Le retour de Marcel Hirscher en Coupe du monde de ski alpin est accompagné de nombreuses questions. Alors que l'Autrichien dit revenir avant tout pour le plaisir, il semble aussi avoir encore soif de succès.
Il aimerait bien, mais il n'a pas encore pris sa décision. Il ne peut et ne veut pas encore l'annoncer. Marcel Hirscher n'est visiblement pas encore convaincu d'être prêt pour le géant d'ouverture de la Coupe du monde à Sölden (dimanche 27 octobre).
Car si on le croit, le plaisir doit être au premier plan, pas la lutte pour les centièmes de seconde. Hirscher ne cesse de le répéter depuis qu'il a annoncé officiellement sa volonté de revenir sur le cirque blanc il y a six mois.
Des valeurs préservées
L'ancien sportif de haut niveau a changé de métier pour devenir un homme d'affaires avec sa propre marque de skis. Mais il a conservé ce qui avait permis de tout rafler: la méticulosité, l'amour du détail et la recherche du progrès constant.
Et maintenant, il ne devrait plus y avoir que du plaisir sur les pistes ? Une façon de relâcher le stress quotidien du producteur de skis ? Et dans le lot, son âme de compétiteur acharné et son envie de remporter chaque course dont il prend le départ devraient passer au second plan ? Il est difficile d'y croire, d'autant plus lorsque Hirscher parle de ne pas être encore prêt.
Si Sölden n'arrivait pas trop tôt, sa condition physique actuelle et le niveau de réglage de son matériel suffiraient certainement pour prendre du plaisir. Mais l'affirmation souvent avancée selon laquelle un octuple vainqueur du classement général de la Coupe du monde ne participe pas à une course pour finir quinzième n'est pas tout à fait absurde.
En revanche, les prédictions d'anciens concurrents qui pensent que Hirscher peut revenir au premier plan laissent songeur. Les interrogations sur son nouveau et véritable niveau de performance ne prendront fin qu'avec sa première course cet hiver.
Succès ou plaisir ?
Hirscher n'est peut-être plus cet athlète acharné, avide de victoires, de médailles et de trophées. Il ne peut peut-être même plus l'être. Cinq ans d'absence ont laissé des traces chez le meilleur skieur du XXIe siècle. Il se peut qu'il fasse bien d'envisager son retour à la compétition sous un autre angle, de se détacher de ses succès et de faire table rase du passé.
Seul Hirscher sait s'il est prêt pour cela – ou pas. Lorsqu'il a parlé, après un camp d'entraînement en Nouvelle-Zélande, du premier pas du long chemin qu'il lui reste à parcourir pour retrouver un tant soit peu son niveau d'antan, il apparaît clair qu'il n'en a pas encore fini avec sa première carrière. Le sérieux de l'affaire est manifestement encore trop prégnant pour que le facteur plaisir prenne la place centrale, même au plus profond de lui.
La planification de Hirscher est axée sur une saison, pour l'instant en tout cas. Il n'exclut pas complètement l'option d'une prolongation. «Ne jamais dire jamais», dit-il. Une fois de plus, il laisse la place aux spéculations. Un retour couronné de succès pourrait être un bon argument supplémentaire pour continuer au-delà de l'hiver prochain. Outre le plaisir bien sûr.