Critiqué pour ses déclarations concernant le changement climatique ou celles sur l'organisation de manifestations sportives dans des dictatures, Gian Franco Kasper, président de la Fédération internationale de ski, revient pour Keystone-ATS sur ces polémiques. Sans filtre (ni relecture), le Grison s'est également laissé aller à quelques considérations sportives qui feront peut-être à nouveau grincer des dents jusqu'au Mexique.
Gian Franco Kasper, êtes-vous satisfait des Mondiaux d'Are?
«Nous avons eu de la chance jusqu'à présent. Aucun outsider n'a remporté de titre...»
Ce serait une mauvaise chose?
«Oui et non. Les victoires d'outsiders, quand il y en a plusieurs, ne donnent pas une bonne image du point de vue de l'équité des courses. Si un Mexicain était sacré champion du monde de descente, ce ne serait pas une belle publicité pour le ski. Nous pratiquons toutefois un sport d'extérieur et devons donc composer avec la météo. Des Mondiaux équitables à 100%, ce n'est pas possible.»
Vos propos tenus dans une récente interview vous ont attiré des critiques. Vous avez parlé de malentendu et avez déclaré que le journal vous avait mal cité...
«Pas vraiment mal cité. Mes déclarations ont été modifiées et sorties de leur contexte. Je le répète: bien sûr que je crois au changement climatique, ce sont des faits qu'il n'y a pas lieu de discuter. Mais je ne crois pas que cela signifie pour autant la fin des sports de neige ou qu'il n'y aura plus de neige dans 10 ou 20 ans. Nous vivons actuellement des changements climatiques, mais il reste encore à prouver que ceux-ci vont perdurer.»
Vous vous étiez également fait remarquer par vos déclarations sur l'organisation des JO, que vous estimiez plus facile dans les dictatures...
«A la question de savoir où il est plus facile de construire des nouvelles installations de ski, dans une dictature ou dans un régime démocratique, je dois le reconnaître: dans une dictature. Mais nous n'avons aucun lien avec des dictatures. Nous sommes dans des pays démocratiques et nous évoluons selon ces règles. Mais que veut dire au juste dictature? Le nabab d'un village chez nous, qui peut faciliter toutes les entreprises, peut correspondre à cette description, mais cela n'a rien à voir avec une dictature au sens strict. Et ça peut rendre les choses bien plus faciles que de devoir enchaîner des séances avec une centaine de groupes de travail.»
Mercredi, le comité de la FIS a notamment décidé de conserver le combiné au programme. Pour quelles raisons?
«Il y avait beaucoup de gens qui étaient convaincus que la FIS ne pouvait pas faire disparaître aussi aisément sa plus ancienne discipline. Mais il y en avait beaucoup d'autres qui militaient pour les épreuves parallèles. C'était impossible de dégager une majorité, alors nous avons trouvé un compromis typiquement suisse.»
Si le combiné est conservé pour les Mondiaux 2021 de Cortina, il faudra bien maintenir aussi cette discipline au programme de la Coupe du monde...
«Nous l'avons immédiatement dit. Nous avons mis sur pied un groupe de travail qui doit oeuvrer à l'élaboration d'un calendrier pour la prochaine saison et les suivantes. Ce sera difficile, mais il faut plus de combinés au calendrier.»
Combien en faudrait-il?
«De mon point de vue, trois ou quatre. Il y a des stations qui seraient heureuses d'ajouter un combiné à leur programme. La question est de savoir comment on articule tout ceci dans la globalité de la Coupe du monde. Mais il est clair que si le combiné reste au programme des Mondiaux et, peut-être, des JO, il faut également en disputer en Coupe du monde.»
Vous avez dit des JO qu'ils étaient trop grands et trop chers. Quelles disciplines voudriez-vous supprimer?
«Il ne s'agit pas de supprimer des disciplines mais d'éviter de grossir encore et toujours en ajoutant de plus en plus de disciplines.»
Existe-t-il un danger de voir les candidats pour 2026, Stockholm et Milan, renoncer faute de pouvoir assumer cette croissance?
«Le danger existe, mais il n'est plus aussi important qu'il y a quelque temps. Ce que j'ai entendu, ici à Are, du Premier ministre et des politiciens, est positif. En Italie, nous n'avons plus besoin de demander au gouvernement puisque les deux provinces concernées ont déjà accepté le projet de candidature, y compris le financement.»
Quelle candidature vous séduit le plus?
«Nous sommes face à un problème de riches car les deux régions ont déjà une grande expérience dans l'organisation d'épreuves de Coupe du monde, et ce dans toutes nos disciplines.»