Marco Odermatt n'a déjà plus rien à prouver. Auteur d'une saison 2022/23 époustouflante, le Nidwaldien aura du mal à faire ne serait-ce qu'aussi bien lors de la Coupe du monde 2023/24 qui démarre ce week-end à Sölden. Mais les défis ne manquent pas.
A 26 ans, Marco Odermatt affiche déjà un palmarès hors du commun: deux gros Globes de cristal, trois petits Globes (deux en géant, un en super-G), deux titres mondiaux (descente et géant en 2023) et une médaille d'or olympique conquise en géant en 2022 à Pékin. Ainsi que le record de points inscrits en une saison chez les messieurs : 2042.
Pour effacer la marque établie par la légende Hermann Maier en 1999/2000 (2000 points), Marco Odermatt a dû batailler jusqu'au bout l'hiver dernier. Il a remporté treize courses au total (sept géants, six super-G), dont cinq des six dernières qu'il a disputées. Il a conclu sur une ultime démonstration, remportant le géant des finales de Soldeu avec une marge de 2''11 sur son dauphin.
Le Nidwaldien peut-il poursuivre cette insolente domination sept mois plus tard ? Son été fut en tout cas studieux, sans pépin physique à déplorer. Et il retrouvera dimanche une piste qui lui convient : il a remporté les deux derniers géants disputés à Sölden, lançant ainsi à chaque fois de manière idéale sa saison.
Cet hiver sans grand championnat permettra à Marco Odermatt de se tester sans (trop de) pression. Il doit, aussi, lui permettre de réparer une quasi anomalie : sacré champion du monde dans la discipline-reine cette année, il attend toujours un premier succès en descente sur le front de la Coupe du monde.
Meillard peut-il se rapprocher du maître ?
Dans l'ombre de l'ogre d'Hergiswil, les autres stars helvétiques du Cirque blanc ne sont pas moins ambitieuses que leur chef de file. Chez les hommes, le très polyvalent Loïc Meillard, 4e du général de la Coupe du monde 2020/21 et 6e la saison passée, veut ainsi se rapprocher du maître. Le skieur d'Hérémence en a les moyens.
Les purs slalomeurs, Ramon Zenhaüsern et Daniel Yule en tête, doivent quant à eux trouver la constance au sommet qui seule leur permettra de briguer un historique Globe de cristal. L'unique sacre helvétique en Coupe du monde de la spécialité remonte en effet à... 1968 (Dumeng Giovanoli) !
Pour les «généralistes» comme pour les slalomeurs, la menace viendra avant tout de Norvège. Henrik Kristoffersen visera les deux Globes dans les disciplines techniques, Aleksander Aamodt Kilde le doublé en vitesse. Mais les deux compères auront besoin d'une saison «pleine» pour titiller Marco Odermatt au général.
Un Marco Odermatt qui se retrouve également propulsé leader de l'équipe de Suisse de descente après le retrait de Beat Feuz en cours de saison dernière. Troisième de la dernière Coupe du monde de la spécialité, il peut d'ailleurs viser là aussi le Globe. Sa lutte avec Aleksander Aamodt Kilde promet en descente.
Gut-Behrami peut-elle faire douter Schiffrin ?
Chez les dames, la donne est la même. Impériale l'hiver dernier, Mikaela Shiffrin vise elle un sixième gros Globe après 2017, 2018, 2019, 2022 et 2023. La saison dernière, elle a cumulé 14 victoires et 2206 points, son record sur une saison. Mais le record absolu, propriété de Tina Maze (2414 points en 2012/13), tient toujours.
L'Américaine de 28 ans, qui sait s'accorder des pauses lorsque son mental ou son physique l'exigent, aura-t-elle la même motivation en cet exercice 2023/24 exempt de grands championnats ? De la réponse à cette question dépendra sans doute l'issue de cette Coupe du monde féminine.
Ses rivales ont en tout cas les dents longues. A commencer par les trois polyvalentes Suissesses Lara Gut-Behrami, Michelle Gisin et Wendy Holdener. La Tessinoise, 2e du classement général 2022/23 – mais à plus de 1000 points de Shiffrin – affiche un relâchement qu'on ne lui connaissait pas.
«LGB» peut briller en géant, en super-G – où elle a un Globe à défendre – et en descente. Mais sera-ce suffisant pour faire douter Mikaela Shiffrin sur le long terme ? Elle espère bien la titiller dès samedi dans le géant de Sölden, où elle a gagné à deux reprises (2013, 2016) et terminé 2e en 2021.
Seulement 14e du dernier général alors qu'elle avait terminé 4e lors des deux précédentes saisons, Michelle Gisin entame quant à elle son opération reconquête samedi sur le glacier du Rettenbach. A l'inverse, Wendy Holdener voudra confirmer cet hiver les deux succès obtenus en slalom fin 2022, succès qu'elle n'osait plus espérer.