Le titre de Wimbledon ne devrait pas échapper au «Big Three». Maître des lieux, l'homme aux 20 titres majeurs Roger Federer peut reprendre ses distances avec Rafael Nadal, son adversaire des demi-finales vendredi vers 16h30. Novak Djokovic, qui se frottera à Roberto Bautista Agut dès 14h, peut lui revenir à quatre longueurs du Bâlois.
Ce tournoi pourrait marquer un tournant dans la lutte pour le titre de meilleur joueur de l'histoire. Vainqueur d'un 18e trophée du Grand Chelem à Roland-Garros, Rafael Nadal n'a jamais été aussi proche de Roger Federer. En pleine confiance, l'Espagnol a les moyens de réduire encore l'écart. Sur un gazon qui n'a jamais été aussi lent, il peut jouer le même tennis que sur terre battue.
C'est la première fois depuis 2007 que les membres du «Big Three» figurent tous dans le dernier carré à Wimbledon. La «faute» avant tout à Rafael Nadal, même si c'est Roger Federer qui manquait à l'appel l'an dernier. Ses genoux ne l'ont en effet que rarement laissé tranquille sur gazon depuis son deuxième et dernier titre londonien, qui date de 2010.
Onze ans après
C'est aussi, surtout, la première fois depuis leur fabuleuse finale de 2008 que Roger Federer et Rafael Nadal vont s'affronter à Church Road. Cette année-là, l'Espagnol avait conquis son premier titre londonien, mettant fin au règne du Bâlois (cinq sacres consécutifs entre 2003 et 2007) au terme de ce que de nombreux observateurs considèrent comme le plus grand match de tous les temps.
Roger Federer s'était incliné 9-7 au cinquième set, après 4h48' de jeu, alors qu'il restait sur 65 matches remportés consécutivement sur herbe. Mais c'est peut-être un mois plus tôt qu'il avait perdu cette partie: balayé 6-1 6-3 6-0 en finale à Roland-Garros par son éternel rival, il avait abordé leur rendez-vous londonien avec cette leçon parisienne encore bien présente à son esprit.
Les meilleurs rallyes du match de 2008:
Plus facile à digérer
Onze ans plus tard, Roger Federer a également dû digérer une lourde défaite parisienne (6-3 6-4 6-2). Mais il s'agissait d'une demi-finale. La différence est de taille. Aucun trophée n'était en jeu il y a un mois. Et le Bâlois n'affichait qui plus est pas les mêmes ambitions sur terre battue en 2019 qu'en 2008: à l'époque, il caressait encore l'espoir de détrôner Rafael Nadal à Roland-Garros.
A bientôt 38 ans, Roger Federer a sans doute plus aisément oublié ce dernier échec parisien, lui qui a avant tout profité de la saison sur terre battue pour ne pas perdre le rythme de la compétition. L'octuple champion de Wimbledon a vite repris ses bonnes habitudes sur l'herbe de Halle, où il a triomphé pour la 10e fois (la 102e au total sur le circuit).
Et Le Bâlois peut s'appuyer sur les certitudes nées des cinq victoires d'affilée obtenues face à Rafael Nadal avant leur duel parisien pour aborder en confiance cette demi-finale qui promet tant. Tout en étant conscient qu'il ne pourra pas se montrer aussi peu efficace sur les points cruciaux que face à Kei Nishikori (4/14 sur ses balles de break face au Nippon en quart de finale).
Djokovic reste le favori
Le vainqueur de ce 40e face-à-face (Rafael Nadal mène 24-15) n'aura certainement pas fait le plus dur. Tenant du trophée et quadruple lauréat du tournoi londonien, Novak Djokovic demeure le grand favori. Le Serbe n'a connu que de très rares sautes de concentration depuis le début du tournoi, signe qu'il est en mission reconquête après son échec de Roland-Garros où il espérait bien détenir pour la deuxième fois les quatre titres du Grand Chelem.
Novak Djokovic semble à l'abri d'une mauvaise surprise face à Roberto Bautista Agut, qui figure pour la première fois dans le dernier carré d'un «Major», même s'il a été battu à trois reprises en dix duels livrés avec le solide Espagnol. Et le Serbe n'a jamais perdu de finale à Wimbledon face à Roger Federer ou à Rafael Nadal: il en a gagné deux face au Bâlois (2014 et 2015) et une face à l'Espagnol (2011), qu'il a en outre battu en demi-finale en 2018...
Nadal en «pole»
A noter que c'est la treizième fois au total que Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic figurent tous les trois en demi-finale du même tournoi majeur. L'Espagnol a soulevé le trophée à six reprises dans cette situation, le Serbe à trois reprises et le Bâlois deux fois (Wimbledon 2007 et US Open 2008). Seul Juan Martin Del Potro était parvenu à jouer jusqu'au bout les trouble-fête, lors de l'US Open 2009.