Roger Federer regrettera longtemps les deux balles de match manquées dans l'inoubliable finale de Wimbledon 2019 perdue 13-12 au cinquième set face à Novak Djokovic.
Mais, au terme de son illustre carrière, il pourra aussi ressasser la défaite subie le 1er juin 2010 en quart de finale à Roland-Garros.
Le Bâlois, qui avait soulevé pour la première – et jusqu'ici seule – fois la Coupe des Mousquetaires un an plus tôt, était opposé à Robin Söderling ce jour-là sur la terre battue parisienne. Il avait remporté les... douze précédents duels livrés face au cogneur suédois, dont un douze mois plus tôt en finale à la Porte d'Auteuil.
A une semaine près
L'enjeu était immense. Roger Federer se savait assuré de conserver la 1e place mondiale en cas d'accession aux demi-finales. Détrôné par Rafael Nadal en août 2008 après 237 semaines consécutives passées au sommet de la hiérarchie, il avait récupéré le trône le 6 juillet 2009 après son sixième sacre sur l'herbe de Wimbledon.
Le Maître, qui avait battu un premier record de Pete Sampras grâce à ce 15e titre en Grand Chelem, en visait déjà un deuxième. Accéder au dernier carré à Paris pouvait lui permettre de vivre dès le 7 juin 2009 une 286e semaine dans la peau du no 1 mondial et d'égaler ainsi une autre marque mythique de «Pistol Pete».
Mais rien ou presque n'a fonctionné pour Roger Federer en ce mardi 1er juin 2010. La pluie, qui a interrompu les débats pendant 75', n'a rien arrangé: parfaitement campé sur ses appuis, Robin Söderling a profité de la lourdeur du terrain pour imposer sa puissance supérieure malgré la perte du set initial (3-6 6-3 7-5 6-4).
Le Suédois, qui avait fait les affaires du Bâlois un an plus tôt en s'offrant le scalp de Rafael Nadal en 8e de finale à Roland-Garros, n'allait pas réussir un deuxième exploit du genre durant la semaine. Cinq jours plus tard, il s'inclinait 6-4 6-2 6-4 en finale devant le gaucher majorquin, qui retrouvait du coup le 1er rang mondial.
La mort du «monstre»
Cette défaite fut lourde de conséquences pour Roger Federer. Elle signifiait la fin de l'une des plus fabuleuses séries du Bâlois, qui avait atteint au minimum le stade des demi-finales lors des... 23 précédents tournois du Grand Chelem. Une série entamée près de six ans auparavant sur le gazon de Wimbledon.
Le «monstre» – qualificatif qu'il s'était lui-même attribué après avoir vu sa série de finales consécutives en Grand Chelem s'arrêter à 10 à Melbourne en 2008 – est sans doute mort en ce 1er juin 2010. Un mois plus tard, c'est Tomas Berdych, une autre de ses victimes favorites, qui le stoppait en quart de finale à Londres.
Finaliste des huit précédentes éditions à Londres, Roger Federer n'allait même pas rebondir à New York. Il subissait là aussi une défaite crève-coeur: Novak Djokovic s'imposait 5-7 6-1 5-7 6-2 7-5 en 3h44' au stade des demi-finales, sauvant... deux balles de match consécutives à 5-4 15/40 dans le cinquième set sur son engagement.
Deux ans d'attente
Roger Federer devra finalement patienter pendant plus de deux ans avant de retrouver la 1re place mondiale. C'est le 16e de ses 20 triomphes en Grand Chelem, vécu en juillet 2012 à Wimbledon, qui lui permettra de déloger Novak Djokovic du trône de l'ATP.
Le Bâlois passera au total 25 semaines supplémentaires en tant que no 1. «Seulement». Son compteur est bloqué à 310 depuis le 24 juin 2018. Novak Djokovic est revenu sur ses talons, avec 282 semaines dans la peau du roi du tennis. Le Serbe en est en outre à 17 sacres majeurs, alors que Rafael Nadal en est à 19.
Ces records, ceux qui comptent le plus, ne tiennent qu'à un fil. La pandémie de coronavirus, qui a poussé l'ATP à geler son classement, ne fait que retarder l'échéance. Le record de 23 demi-finales majeures d'affilée devrait tenir – Novak Djokovic n'a pas fait mieux que 14 -, mais la consolation serait mince pour Roger Federer...