Le prince Andrew, duc de York, le 7 septembre 2019 à Bruges
La reine d'Angleterre Elisabeth II (g) et son fils aîné le prince Charles, avant un discours royal à la chambre des Lords à Londres, le 19 décembre 2019
Au Royaume-Uni, la «firme» royale poussée à une cure d'austérité
Le prince Andrew, duc de York, le 7 septembre 2019 à Bruges
La reine d'Angleterre Elisabeth II (g) et son fils aîné le prince Charles, avant un discours royal à la chambre des Lords à Londres, le 19 décembre 2019
Les relations du prince Andrew avec le financier accusé de trafic de mineures Jeffrey Epstein ont plongé la monarchie britannique dans sa pire crise depuis des décennies, renforçant la pression pour la soumettre à une cure d'austérité.
Le prince Charles, qui se prépare à prendre la suite de sa mère, Elisabeth II, âgée de 93 ans, «veut ramener (la famille royale) à un noyau de membres haut placés qui travaillent à plein temps», souligne Penny Junor, auteure de nombreux livres sur la monarchie, dont «La Firme», d'après le surnom parfois donné à la monarchie britannique.
«Le fait qu'Andrew se soit tiré une balle dans le pied rend les choses plus faciles», ajoute-t-elle, interrogée par l'AFP.
Le prince Andrew est accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec une jeune femme alors mineure sous la contrainte d'Epstein. Ses arguments de défense jugés douteux, comme son manque d'empathie envers les victimes présumées, ont abouti à son retrait précipité de toute fonction publique le mois dernier.
2019 a tourné à l'«annus horribilis» pour la famille royale, qui a également vu s'étaler dans les médias la colère du prince Harry et de sa femme Meghan face à la presse tabloïde, tandis que le prince Philip, hospitalisé ces derniers jours, avait été à l'origine d'un accident de voiture en janvier.
Face à ces incidents, le quotidien «The Guardian» estimait que «la "firme" a perdu la main».
Beaucoup d'experts royaux s'attendent désormais à une baisse du train de vie pour la famille, dont de nombreux membres disposent d'un rang valant rémunération.
Mardi, la presse britannique, dont le très sérieux «Times», voyait dans les photos de la famille entourant la Reine pour son allocution de Noël un indice qui ne trompe pas sur les intentions de la souveraine: Harry et Meghan avaient disparu.
Le quotidien «The Telegraph» a quant à lui récemment appelé à «rationaliser la Windsor S.A.»: «Les familles royales élargies fonctionnent quand vous régnez sur un quart du monde (...) pas sur une Grande-Bretagne (...) au bord de la récession».
«Ministère du divertissement»
«L'argent de la monarchie est un point douloureux depuis longtemps. C'est celui par lequel attaquent les républicains», qui l'estiment d'un autre temps, remarque Jonny Dymond, qui couvre la famille royale pour la BBC, interrogé par l'AFP.
Outre l'attachement des Britanniques à cette dynastie qui transcende la vie de ses sujets, son image glamour est considérée comme un atout marketing pour le Royaume-Uni.
Pour Jonny Dymond, le «génie» des Windsor, qui font un peu office de «ministère du divertissement», est d'avoir toujours su se réinventer au fil des générations, «comme on relance un produit».
Mais «quand Andrew fait face à de telles accusations et quand Harry et Meghan poursuivent les journaux (...) est-ce qu'ils font le travail pour lequel ils sont payés? Evidemment non», ajoute-t-il.
La Reine reçoit du gouvernement britannique une allocation («Sovereign Grant») qui atteignait quelque 82 millions de livres pour l'exercice 2018-2019, pour payer ses fonctions de représentation ou celles des membres de sa famille, ses employés et l'entretien du palais de Buckingham, entre autres.
La souveraine bénéficie aussi d'une «bourse privée» («privy purse») qui provient des revenus d'un demi-milliard de livres d'actifs du Duché de Lancaster, propriété de la royauté depuis le Moyen-Age: près de 20 millions de livres l'an dernier, que la reine distribue en partie à ses proches.
«Des "passagers clandestins" qui ne travaillent pas beaucoup»
Buckingham ne donne pas de détail sur l'utilisation de ces fonds ou sur la fortune de membres de la famille comme Andrew. La presse britannique attribue à ce dernier une allocation royale annuelle de 250'000 livres que lui donnerait sa mère chaque année, en plus d'une pension militaire de 25'000 livres.
Le duc d'York, au style de vie réputé «jet set», est logé gratuitement, tout comme son ex-femme Sarah Ferguson, dans une résidence royale. Il aurait vendu pour environ 18 millions de livres il y a quelques années une propriété à Sunninghill, au sud-ouest de Londres, dont la Reine lui avait fait don, et on lui attribue un chalet luxueux en Suisse.
«L'un des griefs habituels contre la monarchie est le coût pour le contribuable et la perception que beaucoup de membres de la famille sont des "passagers clandestins" qui ne travaillent pas beaucoup», constate Penny Junor.
William, Harry et Cie: les notes des membres de la famille royale
William, Harry et Cie: les notes des membres de la famille royale
Le prince William sera roi un jour, quelles qu’aient été ses notes à son certificat de maturité. Mais comment le numéro deux dans l’ordre de succession au trône britannique s’en est-il réellement sorti à ses examens? Et qu’en est-il de sa famille?
Alors que les élèves suisses ont la maturité, les Britanniques passent l’examen appelé A-level. Les élèves sont évalués dans certaines matières de leur choix – dans l’idéal en gardant en tête les conditions d’accès à leur discipline de prédilection. Le prince William a choisi la géographie, l’art et la biologie.
La biologie semble avoir été l’épreuve la plus difficile pour lui; il a réussi l’examen avec un C, une note qui équivaut chez nous à un 4. Bien qu’il ait eu sa meilleure note en géographie – un A (6) –, William a choisi un cursus plus proche de sa troisième matière d’examen, à savoir…
… l’histoire de l’art: William a tout de même eu un B en art (5). Mais son intérêt pour la géographie l’a finalement emporté et au bout de deux ans, le prince a changé de cap pour entreprendre des études dans cette filière. Cette formation initiale interrompue a néanmoins servi.
C’est en effet au cours de celle-ci que le prince William a fini par tomber amoureux de sa camarade d’études Kate Middleton qui, comme lui, s’était inscrite en histoire de l’art à l’université de St Andrews – mais qui, contrairement à lui, a terminé le cursus.
Cette fille d’entrepreneurs a eu les notes qu’il fallait: elle a obtenu son A-level avec un A (6) en mathématiques et en arts et un B (5) en anglais.
La duchesse Meghan était elle aussi considérée comme une élève assidue, même si ses résultats au SAT – le test utilisé pour l’admission aux universités américaines – n’ont pas été transmis. Dans tous les cas, elle a eu des notes suffisamment bonnes pour s’inscrire à l’université Northwestern à Evanston, dans l’Illinois.
Elle y a non seulement brillamment étudié le théâtre et les relations internationales, mais elle a également acquis des connaissances dans une deuxième langue étrangère, l’espagnol. Elle avait déjà appris le français à l’école.
Son mari, le prince Harry, était moins curieux à l’école. Contrairement à son frère – et à la plupart des autres diplômés anglais du A-level –, il n’a choisi que deux matières pour une formation approfondie: l’art et la géographie.
L’ancien prince fêtard a tout de même eu un B (5) en art, mais seulement un D (3) en géographie. Harry a néanmoins brillé en sport, notamment dans les équipes de polo, de cricket et de rugby de son école. C’est donc logiquement qu’après son année sabbatique, il n’est pas allé à l’université, mais directement à l’armée.
Le prince Charles aurait tant aimé aller à l’école comme ses fils plus tard à Eton. Mais son père, le prince Philip, a insisté pour envoyer l’héritier du trône à Gordonstoun, un internat réputé pour sa rigueur qu’il avait lui-même fréquenté. Une période que Charles aurait décrite un jour comme une «peine de prison».
Lors de ses examens finaux, Charles a pourtant obtenu des résultats passables: il s’en est sorti avec un C (4) en français et un B (5) en histoire, sa discipline ultérieure à Cambridge.
La princesse Diana a eu beaucoup de mal à l’école: dans le livre «Diana, chronique intime», la biographe Tina Brown la décrit comme une «élève moyenne» qui, malgré ses aptitudes en sport, manquait de «curiosité intellectuelle».
En réalité, Diana a été recalée deux fois aux examens finaux en 1977. Par la suite, elle n’a tenu que trois mois à l’institut Alpin Videmanette de Rougemont (canton de Vaud).
La princesse Eugenie s’est décrite autrefois comme une élève plus travailleuse qu’intelligente – un doux euphémisme, puisque la cousine du prince Harry et du prince William a tout de même obtenu d’excellentes notes.
Eugenie a eu un A – la note maximale – en art et en littérature et un B (5) en histoire de l’art. Pourtant, sa candidature à l’université de Newcastle a été initialement rejetée. Ce n’est que lorsque son identité a été reconnue qu’elle a été autorisée à commencer ses études en littérature, en histoire de l’art et en politique.
Sa sœur, la princesse Beatrice, n’a pas non plus à rougir de son examen de maturité: elle a obtenu un A (6) en art dramatique et un B (5) en histoire et en cinéma. Elle a ensuite poursuivi des études en histoire et en histoire des idées, qu’elle a achevées avec succès en 2011.
Et la reine? Elle n’a pas de certificat de maturité – ni quoi que ce soit d’équivalent. Comme elle n’est jamais allée à l’école, Elisabeth II n’a jamais eu à passer d’examen. Au lieu de cela, elle a été préparée à son futur rôle chez elle.
Cependant, il ne faut pas commettre l’erreur de la sous-estimer: «La reine était et est toujours très intelligente et curieuse», atteste la biographe Kate Williams. Selon cette dernière, elle fait preuve d’un esprit analytique et d’une mémoire extrêmement nette qui lui ont permis d’embarrasser un certain nombre de Premiers ministres.
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