La Rod Laver Arena est bien la cour des miracles pour Roger Federer. Quatre jours après la folle «remontada» du super tie-break devant John Millman, le no 3 mondial a survécu à un match qu'il aurait dû perdre mille fois en quart de finale de l'Open d'Australie.
Le Bâlois s'est imposé 6-3 2-6 2-6 7-6 (10/8) 6-3 après 3h31' de jeu devant Tennys Sandgren (ATP 100) après avoir écarté.... sept balles de match au quatrième set. Blessé aux adducteurs, il n'est resté sur le court que pour une seule raison: pouvoir demeurer le seul joueur à n'avoir jamais abandonné une partie en cours.
Incapable de se livrer physiquement pendant plus de deux sets, Roger Federer attendait, résigné, la balle de match victorieuse de l'Américain pour plier bagage. Mais c'était sans compter sur l'extrême fébrilité de Tennys Sandgren au moment de conclure et, aussi, sur cette petite flamme qui lui commandait que rien n'est jamais acquis avant le «jeu, set et match» prononcé par l'arbitre.
Presque sur un malentendu
Tennys Sandgren a, ainsi, galvaudé trois premières balles de match à 5-4. Il a ensuite mené 6/3 au jeu décisif, toujours sans pouvoir gagner ce fameux dernier point alors que les occasions étaient bien là. C'est donc presque sur un malentendu que Roger Federer pouvait égaliser à deux manches partout. Avant de gérer parfaitement le cinquième set grâce à un break réussi au sixième jeu.
Le souvenir d'un match gagné 14/12 au jeu décisif du troisième set à Cincinnati en 2003 contre l'Australien Scott Draper après avoir écarté ce jour-là aussi sept balles de match l'a peut-être aidé à toujours croire en son étoile. Il sait aussi qu'il n'est jamais aisé d'affronter un adversaire diminué et que Tennys Sandgren, ce «journeyman» venu du Tennessee, devait bien être rattrapé par cette tare qui ne finira jamais de hanter les tennismen et tenniswomen: le manque de relâchement à la vue de la ligne d'arrivée.
Jeudi soir, Roger Federer disputera la 46e demi-finale de sa carrière dans un tournoi du Grand Chelem. Il affrontera pour la 50e fois Novak Djokovic (no 2), qui a aisément validé son billet face à Milos Raonic (no 32). Le Serbe s'est imposé 6-4 6-3 7-6 devant le Canadien qui lui aura rendu un fier service lors de cette quinzaine avec sa victoire au troisième tour devant Stefanos Tsitsipas (no 6), le seul homme capable de lui barrer la route des demi-finales.
Plus aucune règle
La question est désormais de savoir si Roger Federer pourra se présenter sur le court en pleine possession de ses moyens. Mais pour un homme qui gagne 10/8 un super tie-break après avoir été mené 8/4 avant de sauver sept balles de match quatre jours plus tard, il n'y a plus aucune règle.
Même s'il reste sur une victoire devant le tenant du titre - 6-4 6-3 en novembre dernier lors du Round Robin du Masters de Londres -, Roger Federer s'attaque, de l'avis presque unanime, à une mission impossible. Les doutes suscités par son état physique, les conditions de jeu lentes qui favoriseront son adversaire et la distance des trois sets gagnants sont des éléments qui ne plaident aucunement en sa faveur.
Pour rajouter au scepticisme ambiant qui l'entoure avant cette demi-finale, on précisera que Roger Federer reste sur une série de cinq défaites devant Novak Djokovic dans le cadre des tournois du Grand Chelem. Mais apparemment, l'immensité du défi qui lui est proposé ne l'effraie pas. Le Bâlois se dit prêt à le relever, convaincu qu'il n'est plus à un miracle près sur la Rod Laver Arena. Il veut croire que la légende est toujours en marche.