La rivalité entre Roger Federer (38 ans) et Rafael Nadal (33 ans) est l'une des plus fascinantes de l'histoire du tennis. Elle avait pris une dimension extraordinaire dès le deuxième de leurs 40 duels, en finale à Miami il y a tout juste 15 ans, le 3 avril 2005.
Incontestable no 1 mondial, sacré deux semaines plus tôt à Indian Wells, le Bâlois avait abordé cette partie dans la peau du grand favori. Son rival majorquin semblait alors encore un peu «tendre» à 18 ans et 10 mois, malgré sa victoire obtenue à la surprise générale une année plus tôt face au Maître lors du même tournoi floridien.
Vainqueur de sept des huit derniers tournois qu'il avait joués – dont l'US Open 2004 et le Masters 2004 – et de 47 de ses 48 matches précédents, Roger Federer avait pourtant frisé le code dans une finale alors jouée au meilleur des cinq sets. Il fut ainsi mené le plus logiquement du monde 6-2 7-6 4-1.
«A 4-1 dans le troisième set, j'ai regardé le panneau d'affiche et j'ai alors juste espéré que ce ne serait pas 6-1 dix minutes plus tard», avait souligné le Bâlois après cette finale, qu'il allait remporter 2-6 6-7 (4/7) 7-6 (7/5) 6-3 6-1 après 3h43' en s'étant retrouvé à deux points de la défaite dans la troisième manche.
«J'avais gâché tellement d'occasions. Plus tôt dans ma carrière, j'aurais certainement lâché prise après avoir raté tant d'opportunités», avait poursuivi un Roger Federer qui, dos au mur, avait retrouvé toute sa précision en coup droit pour finalement survoler les débats dans les troisième et quatrième sets.
Mais le Bâlois se souvient peut-être aussi qu'il avait bénéficié d'un sacré coup de pouce arbitral. A 3-4 0/30 sur son service au troisième set, il commettait ainsi une énième faute directe. Mais ni le juge de ligne ni l'arbitre ne la signalaient. Mené 15/30 au lieu de 0/40, il parvenait à écarter le danger. Le vent avait tourné.
L'histoire ne retiendra sans doute pas ce dernier fait de jeu. Sauvé alors par son aura, Roger Federer se souviendra surtout de ce «comeback» improbable qui lui a offert son premier doublé Indian Wells/Miami. Et qui lui a permis de prolonger l'une des plus fabuleuses séries de son immense carrière: ces 24 finales remportées consécutivement entre octobre 2003 et octobre 2005.
Rafael Nadal allait, lui, rapidement oublier cet échec. Le gaucher majorquin entamait quelques jours plus tard à Barcelone son impressionnante série de 81 matches gagnés consécutivement sur terre battue, une série interrompue par... Roger Federer en finale à Hambourg en 2007. Mais il allait patienter plus de trois ans encore avant de déloger le Bâlois de la 1re place mondiale.