Et si le nom du Champion de Suisse 2022/2023 était déjà connu avant même la fin du mois de juillet ? La question n'a rien d'incongru après l'entame réalisée par les Young Boys.
Huit jours après leur succès 4-0 devant le FC Zurich, le champion en titre, les Bernois se sont imposés 3-0 à Sion pour prendre seuls la tête du classement avec quatre points d'avance sur le FC Bâle et cinq sur le FC Zurich. «On ne gagne jamais un championnat après deux journées», sourit Raphaël Wicky.
«Je suis, bien sûr, très heureux de ce début de saison, deux victoires en championnat et une en Conférence League (ndlr: 1-0 en Lettonie face à Liepaja). Je remarque aussi que nous n'avons encore encaissé aucun but. Mais je sais, et mes joueurs le savent aussi, que tout n'a pas été parfait», glisse-t-il.
Le Valaisan songe sans doute à cette première heure de jeu laborieuse contre Zurich et aux occasions concédées au FC Sion avec une charnière centrale formée de Fabian Lustenberger et de Mohammed Camara qui peut susciter bien des interrogations en raison de l'âge du capitaine (34 ans) et des oublis du Guinéen. Avec Sandro Lauper et Cédric Zeziger, annoncés blessés à Sion, l'entraîneur possède toutefois un autre duo qui peut faire l'affaire.
Un banc extraordinaire
Davantage que le rayonnement de Fabian Rieder à la tête du losange adopté par Raphaël Wicky, que l'efficience de Christian Fassnacht et que les fulgurances de Moumi Ngamaleu, la grande force des Bernois réside dans l'immense richesse de leur contingent. Tous les postes sont doublés, celui de latéral droit désormais triplé avec la venue de Kevin Rüegg qui fera le match avec Quentin Maceiras et Lewin Blum.
La saison dernière, les Bernois ont abandonné leur titre pour plusieurs raisons: une fébrilité défensive illustrée par une série de seize rencontres de rang sans le moindre clean sheet, et un banc moins fourni que les années précédentes. A Sion, Raphaël Wicky a laissé sur la touche des hommes tels que Jean-Pierre Nsame, Félix Mambimbi, Meschack Elia, Loris Benito, Alexander Jankewitz et Donat Rrudhani, le joyau d'Aarau qui peut être l'une des révélations de la saison.
Aux yeux des dirigeants, cet effectif XXL était une nécessité avec le programme démentiel qui attend l'équipe jusqu'au soir du 12 novembre en cas de qualification pour la phase de poules de la Conference League et pour les huitièmes de finale de la Coup de Suisse: 31 matches au total.
«Beaucoup moins de pression à Berne qu'à Bâle»
A Raphael Wicky de gérer cette concurrence interne que l'on peut presque qualifier de «sauvage» lorsque l'on regarde les visages de Ngamaleu et de Nsame la semaine dernière au moment de prendre place sur le banc. Les deux internationaux camerounais n'avaient pas pris la peine de masquer un certain dépit.
A 45 ans, après avoir vécu presque mille vies lors de son expérience à Bâle, Raphaëll Wicky se dit armé pour faire face à ce défi. «Je ressens beaucoup moins de pression à Berne qu'à Bâle», affirme l'ancien capitaine du SV Hambourg.
Au Parc Saint-Jacques, il avait été démis de ses fonctions en août 2018 en raison des relations conflictuelles entretenues avec son directeur sportif Marco Streller dans un club en mal de gouvernance, alors qu'il avait mené le club en huitième de finale de la Ligue des Champions. Aux Young Boys, le contexte est tout autre. Avec Christoph Spycher à sa tête, le club ne traversera pas une tempête comme celle qui a pu emporter Wicky il y a quatre ans à Bâle.