A l’aube d’un week-end sportif dans l’Oberland bernois, John Nicolet, journaliste de la RTS et spécialiste du ski alpin, a répondu aux questions de blue News.
Quelles seront les conditions de course ?
Depuis plusieurs jours, de nombreuses photos du mythique mur final du «Chuenisbärgli» circulent sur les réseaux sociaux. On y voit clairement que la neige manque. Pourtant, la Fédération internationale de ski (FIS) a confirmé les épreuves d’Adelboden en décembre dernier. Pour John Nicolet, les organisateurs et la FIS vont tout mettre en oeuvre pour que les courses aient lieu. Selon lui, «il y a beaucoup de choses en jeu. Le calendrier, car il y a très peu d’options pour rattraper les courses qui ne vont pas avoir lieu. Il y a des enjeux financiers, on sait déjà que samedi, le géant d’Adelboden se fera à guichets fermés, il n’y a plus de billets en vente. Ils vont donc vraiment essayer de tout faire pour que ça puisse avoir lieu dans les meilleures conditions possibles».
«Les organisateurs et la FIS vont tout mettre en œuvre pour faire les courses»
Commentateur RTS
Pour celui qui commente le ski alpin depuis plusieurs saisons, il y a aussi un certain savoir-faire à Adelboden : «Au fil des ans, même quand la météo n’était pas excellente car ce n’est pas la première année où on se retrouve avec des températures élevées et avec un manque de neige, ils ont toujours réussi à offrir des conditions de course de qualité pour les athlètes et avoir des courses les plus régulières possible.»
Si le haut du tracé ne semble pas poser soucis comme le confirme le journaliste de la RTS, «tout le haut est plutôt bon, voir très bon», le mur final est un problème. John Nicolet explique : « Comme il fait très chaud, que le sol est chaud, la neige a de la peine à coller sur ce mur final qui est si raide.» Malgré ces conditions spéciales et si les courses ont lieu, le spectacle devrait être au rendez-vous comme cela fut le cas cette semaine à Garmisch-Partenkirchen. Selon le Fribourgeois, «malgré une première manche où à partir du dossard 15 c’était compliqué pour les coureurs, on a quand même réussi à avoir une course intéressante avec une super deuxième manche où il y a eu du suspense».
Peut-on être optimiste pour les slalomeurs suisses ?
Mercredi, lors du slalom de Garmisch-Partenkirchen, qui s’est déroulé dans des conditions similaires à celles prévues ce week-end, trois Suisses se sont placés dans le top 10 (Yule, Rochat et Meillard). De bon augure pour ce week-end ? Pour John Nicolet, il ne faut pas oublier que «par le passé, le slalom d’Adelboden n’a pas toujours souri aux Suisses. Pendant pas mal d’années, avec cette équipe qui montait en puissance, c’était toujours la course où les résultats étaient les plus délicats.» Finalement, Daniel Yule s’est imposé en 2020, mais avant cela, il faut remonter à 2007 et la victoire de Marc Berthod pour retrouver un Suisse sur le podium du slalom d’Adelboden. De plus, Henrik Kristoffersen est actuellement le skieur à battre lorsque nous parlons de slalom.
Toutefois, selon le Fribourgeois, «on peut vraiment être optimistes, parce que l’équipe fonctionne hyper bien, entre Yule, Meillard, Rochat et Zenhäusern qui revient à un super niveau, lui qui a eu pas mal de soucis l’année passée à cause d’une blessure à l’épaule. Les Suisses vont être les acteurs majeurs de ce slalom avec les Norvégiens, les Autrichiens et Clément Noël.» Si les Suisses se battent pour des podiums et la victoire à chaque course, il ne faut pas non plus oublier que ce week-end, ils évoluent à domicile. «Certains gèrent mieux la pression que d’autres», estime John Nicolet. «Je n’ai pas de souci avec Daniel Yule, c’est dans ces moments-là qu’il est le meilleur. Pour d’autres, ce n’est peut-être pas tout à fait la même chose. On peut être optimiste avec cette équipe-là, mais il faut aussi être prudent. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.»
Qui peut priver Marco Odermatt d’une 4e victoire en géant ?
«Lui-même», la réponse de John Nicolet est simple. D’après lui, «c’est un tout. C’est la confiance, c’est le matériel, c’est sa technique de ski en général qui font qu’il est vraiment un cran au-dessus de tout le monde en géant. S’il n’a pas un accroc, je pense qu’il est imbattable.» Cette saison, quatre slaloms géants ont eu lieu, le Nidwaldien en a remporté trois. Il a seulement été battu lors du premier géant d’Alta Badia au terme duquel il a pris la 3e place derrière les Norvégiens Henrik Kristoffersen (2e) et Lucas Braathen (1e). Précisons que la veille de cette course, il prenait part à la descente de Val Gardena.
Avec un bilan de quatre podiums en autant de géants, Marco Odermatt sera difficile à battre. S’il avoue que Kristoffersen peut être une menace, le commentateur de la RTS admet : «Franchement je ne vois personne qui peut l’accrocher. En plus, il a gagné l’année passée, c’était un immense soulagement. Il s’était mis beaucoup de pression pour gagner à la maison, devant son public. Il savait que le public attendait cela. Maintenant qu’il l’a fait, je pense que ce sera plus facile cette année. Il a enchaîné les courses, il a eu un programme très chargé en décembre. Il y a encore eu Bormio qui était très éprouvant, mais là il a eu quelques jours pour souffler. Du coup, il va revenir à Adelboden en étant frais et dans sa discipline de prédilection. Je pense qu’il sera vraiment imbattable.»