Roger Federer Roger Federer : "Je reviens de beaucoup plus loin qu'en 2016"

Chris Geiger, à Genève

17.5.2021

Chris Geiger, à Genève

A la veille de son entrée en lice au Geneva Open contre l'Espagnol Pablo Andujar, Roger Federer s'est notamment confié sur sa forme physique, son niveau de jeu et son programme à venir. Interview.

Roger Federer n'a plus joué depuis le 11 mars dernier et sa défaite à Doha contre Nikoloz Basilashvili.
Roger Federer n'a plus joué depuis le 11 mars dernier et sa défaite à Doha contre Nikoloz Basilashvili.
Keystone

Roger Federer, avez-vous des doutes sur votre niveau actuel et où pensez-vous vous situer par rapport aux meilleurs ?

"Je me concentre sur moi-même et suis avant tout préoccupé par mon jeu. Le niveau actuel sur l'ATP Tour est super et j'aimerais réussir à atteindre ce niveau. Je ne sais toutefois pas vraiment où me situer par rapport aux autres, mais ce n'est pas grave. Je dois faire mes trucs de mon côté et jouer une dizaine de matches pour vous répondre. Il y a évidemment des interrogations par rapport à mon niveau actuel, mais j'en saurai un peu plus mardi (ndlr : entrée en lice prévue à 15h30). Je suis heureux d'être de retour, mais je ne joue pas à Genève pour être directement au même niveau que Rafael Nadal ou Novak Djokovic."



D'ailleurs, quelle différence faites-vous entre votre retour de blessure en 2017 et celui de cette année ?

"J'ai joué très longtemps avec un genou en mauvais état en 2016, notamment lors des saisons sur terre battue et sur gazon. C'était alors sincèrement compliqué. J'avais espéré que ça puisse passer, mais j'avais ensuite rencontré des problèmes de dos. Je reviens cette fois-ci de beaucoup plus loin avec ma double opération. Il y a donc davantage de points d'interrogation qu'il y a cinq ans. A la fin 2016, je savais que j'étais en bonne forme car j'avais pu jouer des vingtaines de sets d'entraînement à Dubaï avec Lucas Pouille. Cette année, je n'ai pas encore eu beaucoup d'heures de tennis puisque je viens de finir ma phase de préparation physique. Les semaines à Genève et à Roland-Garros me permettront donc de retrouver les entraînements et les matches. Je me réjouis de voir ce que ça va donner et d'oublier les côtés réhabilitation et fitness. Les résultats ne seront donc pas très importants car les matches que je jouerai seront comme des entraînements un peu privilégiés."



Votre gros objectif de la saison est Wimbledon. Etait-ce dès lors important de jouer avant ce tournoi sur terre battue ?

"Je suis heureux de la manière dont s'est passée la transition de dur à terre battue après Doha. J'espère donc la même chose pour le passage de la terre battue au gazon. Depuis 1998, la saison sur gazon est dans mon calendrier et je n'ai jamais vraiment rencontré de problème. Un joueur de tennis est toujours un peu inquiet lorsqu'il revient de blessure, surtout après une aussi longue absence que la mienne, mais il est surtout important de comprendre les éventuels problèmes. Est-ce à cause du genou, est-ce parce que tu n'as pas joué depuis plus d'un an ou est-ce parce que tu es vieux ? (rires) Jusqu'à maintenant, je me suis bien senti sur la terre battue et j'espère que ça va m'aider pour le gazon. Frapper beaucoup de balles avec la puissance que demande l'ocre va forcément être bénéfique pour moi."



Il n'y aura finalement que deux semaines entre Roland-Garros et Wimbledon. Le décalage d'une semaine des Internationaux de France a-t-il compliqué l'établissement de votre programme ?

"Encore une fois, ça fait des dizaines d'années que je passe d'une surface à une autre. Le changement de dates du tournoi parisien a du positif et du négatif. Il y a certes une semaine de moins sur gazon, mais il m'a permis de jouer à Genève. C'est toutefois vrai que j'ai beaucoup réfléchi et discuté avec mon équipe pour savoir s'il valait mieux faire l'impasse sur la terre battue, ne disputer que Roland-Garros ou jouer les autres tournois mais renoncer à Paris. Le décalage d'une semaine m'a finalement conforté dans l'idée que Genève était la meilleure solution pour enchaîner ensuite sur les Internationaux de France, puis sur Halle et Wimbledon."

Qu'est-ce qui vous a finalement convaincu dans cette option ?

"J'ai tout mis dans le panier et longuement discuté avec mon équipe. Le report de Roland-Garros m'a donné de nouvelles possibilités de jouer sur ocre. C'est d'ailleurs peut-être mieux pour moi de reprendre sur un ATP 250 plutôt que sur un Masters 1000, même si je peux très bien perdre au premier tour ici aussi. On a beaucoup réfléchi avec mon équipe et on avait plein d'autres idées, mais le scénario Genève - Paris était celui que je voulais faire en priorité. J'ai donc décidé de suivre ma passion."

Finalement, vous vous apprêtez à retrouver l'ATP Tour. Quelle est votre opinion sur le niveau actuel présent sur le circuit masculin ?

"Je n'ai pas regardé autant de matches que ça dernièrement, mais chaque fois que j'ai regardé des rencontres, j'ai été impressionné. A Doha, j'étais inquiet par rapport au niveau de mes adversaires. Après avoir joué le premier set contre Daniel Evans, j'étais toutefois surpris d'évoluer à un tel niveau. Cette fois, je vais davantage me concentrer sur la terre battue que sur le niveau de mes adversaires. Je pense que du moment où je suis en forme, capable d'enchaîner les efforts et récupérer rapidement, je crois que je ferai à nouveau partie des meilleurs. Si tu veux être à ce niveau, il faut être bon une cinquantaine de matches par saison, et c'est ce qui est compliqué quand tu es vieux. Une chose est sûre, ce sera un challenge de retrouver le niveau des Rafael Nadal, Novak Djokovic, ou Dominic Thiem."