Genève
Bien plus finnois dans l'âme que suisse, le pays de son père Sandro Della Piana, Henri Laaksonen a perdu une belle occasion de se faire enfin un nom à la Halle Saint-Jacques, dans le royaume de Roger Federer. Battu pour la cinquième fois au premier tour des Swiss Indoors, le désormais leader de l'équipe de Suisse de Coupe Davis semble condamné à ne pas échapper à l'anonymat dans lequel il semble toutefois se complaire.
Battu 6-7 (8/10) 6-1 6-3 par Borna Coric (ATP 54) malgré le gain d'un premier set dont le scénario a défié toutes les lois du tennis, Henri Laaksonen (ATP 94) a perdu gros à Bâle. Privé des 45 points qui auraient récompensé sa présence jeudi en huitième de finale devant le tenant du titre Marin Cilic, Henri Laaksonen n'a pas d'autre alternative que de s'envoler bientôt une... onzième fois cette année vers un autre continent. Il jouera trois tournois Challengers aux Etats-Unis pour cueillir les quelque 140 points qui lui accorderont une place dans le tableau principal de l'Open d'Australie. "J'ai le jeu pour être dans le top 100 aujourd'hui, dit-il. Demain, je veux me faire une place parmi les cinquante meilleurs. Il est légitime de vouloir davantage, de ne pas se contenter de l'acquis."
Onzième joueur suisse de l'histoire à se hisser dans le top 100 de l'ATP, Henri Laaksonen a démontré que le soutien accordé depuis des années par Swiss Tennis était légitime. Malgré son incapacité à maintenir une relative constance à son service - il a commis ainsi 12 doubles fautes mercredi contre Borna Coric -, il possède à 25 ans un jeu en cadence qui peut vraiment lui permettre de s'établir parmi les cent meilleurs joueurs mondiaux. Un tel classement est impératif pour être en mesure de financer sa carrière. Le seul fait de jouer le premier tour des quatre tournois du Grand Chelem vous met pratiquement à l'abri du besoin. Cette année, le "prize money" du perdant du premier tour de l'US Open se chiffrait à... 50'000 dollars. On comprend pourquoi Henri Laaksonen est prêt à prolonger sa saison aux Etats-Unis.
Bien des regrets
Le Schaffhousois - la ville où il réside auprès de ses grands-parents lors des rares semaines qu'il passe en Suisse - a quitté la Halle Saint-Jacques plus riche de 13'600 euros, mais avec bien des regrets dans la tête. Il avait largement les moyens de battre une troisième fois cette année Borna Coric après ses succès à Indian Wells et à Shanghaï. Seulement après le gain miraculeux de ce premier set qui fut à la fois indécis, dramatique et improbable, Henri Laaksonen n'est pas parvenu à enfoncer le clou à 1-0 15-40 lors de l'entame de la deuxième manche. C'est à l'instant même où il devait porter l'estocade qu'il a perdu le fil de son tennis pour remettre le Croate, "tombeur" de Rafael Nadal à Bâle en 2014, sur les rails. Et si ce tempérament finnois, qui l'incite à masquer ses émotions et qui l'a certainement aidé à ne pas plonger après ses... quatre doubles-fautes consécutives sur la fin du premier set, ne l'interdisait-il pas finalement d'être plus "tueur" sur le court ?
"Le problème aujourd'hui est venu de mon incapacité à servir, lâche-t-il. Cela fait six mois que je n'avais pas servi aussi mal !" Dommage que ce jour sans se produise dans le tournoi le plus important de l'année pour lui.
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