Dans une longue interview accordée au podcast "Echange" sur Eurosport, Stan Wawrinka s'est livré avec authenticité et en toute franchise sur sa carrière. Il est notamment revenu sur son rapport avec Federer et la vision que la Suisse a de lui, mais également sur ses victoires en Grand Chelem.
"Eurosport France" a publié vendredi dernier un long entretien avec le tennisman vaudois. Avant le tournoi de Wimbledon 2019, "Stan the Man" avait accordé de son temps à l'émission podcast "Echange" durant laquelle il est revenu sur sa carrière en toute sincérité.
Il a d'abord évoqué sa relation avec Federer et comment il était perçu en Suisse. "J'ai la chance d’être dans le même pays que le plus grand joueur de tous les temps", débute-t-il. Et lorsqu'il lui est demandé si c'était difficile d’être l’éternel numéro 2 derrière le Maître, il ne nie pas avoir vécu des moments difficiles. Il préfère toutefois en garder le positif. Le Vaudois est, en effet, reconnaissant de pouvoir côtoyer le Bâlois, d'avoir pu jouer et gagner des titres avec lui, comme le double au JO de Pékin en 2008. "Si je regarde ma carrière, il y a toujours eu beaucoup plus de positif que de négatif. Et ça c’est une chance énorme", ajoute-t-il.
«Le problème en Suisse, c’est qu’ils comparent»
Par ailleurs, il est revenu sur la façon dont on le voit en Suisse, lui qui a presque toujours été éclipsé par Federer. "Le vrai souci en Suisse, c’est le regard des gens", dit-il. "Ils (les Suisses) oublient que Roger Federer ne peut pas être jugé sur sa carrière. C’est un monstre, c’est un génie, c’est le plus grand joueur de tous les temps. Dans le monde entier, il est au-dessus de tous les autres joueurs." Avant de parler de sa situation personnelle: "Le problème en Suisse, c’est qu’ils comparent (…) Peu importe ce que j'allais faire, ce n’était jamais assez bien. Il y a un problème de visions par rapport à Roger qui, pour moi, ne devrait pas être comparé avec n’importe quel joueur."
Cependant, le fait d’être l’ombre de Roger Federer l’a plutôt arrangé au début de sa carrière. "Dans les premières années, ça m’a surtout beaucoup aidé. J’étais très timide, donc j’étais content qu’on ne parle pas trop de moi. J’étais content d’être dans l’ombre", déclare-t-il.
Le Vaudois est aussi revenu sur la peine qu'il a eu à battre Federer ces dernières années (21 à 3 dans les duels pour le Bâlois). Et quand on lui demande ce qu’il pense de ses confrontations face au numéro 1 suisse, il répond: "Son jeu, déjà, me dérange. Après, il y a l'aspect mental. On se connait tellement bien, depuis toujours," déclare-t-il. Avant de rajouter: "Et surtout, qui arrive vraiment à le battre plus d’une fois? Donc mes statistiques contre Federer ne me dérangent pas. Pour moi, ce n'est pas un souci. On dit souvent que j’ai un problème contre lui, mais c’est la même chose que contre Rafa (Nadal) et c’est la même chose pour les autres joueurs contre ces génies."
La défaite contre Djokovic en 2013 ? "Un déclic"
L’ex-numéro 3 mondial a ensuite parlé de son statut de grand du tennis. Jamais il ne s’était mis en tête de jouer les premiers rôles ou encore mis la pression de gagner un duel face à un grand ou de remporter un Grand Chelem. Un grand duel, il en parle justement avec sa défaite mémorable contre Djokovic en 2013 après 5h02 de jeu. Un revers qu’il a ressenti comme une révélation. "Le match de 2013 à l’Open d’Australie contre Djokovic a été comme un déclic mentalement. (...) Le perdre a été très difficile, j’en ai pleuré le soir même… Mais dans ma tête ça m’avait prouvé que je n’étais pas si loin."
Et la suite, on la connaît. Wawrinka a pris sa revanche face au Serbe l’année suivante à Melbourne avant de s’adjuger son premier titre en Grand Chelem face à un Rafael Nadal diminué en finale. "Gagner un Grand Chelem, c'est énormément d'émotions", dit-il, en ajoutant que pour lui c'était "l'aboutissement du travail".
Il est justement revenu plus longuement sur son deuxième titre en Majeur, celui remporté face à l’inévitable Djokovic à Roland-Garros, en 2015. Et plus particulièrement sur la balle de match. "C’est la balle de match rêvée ! Le revers le long de la ligne gagnant, c’est mon coup préféré (...) Et finir comme ça, c’est juste un rêve", se souvient-il.
En évoquant toujours les Grand Chelem, Stan n’a pas pu éviter la question sur les trois plus grands rivaux de sa génération et de leur course au plus grand nombre de tournois majeurs. "C’est ce qui fait parler. À la fin de leur carrière, c’est ce qui va mettre le plus 'grand joueur' devant", pense-t-il en parlant de Federer, Nadal et Djokovic. Et quand on lui pose la question si Nadal peut détrôner Federer, il répond: "Je pense qu’il va falloir faire très attention à Novak." Avant de conclure sur le sujet: "On a une chance énorme de les voir jouer les trois en même temps dans la même période."
Durant cet entretien, l’homme aux trois titres en Grand Chelem a aussi parlé de son début de carrière et de sa relation avec la presse française. Cette dernière lui a reproché par le passé "sa langue dure" envers ses voisins de l’Hexagone.
Si vous souhaitez écouter l’intégralité de l’interview (environ 50 minutes) de Stan Wawrinka, le podcast est directement disponible sur le site internet de "Eurosport France".
Wawrinka entamera sa campagne new-yorkaise mardi en night session face à l’Italien Jannik Sinner (ATP 131). Le Vaudois espère rester le plus longtemps possible à l'US Open, lui qui est sorti au 2e tour à Cincinnati et à Wimbledon.