Swiss Indoors
Wawrinka: "J'ai perdu l'envie de parler à la presse suisse"

Chris Geiger, à Bâle.

23.10.2019

Auteur d'une grosse performance face à Pablo Cuevas, Stan Wawrinka s'est qualifié pour les 8es de finale des Swiss Indoors. Le Vaudois en a profité pour rétablir certaines vérités devant une presse suisse désabusée. 

Stan Wawrinka, vous avez effectué une excellente entrée en matière face à Pablo Cuevas (victoire 6-3 6-4). Etes-vous satisfait?

"Je suis très content d'avoir réalisé ce très bon match. Ce n'est jamais évident pour moi de jouer ici à Bâle. Les dernières années avaient d'ailleurs été compliquées. Je n'ai pas pu participer aux deux dernières éditions, alors que je n'avais pas joué mon meilleur tennis lors des précédentes. C'est pourquoi je suis très content de l'accueil que j'ai reçu aujourd'hui (ndlr: mercredi). Il y avait une super atmosphère et j'ai bénéficié d'énormément de soutien. J'ai su en profiter pour réaliser un match complet."

Quel aspect de votre jeu vous a le plus réjoui durant ce 1er tour?

"J'ai très bien servi, ce qui m'a beaucoup aidé. Je me suis montré aussi très agressif tout au long du match. Cela reste qu'un 1er tour. J'espère donc bien jouer demain (ndlr: jeudi) contre Frances Tiafoe."

Justement, à quel type de match vous attendez-vous?

"C'est un jeune joueur qui a beaucoup d'irrégularités dans sa saison. Il joue beaucoup avec la motivation. Nous nous sommes aussi souvent entraînés ensemble. Nous nous connaissons donc très bien et rigolons beaucoup ensemble. Nous nous sommes d'ailleurs vus après nos matches respectifs. Il est content de m'affronter: il sera donc très motivé. Je m'attends à un match difficile. Je devrai rester très concentré, me montrer très agressif et bien servir. Il faut, en effet, essayer de gagner des points gratuitement lorsque les conditions sont aussi rapides."

Plus globalement, que vous manque-t-il encore pour retoucher à votre meilleur niveau?

"Pour vous, mon meilleur niveau était lorsque je gagnais des Grand Chelem. Mais qui en a gagné ces dernières années? Federer, Nadal et Djokovic! Je trouve que le jugement ici en Suisse, dans ce que je peux lire, est que je ne réalise pas une bonne année. C'est pourquoi j'ai perdu le plaisir de parler à la presse suisse. Je suis 15e mondial, 15e à la Race aussi, j'ai mathématiquement encore une chance de me qualifier pour le Masters et vous me demandez ce qu'il me manque pour retrouver mon meilleur niveau. Je suis le seul à avoir gagné des Majeurs ces dernières années à part le 'Big 4'. Il ne faut pas l'oublier non plus. Je reviens aussi d'une grosse blessure. Je joue bien actuellement: j'ai battu Djokovic à l'US Open, je viens de faire une finale à Anvers. Malgré cela, vous me demandez ce qu'il me manque pour regagner un Grand Chelem. Il faut repasser par les étapes d'avant pour y arriver à nouveau. Ça prend plus de temps après avoir subi une telle blessure, même si je donne l'impression d'être fit et de bien bouger." 

Dans votre processus, la première étape ne serait-elle pas justement de gagner un titre avant de triompher en Grand Chelem?

"Je gagnerai peut-être en Grand Chelem l'année prochaine avant de remporter un titre (ndlr: 'mineur'). Nous ne pouvons pas le savoir. Toute ma carrière s'est construite par étape. Je sais donc comment je fonctionne et comment j'avance. C'est pourquoi j'arrive voir tout ce que j'ai construit depuis ma blessure. Je peux donc dire que cette année a été très bonne. J'ai retrouvé la confiance en rebattant les meilleurs joueurs du monde. Je n'ai certes pas gagné de Grand Chelem, mais je sais désormais ce que je serai capable de faire la saison prochaine. Me retrouver dans cette position était d'ailleurs mon but cette année. J'aurais bien sûr voulu finir l'année dans le Top 10 et gagner des Majeurs, mais il faut être réaliste. Il ne suffit pas de claquer des doigts pour revenir au niveau où je me trouvais avant ma blessure. Cette dernière m'a d'ailleurs coupé dans mes meilleures années. Il ne faut pas non plus oublier que Federer, Nadal et Djokovic ont su encore élever leur niveau ces dernières années."

Vous avez donc franchi les étapes que vous vouliez et deviez franchir?

"Si je joue encore au tennis, c'est pour continuer à progresser. Je veux regagner des titres, remonter au classement et battre les meilleurs joueurs du monde. Si je pensais ne pas être capable de le faire, je pense que j'arrêterais. J'ai eu une carrière incroyable et j'ai pratiquement gagné tout ce qui est possible de gagner pour un joueur de tennis. Je ne verrais donc pas l'intérêt de continuer à jouer si je n'étais pas capable de gagner des tournois. J'ai construit ma carrière du mieux possible. De l'extérieur, c'est toujours facile de juger ce que je fais, comme par exemple quand je fais la fête, et de sortir uniquement le négatif sur le terrain ou dans ma vie privée. Personnellement, je pense que vous avez été beaucoup trop gâtés. Etre 15e mondial est beaucoup plus élevé et beaucoup plus difficile que ce que vous pensez. Vous avez aussi la chance d'avoir Belinda Bencic qui va participer au Masters. Mais, dans quelques années, il y aura beaucoup moins de Grand Chelem qui vont arriver en Suisse, en tout cas chez les hommes. Et là, vous vous rendrez compte qu'être 15e mondial n'est pas si mauvais que ça."

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