Vainqueur du Globe de slopestyle, Andri Ragettli ne va pas se reposer sur ses lauriers au terme de la saison 2021/22. «Je ne suis certainement pas du genre à passer deux semaines sur la plage à ne rien faire», lâche le Grison de 23 ans dans une interview accordée à Keystone-ATS.
Vainqueur du Globe de slopestyle, Andri Ragettli ne va pas se reposer sur ses lauriers au terme de la saison 2021/22. «Je ne suis certainement pas du genre à passer deux semaines sur la plage à ne rien faire», lâche le Grison de 23 ans dans une interview accordée à Keystone-ATS.
Votre saison a été intense: la longue rééducation après votre déchirure des ligaments croisés, le retour de rêve en Coupe du monde et aux X-Games, l'amère 4e place aux JO de Pékin en slopestyle puis la quête d'un cinquième petit Globe en Coupe du monde. Etes-vous content que la saison soit terminée?
«Non, car j'adore faire ce que je fais. Bien sûr, l'hiver est long et demande beaucoup d'énergie, mentale et physique. Malgré tout, je me réjouis maintenant de passer des journées de ski libre décontractées, avec des amis. Je ne sais pas ce qu'il en est chez les skieurs alpins, mais nous, les freestylers, aimons skier pour nous-mêmes après la saison, faire des vidéos et nous amuser. C'est exactement la raison pour laquelle j'ai commencé à pratiquer ce sport. Aujourd'hui encore, je pourrais skier tous les jours, du matin au soir».
Vous n'avez donc pas besoin de faire de pause?
«Si, bien sûr. En mai/juin, je ne suis pas non plus attiré par la neige. Cet été par exemple, je vais faire du surf. J'ai aussi besoin de prendre du recul, ça me donne toujours une nouvelle motivation. Mais pour moi, le ski libre est aussi une pause. La dernière fois que je n'ai pas skié pendant plus de six mois, j'avais deux ans».
Y a-t-il quelque chose de confortable dans la vie d'une personne aussi active que vous?
«Je ne suis certainement pas quelqu'un qui passe deux semaines sur la plage à ne rien faire. Je me fixe toujours des objectifs, pour tout, sinon ce serait ennuyeux. En tant que skieur freestyle, je vis vraiment mon rêve. Je viens encore d'en prendre conscience en me disant à quel point je suis heureux de ne pas devoir aller à l'école par exemple, mais de pouvoir simplement faire ce que je veux. Je suis mon propre patron».
Cela reste un rêve malgré les fatigues et les blessures que le succès engendre?
«Les blessures, comme ma récente rupture des ligaments croisés, ne sont évidemment pas des +peanuts+. Pendant que j'étais blessé, j'ai connu des moments sacrément difficiles. Mais en fait, j'ai aussi pris du plaisir dans cette phase. Rétrospectivement, je considère la période de ma blessure comme une période tout à fait formidable et aussi très instructive».
Vous avez vécu une grosse déception aux JO de Pékin, mais elle fut de courte durée. Comment parvenez-vous à surmonter les déceptions aussi rapidement?
«Il y a une phrase de David Goggins, un sportif de l'extrême et ancien Navy Seal, que je trouve très cool: 'Get the fuck over it': passe à autre chose. C'est comme ça, il faut s'en remettre et repartir de l'avant. Des gens comme Goggins et Wim Hof (réd: adepte d'une méthode extrême de bien-être), à qui j'ai rendu visite l'été dernier aux Pays-Bas, m'inspirent par leur force mentale».
Les freestylers effectuent désormais des 1800, cinq rotations, voire plus. Les 1620 font partie du répertoire standard. Dans quelle direction la discipline du slopestyle devrait-elle, selon vous, continuer à se développer?
«Les rails font bien sûr partie de notre travail et sont tout aussi importants. Mais oui, en matière de rotations, le niveau est fou. En Big Air, des adaptations devront être faites dans un avenir proche, par exemple un changement de format. Il devrait y avoir plus de sauts, mais chacun d'entre eux devrait compter. Ainsi, en compétition, il faudrait davantage doser les risques et faire ce que l'on maîtrise vraiment. Ce serait également plus facile pour les juges. Je pense que la discipline du slopestyle continuera à fonctionner comme elle l'a fait jusqu'à présent. Avec ses nombreux sauts et rails dans un seul run, le format actuel convient».
Dans quels domaines allez-vous mettre l'accent cet été?
«Il est certain que cet été, je devrai investir du temps dans l'entraînement avec l'airbag. Je n'ai pas pu le faire l'année dernière, à quelques exceptions près, et je l'ai ressenti. Quand je pense que pendant toute la durée de ma blessure, mes adversaires ont pu s'entraîner avec l'airbag pendant des semaines et apprendre de nouveaux tricks... J'ai fait le maximum à mon retour. Je suis revenu au niveau où j'étais avant de me blesser, voire plus. Maintenant, je vais essayer d'ajouter un ou deux nouveaux tricks à mon répertoire, surtout sur mon côté le plus faible».
Lorsque vous étiez plus jeune, vous étiez également un footballeur ambitieux. Pensez-vous que vous auriez pu devenir footballeur professionnel?
«Mon engagement aurait été en tout cas total, et je pense que le talent était aussi là. Reste à savoir si cela aurait suffi. Avant, je disais toujours que je voulais devenir soit footballeur professionnel, soit skieur freestyle professionnel. Il n'y a jamais eu d'autre option».
Si vous étiez footballeur au même niveau que celui qui est le vôtre en ski freestyle, vous seriez multimillionnaire...
«Je ne me sens pas mal non plus. Je suis hyper content. Je sens que ce n'est que le début et qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. Je ne regrette pas du tout d'avoir choisi cette voie. En tant que footballeur, je n'aurais par exemple pas pu m'exprimer sur les médias sociaux comme je le fais maintenant. J'aime aussi beaucoup cette partie créative. Je n'ai définitivement pas à me plaindre, même pas en ce qui concerne l'argent».