France Cynthia Sardou parle de sa résilience après le viol collectif qu’elle a subi

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4.3.2019

Cynthia Sardou avec son père, le chanteur et acteur français Michel  Sardou.
Cynthia Sardou avec son père, le chanteur et acteur français Michel  Sardou.
Facebook / Cynthia Sardou

Victime d’un viol collectif en 1999, Cynthia Sardou a décidé de briser le silence. Vingt ans après, la fille du célèbre chanteur a en effet témoigné lors d'une conférence du drame qu’elle a vécu. Un très profond traumatisme, suivi d’une difficile reconstruction, dont elle s’est servie pour devenir encore plus forte.

C’était la nuit du 24 décembre 1999 que le drame s’est joué. Agressée puis enlevée, Cynthia Sardou, alors âgée de 26 ans, est violée par trois hommes. Comme le rapporte «Paris Match», elle a évoqué ce terrible événement lors d’une récente conférence en Normandie. Un épisode douloureux de sa vie qu’elle avait d’ailleurs mis par écrit en 2014, dans un livre intitulé «Une vie à reconstruire». Aujourd’hui, la fille du chanteur dit être finalement parvenue à surmonter ce traumatisme, à force de résilience, cette capacité à triompher des épreuves les plus compliquées.

La nuit qui a brisé sa vie

Ce soir de Noël 1999, elle quitte les bureaux de Canal+, la chaîne pour laquelle elle travaille alors en tant que journaliste. C’est à ce moment que trois hommes, sortis de nulle part, profitent de l’obscurité pour se jeter sur elle. «J’ai senti des bras qui m’agrippaient dans le noir. Quelques instants plus tard, des hommes m’emportaient en voiture, un capuchon sur la tête, un couteau sous la gorge», se souvient-elle. Après l’avoir enlevée, ils la violent pendant plusieurs heures, et la laissent seule sur un terrain vague dans la banlieue parisienne, rapporte «Le Parisien».



«Je ne suis plus la même»

Ce viol laisse chez la jeune femme une trace indélébile, il lui a arraché son «identité, (s)a personnalité», témoigne-t-elle lors de la conférence. «Je ne suis plus la même que celle que j’étais». Pourtant, à force de courage et de patience, Cynthia a su, petit à petit, réapprendre à vivre. «Je viens simplement pour dire à tous ceux qui subissent des drames comme celui-là qu’on peut en sortir». Du traumatisme de cette agression, la jeune femme a même su tirer une nouvelle combativité. «Quelque chose au plus profond de moi s’est construit», at-t-elle assuré à son auditoire.

Comment s’en est-elle sortie?

Une résilience qui a notamment été possible grâce à l’aide qu’elle a reçue: «Le premier conseil que je peux donner, c’est d’accepter le plus vite possible de se faire aider, par sa famille, par ses amis. Mais ça ne suffit pas. Mes parents m’ont soutenue de leur mieux, mais au début, c’était trop violent. Ils ne savaient pas comment réagir. Et c’est normal. Il faut donc que des professionnels vous aident», recommande-t-elle aux victimes.

Car son père, Michel Sardou, l’a justement beaucoup épaulée en lui montrant un optimisme à toute épreuve: «Un soir, il m’a regardée tout au fond des yeux et il m’a dit: “Tu vas t’en sortir”», se souvient-elle. «C’est le plus important de tout: l’optimisme… C’est comme un muscle qui se travaille chaque jour, parce que chaque jour doit être vécu comme une seconde chance. En vérité, ce que je suis venue vous dire est donc très simple: le drame que j’ai vécu peut vous arriver à tous. Mais la façon dont je m’en suis sortie est aussi offerte à tous. Et aujourd’hui, je peux dire, qu’enfin, je n’ai plus peur».



Une peur qui s’estompe peu à peu, une nouvelle force qui grandit… Parmi les moyens qu’elles a trouvés pour refaire surface, les «portes de sorties qui (l)’ont sauvée», la marche, la lecture, mais surtout, un sport de combat. «J’ai pratiqué le kick-boxing à outrance. Je frappais pendant des heures dans un punching-ball pour que sorte cette colère. C’était à la mesure de ce qu’on m’avait fait».

«J’ai appris bien après le drame que deux sur trois étaient récidivistes»

Venue à cette conférence pour témoigner et redonner ainsi espoir aux victimes de viol, elle en a aussi profité pour souligner l’importance du traitement judiciaire de ces affaires. «D’abord, je pense qu’il faut lever à tout prix la prescription. Les victimes ont parfois besoin de temps et il faut le leur laisser. Ensuite, il faut une prise en charge psychologique systématique des agresseurs. Enfin, la France s’inquiète beaucoup de la réinsertion des agresseurs, alors que les structures de prise en charge des victimes restent très faibles, contrairement au Canada où vous avez partout des portes auxquelles frapper… », explique-t-elle.

«Le procès a aussi été une étape importante dans ma reconstruction. J’étais terrifiée par l’idée que mes agresseurs puissent recommencer. Aujourd’hui encore, je me dis que c’est sans doute pour ne pas prendre le risque de les recroiser un jour que je suis partie au Canada. J’ai appris bien après le drame que deux sur trois étaient récidivistes…».

Un traitement judiciaire des affaires de viols différents outre-Atlantique, c’est ce qu’a pu constater Cynthia, qui vit aujourd’hui au Canada. Après le drame, la jeune femme décide en effet de s’expatrier pour se reconstruire dans un endroit où elle n’est «plus considérée que comme la fille de Michel Sardou». Là-bas, quasi anonyme, elle dirige une société de communication. «Les gens voient simplement qui je suis et pas d’où je viens. Ça aussi, ça a contribué à ma réparation».

Les enfants des stars

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