J'arrive avec de nombreux changements dans ma vie. Pour beaucoup de monde, j'ai l'impression de n'avoir rien fait pendant ces dix dernières années. Mais pour moi chaque fois que je suis au départ, c'est une joie, une chance. Je suis plus consciente maintenant de ce que je fais chaque jour. Oui je peux gagner des médailles à Are, mais je n'oublie pas ce que j'ai fait jusque-là.»
Débarquée très jeune (réd: à 16 ans) sur le circuit de la Coupe du monde, Lara Gut-Behrami avait tout de suite marqué les esprits en récoltant deux fois l'argent derrière Lindsey Vonn à Val d'Isère. Cette insouciance de la jeunesse se retrouve encore aujourd'hui dans cette joie qu'elle a de skier: «Je me réjouis.
Ce n'est pas la même chose que lors de mes premiers Championnats du monde. La première fois, tu explores, tu découvres. Après c'est différent. La deuxième fois je revenais de blessure et je voulais absolument skier vite. A Schladming, je venais de changer de matériel et j'avais envie d'être à nouveau là. A Beaver Creek, j'adorais la piste et je me disais que je pourrais skier comme je l'entends mais ce fut plus compliqué. Et à St-Moritz, j'avais l'impression que les gens pensaient que j'étais la seule au départ et que j'aurais dû tout gagner.»
Une première occasion pour Shiffrin
En Suède, pas question de «tout gagner». La concurrence sera féroce avec Mikaela Shiffrin (réd: victorieuse des trois Super-G auxquels elle a pris part), les Autrichiennes Siebenhofer et Schmidhofer, mais aussi Tina Weirather, Lindsey Vonn, Sofia Goggia voire Ilka Stuhec.
Quand on lui demande si elle cherche à se préserver pour les grands rendez-vous, la Tessinoise balaie cette idée comme une porte de géant: «Je suis du genre à vouloir gagner chaque course. Donc non, je ne suis pas à Sölden en train de me dire que je dois garder des forces en vue du mois de février pour les Mondiaux. Je ne peux pas donner mon maximum si je me dis qu'aujourd'hui je n'ai pas d'objectif élevé. C'est aujourd'hui qui m'importe, que je veux produire mon meilleur ski, pas demain ni hier.»
En quête de repères, en reconstruction, Lara Gut-Behrami a déjà su par le passé revenir au premier plan après une période compliquée. Avec la flamme qui l'anime et un talent naturel au-dessus de la moyenne, la Tessinoise s'élancera mardi convaincue qu'elle peut aller chercher l'or. Ses adversaires auraient tort de la sous-estimer.