Roger Federer (no 3) s'est dit amoureux de Roland-Garros dans un entretien accordé cette semaine à L'Equipe. Le public parisien, qui n'a pas pu voir le Maître à l'oeuvre depuis 2015, fera tout pour lui rendre cet amour. Mais sera-ce suffisant pour brouiller les cartes dans un tournoi dont Rafael Nadal (no 2) est l'éternel favori?
Le Bâlois a retrouvé mardi déjà un court Philippe Chatrier totalement «relooké» en attendant la pose d'un toit rétractable qui sera disponible l'an prochain. A 37 ans, il est là avant tout pour se faire plaisir. Pour fêter aussi un double anniversaire, 20 ans après avoir joué à Paris son premier match dans un «Major» et 10 ans après y avoir complété son Grand Chelem de carrière.
Elevé tennistiquement sur cette surface, Roger Federer y a très vite retrouvé ses marques, avec un succès convaincant sur Gaël Monfils – en ayant sauvé deux balles de match – suivi d'une défaite sur le fil face à Dominic Thiem – en ayant manqué deux balles de match – à Madrid. La blessure à la jambe droite qui l'a contraint à renoncer à jouer son quart de finale à Rome est déjà oubliée.
C'est sans pression que l'homme aux 20 trophées majeurs aborde ce tournoi. Et c'est dans ce contexte que son talent s'exprime le mieux. Le public sera qui plus est derrière lui dès son 1er tour face à Lorenzo Sonego (ATP 73). Mais il n'aura certainement pas d'yeux que pour lui: Roi de la terre battue, Rafael Nadal bénéficie à Paris d'une cote d'amour qui n'a rien à envier à celle du Bâlois.
111-2!
Et pour cause. Le gaucher majorquin est chez lui sur le court Philippe Chatrier, où il a soulevé la Coupe des Mousquetaires à 11 reprises. Le battre sur cette surface, en trois sets gagnants, constitue toujours le défi ultime du tennis. Son bilan sur terre battue dans des rencontres jouées au meilleur des cinq manches? 111 succès, pour 2 défaites! A Roland-Garros? 86-2! Effarant.
Alors certes, Rafael Nadal n'a pas réalisé son habituelle razzia dans les tournois de préparation. Il a même attendu le dernier en date, à Rome, pour débloquer son compteur de titres en 2019. Mais il l'a fait avec la manière, en infligeant un 6-0 à quatre de ses cinq adversaires au Foro Italico. Dont un au no 1 mondial Novak Djokovic dans une finale qui a agi comme une piqûre de rappel.
Rafael Nadal – qui pourrait retrouver Roger Federer en demi-finale – est bien l'homme à battre dans cette quinzaine prometteuse. Novak Djokovic s'était profilé comme le principal favori après son sacre à Madrid. Mais le Serbe est vite rentré dans le rang. Même si la perspective de pouvoir détenir pour la deuxième fois les quatre titres majeurs lui donnera certainement des ailes.
Thiem en outsider no 1
Les trois meilleurs joueurs de l'histoire ne semblent en tout cas pas prêts à laisser la nouvelle garde sortir de leur ombre en Grand Chelem. Finaliste malheureux l'an dernier à Paris, Dominic Thiem (no 4) paraît le plus armé pour y parvenir. Difficile toutefois de l'imaginer battre successivement Novak Djokovic – qu'il devrait affronter en demi-finale – puis Rafael Nadal.
Difficile aussi d'envisager un exploit de Stan Wawrinka (no 24), sacré en 2015 à Paris. Le Vaudois est toujours en quête de constance et de confiance, lui qui a chuté d'entrée à Rome et Genève après avoir atteint les quarts de finale à Madrid. Il aura certes l'occasion de monter en puissance, comme il sa(va)it si bien le faire. Mais le voir atteindre les 8es de finale – où il pourrait défier Stefanos Tsitsipas (no 6) – constituerait déjà un motif de satisfaction.
Osaka pour la passe de trois?
La lutte s'annonce plus ouverte dans le simple dames. Lauréate des deux dernières levées du Grand Chelem, Naomi Osaka (no 1) n'est pas autant à l'aise sur terre battue qu'elle l'est sur dur. La Japonaise n'a ainsi pas disputé la moindre finale sur cette surface. Mais sa force de frappe et son mental à toute épreuve en font tout de même l'une des principales candidates à la victoire finale.
Au même titre que la tenante du titre Simona Halep (no 3), qui devrait logiquement retrouver Naomi Osaka en demi-finale. Karolina Pliskova (no 2), Kiki Bertens (no 4), Petra Kvitova (no 6), Sloane Stephens (no 7) ou Ashleigh Barty (no 8) auront toutefois elles aussi leur mot à dire dans cette quinzaine.
Belinda Bencic (no 15) rêve quant à elle de frapper enfin un grand coup à Paris, où elle n'a jamais dépassé le 2e tour. La St-Galloise devrait subir un premier gros test en 8e de finale: elle pourrait y défier Kiki Bertens. La Zurichoise Viktorija Golubic (WTA 79) affiche quant à elle des ambitions plus limitées: son 1er tour face à Hsieh Su-Wei (no 25) s'annonce déjà délicat.