La joueuse danoise Caroline Wozniacki a jugé mercredi «inévitable» le fait que l'Arabie saoudite, qui a fait appel à Rafael Nadal en tant qu'ambassadeur, accueille à l'avenir davantage de tournois de tennis, y voyant une chance d'obtenir des changements positifs dans ce pays. Les patrons du tennis féminin réfléchissent notamment à la possibilité d'organiser le Masters de fin d'année dès 2024 dans cet État du Golfe.
«Je pense qu'il est inévitable que cela se produise, et je pense que lorsque cela se produira, nous aurons la possibilité de changer les choses et de faire quelque chose de bien là-bas», a déclaré l'ancienne no 1 mondiale, après sa défaite au deuxième tour de l'Open d'Australie.
«Je n'ai pas lu grand-chose sur Rafa et ce qu'il fait, mais il est évident que l'Arabie saoudite s'intéresse de très près au sport. Je pense que c'est le cas pour le golf, le football et maintenant le tennis», a encore souligné Wozniacki, qui revient sur le devant de la scène après avoir eu deux enfants.
Rafael Nadal a été nommé lundi ambassadeur de la Fédération saoudienne de tennis (STF). Selon celle-ci, l'Espagnol «passera du temps dans le royaume chaque année» pour développer le tennis national et une nouvelle Académie Rafa Nadal.
L'Arabie saoudite utilise depuis quelques années le sport comme levier diplomatique avec la Formule 1, la Moto GP, le circuit de golf LIV, le football - elle est seule candidate à l'organisation de la Coupe du monde 2034 -, le rallye Dakar (en cours) et le tennis. Le royaume conservateur a accueilli en 2023 son premier tournoi ATP, le Next Gen à Jeddah, et des matches exhibition Novak Djokovic-Carlos Alcaraz et Aryna Sabalenka-Ons Jabeur.
Swiatek : «Difficile de dire si c’est une bonne chose ou non»
Mais la monarchie pétrolière, premier exportateur de brut mondial, s'est attiré les critiques des défenseurs des droits humains et les organisations environnementales qui l'accusent de «sportwashing» pour redorer sa réputation.
Les commentaires de Wozniacki, la vainqueure de l'Open d'Australie 2018, interviennent après que la no 1 mondiale, Iga Swiatek, a affirmé que la question n'était pas «noire ou blanche». «Il m'a toujours été difficile de dire si c'était une bonne chose ou non, parce que ce n'est pas facile pour les femmes dans ces régions. Il est évident que ces pays veulent aussi changer et s'améliorer sur le plan politique et sociologique. Il n'est pas facile de prendre une décision», a jugé la Polonaise.
Deux légendes se révoltent auprès de la WTA
Sports Illustrated a rapporté mercredi que les légendes du tennis féminin Martina Navratilova et Chris Evert avaient envoyé une lettre de protestations à Steve Simon, directeur de la WTA.
«Non seulement c'est un pays où les femmes ne sont pas considérées comme égales, mais c'est aussi un pays qui criminalise la communauté LGBTQ», indique la lettre, selon le magazine. «La tenue de la finale de la WTA en Arabie saoudite représenterait un pas en arrière significatif, au détriment de la WTA, du sport féminin et des femmes», affirme le texte.
La WTA a indiqué dans un communiqué à l'AFP qu'elle était «en discussion avec divers groupes au sujet du Masters 2024 et au-delà, et qu'elle n'avait pris aucune décision pour le moment».