Deux ans après la finale historique du simple juniors qui les a opposés à Roland-Garros, Leandro Riedi a comblé l'écart – conséquent – qui le séparait de Dominic Stricker, son vainqueur à Paris. Agés tous deux de 20 ans, le Zurichois et le Bernois sont désormais prêts à faire le grand saut, c'est-à-dire figurer à leur tour parmi les cent meilleurs joueurs mondiaux.
Longtemps perdu de vue lors d'une année 2021 un peu sombre, Leandro Riedi a signé un authentique exploit le mois dernier: enlever deux Challengers, à Helsinki et à Andria, en deux semaines pour terminer l'année 2022 à la 158e place mondiale alors qu'il l'avait entamé hors du top... 700. «La clé pour moi fut de passer deux mois l'hiver dernier dans une académie en Floride, explique Leandro Riedi. J'étais seul. Je voulais me vider la tête et je crois que ces deux mois m'ont permis quelque part de grandir.»
Une première à Melbourne
En mars, il recueillait au Challenger de Lugano les premiers fruits de ce séjour en Floride avec une accession en finale. Mais en mai, il accusait un coup d'arrêt au Geneva Open avec une défaite au premier tour face à Johan Nikles malgré... six balles de match dans sa raquette.
«Mes succès à Helsinki et à Andria ont été très forts sur le plan émotionnel», avoue le Zurichois qui ne collabore plus avec Yves Allegro et qui sera dirigé en 2023 par Cyril Cornu et par Philipp Wallbank. Les points ATP remportés en Finlande et en Italie lui assurent une place dans le tableau des qualifications de l'Open d'Australie, sa première expérience en Grand Chelem chez les «grands».
A Melbourne, Dominic Stricker tentera pour la cinquième fois sa chance dans les qualifications d'un tournoi du Grand Chelem après ses quatre échecs cette année. Demi-finaliste du Masters Next-Gen de Milan, le Bernois aborde l'année 2023 avec la farouche ambition de justifier toutes les promesses qu'il a pu susciter.
On ne peut toutefois pas affirmer qu'il soit en retard sur son tableau de marche dans la mesure où seuls trois joueurs plus jeunes que lui le devancent au classement ATP: le no 1 mondial Carlos Alcaraz bien sûr, mais aussi le vainqueur de Paris-Bercy Holger Rune (ATP 11) et l'Américain Ben Shelton (ATP 96).
Un héritage qui n'est pas le leur
A 20 ans, Dominic Stricker et Leandro Riedi sont appelés à combler le vide béant laissé par Roger Federer. «Je ne ressens aucune pression devant un tel héritage», lâche Leandro Riedi qui sait parfaitement qu'il n'y aura jamais un autre Roger Federer. Comme Dominic Stricker, le Zurichois a eu la possibilité de s'entraîner à Dubai il y a trois ans avec l'homme aux 20 titres du Grand Chelem.
«Ce qui m'a frappé chez lui, c'est sa faculté de rester les pieds sur terre malgré toute la folie qui peut l'entourer.» Quant à Dominic Stricker, il a retenu le conseil du Maître de travailler son service sans relâche. «Je l'ai écouté et je crois que cela a payé», sourit le gaucher.