Des services à aplatir une armoire, des coups droits à stopper un camion. Malgré une résistance acharnée, Gaël Monfils a succombé sous les coups du colossal Matteo Berrettini, qui aura donc l'honneur d'affronter vendredi Rafael Nadal en demi-finale de l'US Open.
"Quel combat !" a lancé l'Italien à l'issue des 3h57' d'un superbe bras de fer remporté 3-6 6-3 6-2 3-6 7-6 (7/5) face au Français. "Je ne me souviens d'aucun point... à part la balle de match. Et des doubles fautes, j'en ai commis trop", a-t-il ajouté, en référence notamment à celle qui lui a gâché une balle de match alors qu'il menait 5-3 dans la dernière manche.
"En jouant, je me disais que c'était le plus beau match que j'ai vu, alors même que je le jouais !", a encore dit Berrettini, 25e mondial à 23 ans et qui sera le deuxième Italien à jouer une demi-finale de l'US Open après Corrado Barazzutti en 1977. Ce Romain tifosi de la... Fiorentina était encore 135e à l'ATP en janvier 2018. L'an dernier, il était sorti de l'ombre à la faveur de son titre à Gstaad, où il n'avait pas concédé une seule fois son engagement en cinq rencontres.
Le renouveau italien
Cette année, Matteo Berrettini a enlevé les tournois de Budapest et de Stuttgart avant de se hisser en huitième de finale de Wimbledon, où il devait toutefois recevoir une véritable leçon de tennis de la part de Roger Federer (défaite 6-1 6-2 6-2 en 1h14'!). Ses résultats ne tombent pas de nulle part. Ils récompensent un joueur qui a pris le temps de fourbir ses armes sur toutes les surfaces dans les Futures et dans les Challengers. Sa trajectoire illustre le renouveau du tennis italien qui attend un vainqueur de Grand Chelem depuis 1976, l'année du succès d'Adriano Panatta à Roland-Garros.
Longtemps fustigé pour la "Commedia dell'arte" dans laquelle se sont longtemps complu ses "stars" et par la compromission de plusieurs de ses joueurs dans les scandales des paris truqués, le tennis italien est devenu aujourd'hui une véritable force. Il compte 18 représentants parmi les 250 premiers de l'ATP dont un vainqueur de Masters 1000 – Fabio Fognini – deux demi-finalistes de Grand Chelem – Matteo Berrettini et Marco Cecchinato – et enfin le plus fort joueur au monde né après l'an 2000 – Jannik Sinner.
Une impression mitigée
On doute que Rafael Nadal réserve le même sort à Matteo Berretini que Roger Federer il y a deux mois à Londres. Avec son coup droit, le Romain est en mesure de lui offrir une véritable réplique. Victorieux 6-4 7-5 6-2 de Diego Schwartzman après 2h47' de match, Rafael Nadal n'a pas laissé la même impression que deux jours plus tôt face à Marin Cilic.
Le Majorquin a, ainsi, souffert de crampes aux avant-bras dans le troisième set. Il a, surtout, laissé revenir son adversaire au score après avoir mené 4-0 au premier set et 5-1 au deuxième. Il est rare de le voir perdre l'avantage d'un double break coup sur coup. Il a toutefois su donner le coup de collier nécessaire pour enlever ces deux manches.
Malgré ces deux passages à vide et ses 39 fautes directes (dont 27 en coup droit!), Rafael Nadal se profile comme le grandissime favori du tournoi. Dernier membre du Big Three encore en lice après les éliminations de Novak Djokovic en huitième de finale et de Roger Federer en quart, il a, pour la plupart des observateurs, déjà gagné le tournoi. On voit mal, en effet, comment le titre – il s'agirait de son quatrième à l'US Open et de son 19e en Grand Chelem – pourrait lui échapper. Mais Rafael Nadal a trop d'expérience pour ne pas savoir que le tennis n'est pas toujours une science exacte.